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AUTOTOMIE

Rupture volontaire d'un appendice (patte ou queue) à la suite d'une brusque pression assez intense. Une sauterelle, saisie par sa patte postérieure, la détache tout entière et s'enfuit ; un lézard, attrapé par sa longue queue, la brise et l'animal mutilé s'échappe. Ce phénomène d'autotomie est un comportement inné, un réflexe de conduite ; il est connu chez les crabes, les phalangides, les pycnogonides, des chilopodes (Lithobius, scutigère), les blattes, les phasmes, les orthoptères, les tipules, des échinodermes (crinoïdes, holothuries, astéries, ophiures), les lézards.

Ce réflexe est déterminé par une pression assez forte pour exciter certains récepteurs tégumentaires. La rupture résulte d'une contraction musculaire rapide qui brise l'organe en une zone de moindre résistance : l'autotomie est préparée par la structure. La queue du lézard est traversée à intervalles réguliers par des plans d'autotomie, septums concaves vers l'avant coupant toutes les parties molles et le milieu des vertèbres ; devant chaque plan, l'artère caudale porte un sphincter et la veine caudale présente une constriction ; ainsi aucune hémorragie n'est possible lors du sectionnement. L'autotomie de la patte des arthropodes s'effectue dans les mêmes conditions ; la contraction des muscles qui attachent le trochanter à la paroi thoracique est si brutale qu'elle provoque la rupture du membre à sa base en une zone de moindre résistance, préexistante. Dans ce cas, le centre nerveux responsable du réflexe se tient au niveau du troisième ganglion thoracique. Les plus compliquées de ces réactions restent d'authentiques réflexes dont l'intégration dans une conduite d'ensemble n'apparaît pas clairement. On les considère parfois comme un moyen de défense ; mais, si elles sauvent l'individu une fois, elles constituent un handicap plus ou moins important pour l'avenir.

Dans certaines espèces (lézard, pycnogonides), l'autotomie est suivie de régénération. Mais dans certains cas, la régénération détruit les conditions anatomiques locales dont dépend l'autotomie ; elle ne se produit alors qu'une fois. Chez la sauterelle, la régénération des pattes autotomisées ne s'effectue pas. Quelques rongeurs (Apodemus, Peromyscus) possèdent une propriété analogue à l'autotomie : leur longue queue perd aisément son fourreau cutané sous l'action d'une faible traction ; l'animal est ainsi libéré. L'axe vertébral à nu se dessèche et tombe ; le moignon se cicatrise. Ce phénomène semble ne se produire qu'une fois, mais il n'est pas rare.

— Andrée TÉTRY

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Écrit par

  • : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie

Classification

Pour citer cet article

Andrée TÉTRY. AUTOTOMIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARACHNIDES

    • Écrit par Christine ROLLARD
    • 3 671 mots
    • 12 médias
    ...oscillatoires très rapides et réguliers, qui les rendent pratiquement invisibles et difficiles à capturer. Toutes les araignées ont également la faculté d’autotomie, c’est-à-dire qu’elles peuvent se séparer volontairement d’une de leurs pattes si celle-ci est saisie (régénération possible à la mue suivante)....
  • MALACOSTRACÉS

    • Écrit par Jacques FOREST
    • 10 025 mots
    • 9 médias
    Beaucoup de crustacés ont la faculté de perdre un ou plusieurs appendices et de les reconstituer par la suite.Chez de nombreux décapodes, l'amputation est souvent spontanée et prend le nom d'autotomie. La rupture ne se produit pas à une articulation, mais au milieu d'un article, à un...
  • ORTHOPTÈRES ET DERMAPTÈRES

    • Écrit par Robert GAUMONT
    • 3 995 mots
    • 8 médias
    L'autotomie des pattes postérieures est extrêmement fréquente chez les orthoptères, aussi bien chez les ensifères que chez les criquets, mais la régénération semble tout à fait impossible. Chez les phasmes (Phasmatodea), l'autotomie se produit toujours en un point bien déterminé situé entre...
  • RÉGÉNÉRATION ET CICATRISATION

    • Écrit par Alan H. CRUICKSHANK, André PARAF, Catherine ZILLER
    • 6 119 mots
    La régénération spontanée se fait aussi après autotomie, mécanisme de défense d'un animal attaqué qui se débarrasse d'un appendice pour fuir et le régénère ensuite (pince du crabe, queue du lézard).

Voir aussi