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RADIOASTRONOMIE

Mécanismes d'émission

Le but de la radioastronomie, comme celui de l'astronomie en général, est de déterminer les conditions physiques existant à l'intérieur des sources de rayonnement (température, densité, champ magnétique, etc.), de manière à mieux comprendre les phénomènes qui s'y déroulent. Pour cela, il faut essentiellement comprendre, qualitativement et quantitativement, les mécanismes par lesquels les ondes radio y prennent naissance. Ces mécanismes sont nombreux, et la difficulté sera souvent, après avoir déterminé par l'observation les caractéristiques d'une source, de préciser lequel d'entre eux intervient dans chaque cas particulier.

En ce qui concerne le rayonnement continu (sans fréquences privilégiées), les mécanismes d' émission des ondes radio sont, en général, très différents de ceux qui donnent naissance aux ondes lumineuses. Ces dernières proviennent surtout de milieux relativement denses. En revanche, ce sont les gaz dilués et fortement ionisés, appelés également « plasmas », qui constituent le plus souvent les sources d'ondes radio (cf. plasmas).

Les mécanismes naturels de rayonnement se groupent en deux types :

– Les émissions thermiques, dans lesquelles l'énergie rayonnée est empruntée à l'énergie d'agitation thermique des particules du milieu, surtout des électrons. Tous les corps solides, liquides et gazeux émettent ainsi des ondes radio : on a ainsi observé l'émission thermique du Soleil, de la Lune, des planètes et de certains satellites naturels, des astéroïdes et de certaines étoiles. Si le corps émetteur est opaque aux ondes radio, sa surface émet en général en radio comme un corps noir s'il n'est pas réfléchissant (métal), et l'intensité du rayonnement est donnée par la loi de Planck (cf. Émission thermique des solides et des gaz). Si le corps n'est pas opaque (c'est souvent le cas des gaz interstellaires), l'intensité du rayonnement est inférieure à celle qui est donnée par cette formule.

– Les émissions non thermiques, dans lesquelles l'énergie provient d'une autre source qui est soit l'énergie de certains électrons, accélérés au préalable jusqu'à des vitesses voisines de celle de la lumière (électrons « suprathermiques » et relativistes ; cf. Émissions de freinage magnétique [gyromagnétique et synchrotron]), soit l'énergie cinétique contenue dans un jet d'électrons, soit encore l'énergie cinétique d'ensembles d'électrons oscillant dans le plasma. Dans ces cas, l'énergie rayonnée sous forme d'ondes n'est plus limitée par la température de la source mais par la source de l'énergie : elle peut donc être beaucoup plus grande. Les émissions non thermiques sont particulièrement intéressantes à observer, car elles renseignent sur les sources de l'énergie elles-mêmes, telles que particules de haute énergie, jets de matière, oscillations de plasma, par exemple.

Émission thermique des solides et des gaz

Un corps solide porté à une température T (mesurée en kelvins) émet un rayonnement électromagnétique dont l'intensité est donnée par la loi de Planck (émission dite du corps noir, cf. thermodynamique) :

formule dans laquelle h et k sont les constantes de Planck et de Boltzmann, c la vitesse de la lumière et T la température de la source.

Dans le domaine radio, on a presque toujours hf ⪡ kT, et la formule de Planck peut prendre la forme simplifiée (celle de Rayleigh-Jeans) déjà citée :

Le rayonnement thermique est maximal de l'ultraviolet à l'infrarouge lointain pour les températures généralement rencontrées dans l'Univers, mais son intensité dans le domaine radio n'est pas négligeable. Si l'on connaît les dimensions de la source, il est possible, en inversant la formule précédente, de déduire[...]

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Pour citer cet article

André BOISCHOT et James LEQUEUX. RADIOASTRONOMIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Radiotélescopes - crédits : VMGROUP

Radiotélescopes

Spectre des ondes électromagnétiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Spectre des ondes électromagnétiques

Marin Ryle et la radioastronomie - crédits : Ron Case/ Hulton Archive/ Getty Images

Marin Ryle et la radioastronomie

Autres références

  • ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array)

    • Écrit par Pierre LÉNA
    • 2 129 mots
    • 5 médias

    Le 13 mars 2013, au cœur du désert d'Atacama, le radiotélescope A.L.M.A. (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array) a été inauguré, en présence de Sebastián Piñera, président de la République du Chili, et des représentants des trois grandes organisations astronomiques – issues...

  • ANTENNES, technologie

    • Écrit par Jean-Charles BOLOMEY
    • 5 197 mots
    • 7 médias
    ...adapté à de nombreuses situations : liaisons en vue directe par faisceaux hertziens (1945), liaisons transhorizons par diffusion troposphérique (1950), radioastronomie, techniques spatiales (1960). Ces dernières connaissent une évolution étonnante. À la retransmission de signaux de télévision, de communications...
  • ASTROCHIMIE

    • Écrit par David FOSSÉ, Maryvonne GERIN
    • 4 388 mots
    • 3 médias
    ...Pour reconnaître les atomes, les ions et les molécules présentes dans le milieu interstellaire, l'ensemble du spectre électromagnétique est exploité. Néanmoins, les radiotélescopes, comme ceux de l'Institut de radioastronomie millimétrique (Iram), sont particulièrement adaptés, car la plupart...
  • ASTROMÉTRIE

    • Écrit par Jean KOVALEVSKY
    • 6 512 mots
    • 9 médias
    Leprincipe de l'interférométrie est le même pour toutes les ondes électromagnétiques. Cependant, comme le pouvoir de résolution d'un interféromètre est de l'ordre de λ/D, où λ est la longueur d'onde, pour avoir une précision importante à des longueurs d'onde centimétriques,...
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Voir aussi