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PSYCHOPHARMACOLOGIE

La psychopharmacologie se consacre à l’étude des substances naturelles ou synthétiques dont l'effet principal s'exerce sur le psychisme. Pierre Deniker (1917-1998), qui en est l’un des fondateurs, la décrit comme « la science des agents chimiques capables d'influer sur l'état mental et sur le comportement ». Si le mot lui-même est employé pour la première fois dès la Renaissance dans un ouvrage de théologie, le Psychopharmakon, hoc est medicinaanimae (1548) de Reinhard Lorich, il n’accède à son acception actuelle qu’au début des années 1950.

C’est en effet à cette période que la psychopharmacologie prend son essor en tant que discipline scientifique à part entière. En 1952, les propriétés neuroleptiques de la chlorpromazine sont mises en évidence par les médecins français Henri Laborit (1914-1995), alors chirurgien de la marine nationale en poste au Val-de-Grâce, Jean Delay (1907-1987) et Pierre Deniker, psychiatres à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Cette molécule, synthétisée peu de temps avant par le chimiste Paul Charpentier est la première à réduire considérablement les symptômes de patients souffrant de maladies mentales, notamment de schizophrénie. Un premier article est publié en 1952 par l’équipe de Delay dans les Annales médico-psychologiques et l’usage de chlorpromazine se répand rapidement à travers le monde. Elle révolutionne la pratique de la psychiatrie et la prise en charge de certains malades : l’amélioration de leur état de santé rend possible leur sortie du champ asilaire dans lequel l’absence de possibilité thérapeutique les confinait.

Les années 1950-1960 sont considérées comme l’âge d’or de la psychopharmacologie, avec de nombreuses innovations. Peu de temps après la découverte de la chlorpromazine, plusieurs autres molécules majeures viennent en effet enrichir la pharmacopée : les antidépresseurs, tels que l’imipramine, mise sur le marché en 1957, changent fortement le devenir des patients souffrant de dépression sévère, et le lithium celui des personnes atteintes de trouble bipolaire. Les décennies suivantes sont marquées par d’autres avancées : une diversification des antidépresseurs avec l'apparition des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et le développement des antipsychotiques atypiques ; une meilleure compréhension des bases génétiques des réponses aux médicaments qui permet d’envisager des approches thérapeutiques plus personnalisées ; des recherches sur les psychédéliques (comme le LSD, la psilocybine ou la MDMA) afin d’étudier leurs effets thérapeutiques potentiels dans des troubles tels que la dépression, le stress post-traumatique et l'anxiété. Ces développements offrent ainsi l'espoir d’innovations et de nouvelles perspectives de compréhension du fonctionnement cérébral.

Située au confluent de la pharmacologie, de la psychiatrie et des sciences cognitives, la psychopharmacologie irrigue ces différents champs scientifiques.

Prescription d’un traitement psychotrope

La décision d’instaurer un traitement psychotrope spécifique se fonde tout à la fois sur les données cliniques et sur les propriétés pharmacologiques du traitement. L’intensité des symptômes, leur mode d’apparition aigu ou chronique et les conséquences fonctionnelles du trouble guident le clinicien dans le choix du traitement le plus approprié.

Avant de proposer un traitement psychotrope spécifique à un patient, le médecin examine un certain nombre d’éléments : présence de pathologies médicales générales pouvant contre-indiquer certains traitements, cooccurrence d’autres pathologies psychiatriques ou addictologiques, prise de médicaments qui pourraient interagir avec le traitement envisagé, antécédents de prise de traitements psychotropes et leur efficacité et tolérance, antécédents familiaux psychiatriques, bénéfices et risques[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités - praticien hospitalier (PU-PH), psychiatre, groupe hospitalo-universitaire AP-HP.Centre-université Paris Cité, hôpital Corentin-Celton, Institut de psychiatrie et neurosciences, Inserm 1266
  • : praticien hospitalier (PH), psychiatre, groupe hospitalo-universitaire AP-HP.Centre-université Paris Cité, hôpital Corentin-Celton

Classification

Pour citer cet article

Nicolas HOERTEL et Pierre LAVAUD. PSYCHOPHARMACOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABRÉACTION

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 419 mots

    Terme utilisé en psychiatrie et en psychothérapie et qui traduit l'allemand Abreagiren, mot inconnu sans doute avant Breuer et Freud. Dans le sens le plus général, l'abréaction désigne toute décharge émotionnelle qui permet à un sujet d'extérioriser un affect lié à un souvenir traumatique...

  • ANALEPTIQUES

    • Écrit par Marie-Christine STÉRIN
    • 189 mots

    Drogues qui ont une action stimulante sur le fonctionnement des différents appareils de l'organisme. Les plus connus des analeptiques sont ceux qui agissent sur le système cardio-vasculaire et ceux qui agissent sur le système nerveux (psycho-analeptiques).

    Les analeptiques cardio-vasculaires...

  • BARBITURIQUES

    • Écrit par A. M. HAZEBROUCQ
    • 1 036 mots

    Composés organiques dérivant de la malonylurée improprement appelée acide barbiturique en raison de la forme de ses cristaux « semblables à une lyre » (barbitos), les barbituriques constituent un groupe homogène tant sur le plan chimique que sur le plan pharmacologique. Leur action...

  • DELAY JEAN (1907-1987)

    • Écrit par Jean MÉTELLUS
    • 1 038 mots

    De sa naissance à Bayonne le 14 novembre 1907 jusqu'à sa tétralogie généalogique Avant mémoire, en passant par l'Académie de médecine et l'Académie francaise, chaque moment de la vie de Jean Delay a fait l'objet d'enquêtes, de réflexions, et tout n'a suscité qu'admiration. Delay a-t-il pu...

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Voir aussi