PSYCHOPHARMACOLOGIE
Anxiolytiques
Généralités
L'anxiété est une manifestation physiologique secondaire à un stress perçu ou à une menace. Elle devient pathologique lorsqu’elle perturbe de manière non négligeable la vie du sujet. En général, des symptômes somatiques s’associent alors aux peurs : gorge serrée, oppression thoracique, tremblements, palpitations, sueurs…
Trois types d'anxiété sont généralement distingués : l'anxiété symptôme secondaire à une pathologie non psychiatrique ou psychiatrique hors trouble anxieux, l'anxiété réactionnelle à un événement stressant, et l'anxiété survenant dans le cadre d’un trouble anxieux caractérisé (par exemple, le trouble anxieux généralisé). La prise en charge psychothérapique et les approches non médicamenteuses, telles que la relaxation ou la cohérence cardiaque, sont indiquées en première intention. Les traitements psychotropes peuvent cependant s’avérer nécessaires et consistent en la prescription de médicaments appartenant à la classe des anxiolytiques et des hypnotiques qui comprennent les benzodiazépines et apparentés benzodiazépines, la buspirone, l'étifoxine, l’hydroxyzine et la prégabaline.
Les benzodiazépines et molécules apparentées
Les benzodiazépines sont des molécules qui ont des propriétés anticonvulsivantes, anxiolytiques, myorelaxantes, hypnotiques, sédatives et amnésiantes. Elles favorisent l’action du GABA (acide γ-aminobutyrique), qui est l’un des principaux neurotransmetteurs inhibiteurs dans le cerveau. Les différentes molécules de cette classe se distinguent principalement par leurs caractéristiques pharmacocinétiques et leur métabolisme.
Les benzodiazépines sont indiquées, à titre non systématique, dans le traitement symptomatique, en cure courte, de l’anxiété s’intégrant à un trouble psychiatrique caractérisé, et la prévention et le traitement du delirium tremens. La durée de traitement doit être la plus brève possible et la durée de prescription est limitée à quelques semaines. Ces traitements exposent à un risque de dépendance, de troubles mnésiques, de confusion, de chute, et d’accident de la voie publique. Le lien entre la prise de ces traitements et le risque de développer une démence est encore discuté. L’arrêt trop brutal après une longue période d’exposition peut être à l’origine d’accidents de sevrage avec phénomène de rebond de l’anxiété.
Autres thérapeutiques anxiolytiques
Les autres thérapeutiques anxiolytiques (hydroxyzine, étifoxine, buspirone, prégabaline) sont généralement de moindre efficacité, mais n’exposent pas au risque de dépendance. L’hydroxyzine possède des propriétés antihistaminiques qui lui donnent une valence sédative, voire anxiolytique. Elle peut être prescrite en cas de contre-indication aux benzodiazépines ou en présence de facteurs de risque de dépendance. La buspirone est un agoniste partiel des récepteurs 5-HT1A. Son efficacité est observée dix jours à quatre semaines après son instauration. Ses effets secondaires les plus fréquents sont les nausées et les étourdissements. Enfin, la prégabaline peut être indiquée dans le trouble anxieux généralisé, généralement en association avec un traitement antidépresseur.
Les thérapeutiques anxiolytiques contre les troubles du sommeil
Différentes classes médicamenteuses sont utilisées dans les troubles du sommeil. Le zolpidem et la zopiclone sont des apparentés benzodiazépines au mode d’action légèrement différent des benzodiazépines classiques. Le zolpidem est considéré comme un stupéfiant, à la suite de nombreux cas de mésusage (utilisation à visée de désinhibition). Enfin, la mélatonine est indiquée dans l’insomnie primaire du sujet âgé.
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Écrit par
- Nicolas HOERTEL : professeur des Universités - praticien hospitalier (PU-PH), psychiatre, groupe hospitalo-universitaire AP-HP.Centre-université Paris Cité, hôpital Corentin-Celton, Institut de psychiatrie et neurosciences, Inserm 1266
- Pierre LAVAUD : praticien hospitalier (PH), psychiatre, groupe hospitalo-universitaire AP-HP.Centre-université Paris Cité, hôpital Corentin-Celton
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