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PHÉNOMÉNOLOGIE DE L'ESPRIT, Georg Wilhelm Friedrich Hegel Fiche de lecture

Friedrich Hegel - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

Friedrich Hegel

Une des œuvres les plus difficiles et les plus diversement interprétées de G. W. F. Hegel (1770-1831), la Phénoménologie de l'esprit (1807), ne peut être abordée sans guides sûrs. S'agit-il, en effet, d'un préambule au système ou bien, déjà, d'une première version du système soit « la forme que prend l'édifice total – connaissance et action – qui cherche à rendre compte de l'expérience » (P. J. Labarrière) ? L'œuvre est-elle achevée et cohérente, ou non ? Ces questions ne relèvent pas seulement de l'interprétation érudite. Elles conditionnent l'approche de l'œuvre.

L'Absolu comme sujet

Hegel part des difficultés que, selon lui, la philosophie critique de Kant n'a pu résoudre : sujet et objet demeurent irrémédiablement séparés, si bien que le sujet reste simplement à l'extérieur de l'être. Réconcilier savoir et absolu, telle est la tâche qu'il se donne. Il faut donc dépasser le strict point de vue de la représentation afin de penser, de façon organique, les rapports entre pensée et être. « Le vrai est le tout. Mais le tout n'est que l'essence s'achevant par son développement. » De même, les figures de la conscience (de la plus immédiate à la plus complexe, de la « certitude sensible » au « savoir absolu ») ne sont que les moments d'un processus total, englobant, qui, seul, est vrai. Cette totalité est à penser en tant que « système » – « le savoir n'est effectif et ne peut se trouver présenté que comme science ou comme système » – et non pas comme agglomérat de figures juxtaposées selon des modalités extérieures à leur propre devenir. « Appréhender et exprimer le vrai non comme substance, mais précisément comme sujet », tel est le projet que Hegel définit dans la Préface au livre, écrite après sa rédaction. Le sujet dont il est ici question n'est pas celui, empirique ou transcendantal, de la représentation (le moi), mais l'Absolu lui-même. La Phénoménologie de l'esprit se veut donc l'auto-déploiement de la vérité se révélant progressivement dans l'élément de la conscience. Il est important de souligner que les diverses figures de la conscience ne se déploient pas de façon linéaire ou mécanique mais selon un mouvement négatif (négativité) qui est au cœur même de ce que Hegel appelle « dialectique ». Chaque figure n'existe que par rapport à la précédente qu'elle nie, tout en conservant en elle ce qu'elle a de vivant. Figure qui, à son tour, sera dépassée en une autre, selon un mouvement qui est la totalité elle-même s'auto-déployant.

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Pour citer cet article

Francis WYBRANDS. PHÉNOMÉNOLOGIE DE L'ESPRIT, Georg Wilhelm Friedrich Hegel - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Friedrich Hegel - crédits : Fine Art Images/ Heritage Images/ Getty Images

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Autres références

  • ALIÉNATION

    • Écrit par Paul RICŒUR
    • 8 006 mots
    Dans la Phénoménologie de l'esprit, qui termine la phase des écrits de jeunesse et inaugure la série des grandes œuvres spéculatives, cette aliénation-malheur est incorporée au processus entier des figures par lesquelles doit passer la conscience humaine pour s'éduquer à la véritable vie de l'esprit,...
  • AUTRUI (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 534 mots
    ...pas véritablement le pas, ce que fera quelques années plus tard G. W. H. Hegel (1770-1831). Dans la fresque grandiose que dessine pour la première fois la Phénoménologie de l’esprit (1807), Hegel va décrire par quelles étapes est passée la conscience avant de parvenir à la reconnaissance de l’autre...
  • TRAVAIL/TECHNIQUE (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 2 943 mots
    ...société pour obtenir satisfaction. Un siècle avant Freud, le philosophe G. W. F. Hegel (1770-1831) avait superbement mis en scène cette évolution. Dans la Phénoménologie de l’esprit (1807), il recourt à une sorte de fable pour expliquer comment l’homme qui a dépassé sa peur de mourir dans le combat...
  • RELIGION (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 2 991 mots
    Dès 1807, dans la préface de sa Phénoménologie de l’esprit, Hegel trouve l’expression définitive de ses convictions rationalistes : « Puisque le sens commun fait appel au sentiment, son oracle intérieur, il rompt tout contact avec qui n’est pas de son avis ; en d’autres termes, il foule au...

Voir aussi