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PÉRUGIN (1448-1523)

« Perugino [...] è il meglio mastro d'Italia », écrit en 1500 Agostino Chigi, et il ne fait qu'exprimer une opinion répandue parmi les contemporains : c'est Pietro Vannucci, dit il Perugino, que le jeune Raphaël a choisi pour maître ; le pape, Ludovic le More, Isabelle Gonzaga font appel à lui ; il est si surchargé de travail qu'il a deux ateliers (botteghe), l'un à Pérouse, l'autre à Florence, et ses compatriotes se disputent la gloire de posséder ses œuvres. Mais c'est lui aussi que Michel-Ange juge avec sévérité et que Vasari critique sans indulgence. Sa mollesse et sa facilité lui seront maintes fois reprochées, et il deviendra le symbole d'une certaine fadeur de la sensibilité religieuse. Homme du Quattrocento finissant, il n'en a pas saisi ou n'a pas voulu en saisir toutes les audaces et s'est contenté d'être « le plus traditionnel des peintres modernes », comme le dit L. Venturi, qui ajoute immédiatement, il est vrai, « le plus moderne des peintres traditionnels ».

Peintre ombrien ou peintre de l'Ombrie ?

<it>Saint Sébastien</it>, Pérugin - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Saint Sébastien, Pérugin

Pérugin est né en Ombrie à Città della Pieve. Pérouse, la capitale, lui donne le surnom sous lequel il est connu. C'est là qu'il a son premier atelier ; il peint pour les nobles et les marchands de la ville, pour les moines de Saint-Pierre et ceux de Saint-Augustin ; les magistrats le chargent de la décoration du Collegio del cambio ; les dernières années de sa vie s'écoulent dans sa petite patrie. Les noms des villes ombriennes jalonnent son existence : à Corciano, il représente l'Assomption, et à Panicale le martyre de saint Sébastien ; il travaille à Trevi (Santa Maria delle Lacrime), à Spello (Santa Maria Maggiore), à Fontignano et à Montefalco.

L'Ombrie n'est cependant pas seulement le lieu de son activité ; elle est plus encore sa peinture même. Les paysages de Pérugin, avec leurs « ciels d'or luisants » sur lesquels se détachent des personnages doucement extasiés, ont formé pour toujours l'image d'une Ombrie de convention qui s'identifie au peintre qui porte le nom de sa capitale.

Mais les campagnes de Giotto, plantées de petits cyprès durs et d'oliviers légers, les villes de Benedetto Bonfigli, avec leurs palais carrés et « l'entassement des cubes et des tours », ne sont-elles pas plus proches de la réalité que les rochers bleutés, les saules dorés et les eaux courantes – plus rêvés que vécus – de Pérugin ? La vérité de la douce Ombrie, c'est aussi l'architecture austère de Spolète et de Gubbio, les cités déchirées par les factions rivales, la leçon exigeante d'un saint François d'Assise. L'Ombrie serait-elle prisonnière de Pérugin et le peintre ne souffrirait-il pas d'être enfermé dans les étroites frontières d'une province ?

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Pour citer cet article

Noëlle de LA BLANCHARDIÈRE. PÉRUGIN (1448-1523) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Saint Sébastien</it>, Pérugin - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Saint Sébastien, Pérugin

<em>Madone à l’enfant</em>, Pérugin
 - crédits : Courtesy National Gallery of Art, Washington

Madone à l’enfant, Pérugin

Autres références

  • CARPACCIO VITTORE (1460 env.-1526)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 2 779 mots
    • 7 médias
    ...et ont donné lieu à des réactions diverses. Celle de Carpaccio s'explique mieux si l'on tient compte, selon la suggestion de P. Zampetti, d'œuvres comme La Remise des clefs à saint Pierre, peinte en 1481 par Pérugin à la chapelle Sixtine, ou Les Funérailles de saint Bernardin, de Pinturicchio, à l'église...
  • PINTURICCHIO BERNARDINO DI BETTO dit (1454-1513)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 513 mots

    Pinturicchio travaillait à Pérouse avec Pérugin, lorsque Sixte IV, en 1481, appela celui-ci à participer au décor de la chapelle Sixtine, avec Luca Signorelli, Botticelli, Ghirlandaio, et Cosimo Rosselli, assisté de Piero di Cosimo. Pinturicchio y fait ses débuts sous la direction...

  • RAPHAËL (1483-1520)

    • Écrit par Vincenzo GOLZIO
    • 3 565 mots
    • 9 médias
    ...baignant dans une lumière voilée ; les fins arbustes stylisés et délicatement calligraphiés qui se profilent contre le ciel sont traités à la manière de Pérugin. Avec ces trois Madones, Raphaël atteint à une expression parfaite de la beauté féminine ; les visages d'un pur ovale encadrés de chevelures blondes...

Voir aussi