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PERCIER CHARLES (1764-1838) & FONTAINE PIERRE FRANÇOIS (1762-1853)

<it>Palais et maisons de Rome</it> - crédits : Charles Plante Fine Art,  Bridgeman Images

Palais et maisons de Rome

L'amitié des deux architectes Percier et Fontaine, favoris des Bonaparte, date de leurs années d'études passées dans les ateliers des meilleurs architectes de la fin du xviiie siècle. Après des débuts modestes chez A. F. Peyre, Pâris et Chalgrin, Percier et Fontaine s'imposent par leur talent dans les classes de l'Académie royale (Fontaine chez Heurtier, Percier chez David Leroy) où, en 1785 et 1786, ils obtiennent respectivement le second et le premier grand prix d'architecture. Fontaine accompagne son ami lors du séjour romain accordé au lauréat et les deux architectes se passionnent pour les monuments de l'Antiquité qu'ils reproduisent dans de merveilleux dessins, source future de leur inspiration commune. Fontaine rentre le premier à Paris (1790), tandis que Percier, qui a fait le détour par Naples et le midi de la France, retrouve, en 1791, une capitale peu propice aux grands travaux. La protection de leur ancien maître P. A. Pâris leur vaut de collaborer aux décorations de la scène de l'Opéra. Ils fondent une école d'architecture ; Percier, conquis par l'idéal révolutionnaire, participe à la Commune des arts et assiste Alexandre Lenoir dans la création du musée des Monuments français, se familiarisant ainsi avec l'architecture du Moyen Âge et de la Renaissance envers laquelle se manifestait un regain d'intérêt. Une première publication, Palais et maisons de Rome (1798), attire l'attention du public ; la haute société bourgeoise du Directoire commande aux deux architectes maintes décorations d'appartements et d'hôtels, si bien qu'ils peuvent publier, en 1801-1802, un recueil, Plans, coupes, élévations des plus belles maisons et hôtels construits à Paris et dans ses environs, qui leur assure une grande notoriété. Soucieuse de devancer la mode, Joséphine de Beauharnais introduit les deux amis dans l'entourage de Bonaparte. Percier et Fontaine, nommés architectes des palais du Premier et du Deuxième consul (1801), vont poursuivre une carrière exclusivement officielle que les titres successifs d'architecte des palais impériaux (1804) et de premier architecte (1813), dévolus à Fontaine, apparentent à une surintendance des arts de l'Empire. Charge indépendante et même opposée, dans sa doctrine, à la tutelle sévère du Conseil des bâtiments civils. Si le style de Percier et de Fontaine, souvent assimilé au style Empire, est très loin d'en résumer toutes les tendances, son originalité et sa constance dans le domaine des arts décoratifs dominent toutes les entreprises destinées à la cour. L'Empereur, soucieux de faire éclater son prestige, soucieux plus encore d'œuvrer avec économie, laisse peu de liberté à ses architectes dont les travaux seront consacrés, en priorité, à l'aménagement d'anciennes demeures. Ainsi naîtront ces suites d'appartements à la Malmaison, à Saint-Cloud, aux Tuileries, au Louvre (définitivement transformé en musée), à Compiègne et à Fontainebleau, où les architectes, avec la collaboration de maîtres d'œuvre habiles (par exemple, le menuisier Jacob), créèrent des modèles qui seront diffusés dans toute l'Europe. L'admiration de Percier et de Fontaine pour l'Antiquité, sensible dans les moindres détails de leurs décorations, se manifeste avec éclat dans l'arc de triomphe du Carrousel (1808), tandis que de nouveaux projets laissent apparaître l'influence grandissante de la Renaissance italienne. Tels sont les dessins des façades d'immeubles des rues de Rivoli et de Castiglione à Paris et, plus encore, les imposants projets pour le palais du roi de Rome qui devait être construit sur la colline de Chaillot (1811-1813). Dans ces œuvres, les architectes renouaient, pour la première fois, avec la mégalomanie qui caractérisait les projets de l'Académie où ils s'étaient formés. Ce palais, dont la construction fut enfin décidée en 1812, s'intégrait dans un ensemble d'urbanisme colossal. Le[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Sorbonne, directeur du centre Ledoux

Classification

Pour citer cet article

Daniel RABREAU. PERCIER CHARLES (1764-1838) & FONTAINE PIERRE FRANÇOIS (1762-1853) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Palais et maisons de Rome</it> - crédits : Charles Plante Fine Art,  Bridgeman Images

Palais et maisons de Rome

Autres références

  • ARCHITECTURE (Matériaux et techniques) - Fer et fonte

    • Écrit par Henri POUPÉE
    • 4 357 mots
    • 6 médias
    ...n'a pas été négligeable. La galerie la plus connue, antérieure à celles de Bruxelles, de Milan ou de Moscou, a été celle du Palais-Royal à Paris, où Fontaine, en 1829-1833, établit un plafond bombé entièrement transparent. L'intérêt n'en est pas structural, mais plastique ; ces œuvres annoncent la disparition...
  • LOUVRE PALAIS DU

    • Écrit par Universalis, Daniel RABREAU
    • 2 037 mots
    • 7 médias
    ...grands travaux de construction. De 1802 à 1815, Dominique Vivant Denon est nommé à la tête du musée. Les architectes du palais impérial des Tuileries, Percier et Fontaine, réalisent successivement : l'arc de triomphe du Carrousel (1801-1806), l'achèvement des façades sur la cour Carrée (1801-1810), l'aménagement...
  • NÉO-CLASSICISME, arts

    • Écrit par Mario PRAZ, Daniel RABREAU
    • 8 074 mots
    • 13 médias
    ...que paraissent en France et en Angleterre des volumes qui codifient la décoration intérieure néo-classique, le Recueil de décorations intérieures de Charles Percier et Pierre François Léonard Fontaine (publié en livraisons depuis 1801 et en volume en 1812) et la Household Furniture de Thomas Hope...
  • PASSAGES, architecture

    • Écrit par Jean-François POIRIER
    • 7 088 mots
    ...édifice provisoire, né du triomphe de l'esprit bourgeois, ne sera détruit qu'en 1828 et cédera la place à la galerie d'Orléans, construite en 1829 par Fontaine ; galerie luxueuse, froide et austère qui ne connaîtra pas la même animation que les galeries de bois ; le public lui préfère déjà les grands...

Voir aussi