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OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)

Coopération trilatérale et nouvelles incertitudes

En fait, rien n'était réglé. La désintégration monétaire pouvait être un cancer pour les démocraties industrialisées, comme la hausse brutale des prix du pétrole semblait le suggérer. En même temps, dans le contexte de parité nucléaire prévalant, les conceptions stratégiques de l'O.T.A.N. restaient insatisfaisantes. Pourtant, divers facteurs contribuèrent à détourner durant quelques années l'attention des alliés. D'un côté, ceux-ci allaient être confrontés à toutes sortes de nouvelles difficultés. La guerre gréco-turque à propos de Chypre (été 1974) mit l'accent sur une rivalité qui avait déjà failli maintes fois mettre le flanc sud-est de l'Alliance en danger. Furieuse de l'attitude des Américains, la Grèce, qui renouait avec la démocratie, sortit provisoirement de l'armée intégrée (en 1980, elle devait la réintégrer, mais le gouvernement socialiste arrivé au pouvoir en 1981 allait soumettre la question à un nouvel examen). La Turquie fut, de son côté, ulcérée par l'embargo que le « lobby grec » au Congrès réussit un temps à faire imposer sur l'aide militaire qui lui était destinée.

Tranchée au Vietnam - crédits : Hulton-Deutsch/ Corbis Historical/ Getty Images

Tranchée au Vietnam

Mais déjà, au Portugal, la « révolution des œillets » avait soulevé un autre type de difficultés : l'accession éventuelle des communistes au pouvoir dans certains pays membres. À partir de la fin de 1975, Henry Kissinger et Gerald Ford devaient proclamer vigoureusement leur hostilité à une telle éventualité, plausible non seulement au Portugal mais désormais en France et en Italie. À cette époque aussi, de graves divergences commençaient à opposer les Américains aux Allemands et aux Français à propos des exportations nucléaires. En sens inverse, il est vrai, certains des grands problèmes de l'Alliance parurent s'atténuer au cours de ces années. D'abord, leur échec au Vietnam poussa les États-Unis à renouer étroitement avec les vieilles démocraties. Ensuite, sensible aux pressions de certaines élites américaines, rassemblées dans une « commission trilatérale » avec leurs homologues japonaises et européennes, Kissinger tempéra son unilatéralisme et peu à peu des compromis purent être élaborés, avec les Français en particulier. Tandis que ceux-ci renonçaient à leurs thèses sur le plan monétaire, en se ralliant en janvier 1976 aux accords de la Jamaïque (entrés en vigueur en avril 1978), les États-Unis acceptaient, après diverses péripéties, de renoncer à une confrontation brutale avec les producteurs de pétrole au profit d'une forme de « dialogue Nord-Sud », la conférence sur la coopération économique internationale tenue à Paris de janvier 1976 à juin 1977. Enfin, à partir de novembre 1975 (« sommet de Rambouillet »), des « sommets économiques » trilatéraux, réunissant les chefs d'État ou de gouvernement des principales démocraties industrialisées, seraient organisés chaque année. Le président français, qui refusait toujours d'assister aux sommets de l'Alliance à proprement parler, participerait pleinement à ces réunions qu'il avait lui-même préconisées.

Ces efforts de coopération aboutirent à un indéniable succès : au printemps de 1979, en dépit de leurs difficultés économiques, les Occidentaux concluaient sur un accord les négociations tarifaires lancées, en septembre 1973, à Tōkyō.

De plus, sous l'impulsion de l'administration Carter et au vu de la montée en puissance militaire de l'U.R.S.S., le Comité de défense de l'Alliance adoptait, lors du sommet atlantique des 30 et 31 mai 1978 à Washington, un programme de défense à long terme (sur quinze ans) prévoyant un accroissement des dépenses de défense des pays membres en termes réels de 3 % par an. Surtout, le 12 décembre 1979, les membres du Comité de défense approuvaient une « double décision[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur du journal Le Monde
  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • : directeur du Centre sur l'Amérique et les relations transatlantiques
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, André FONTAINE, Pierre MELANDRI et Guillaume PARMENTIER. OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) - crédits : Encyclopædia Universalis France

OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)

Blocus de Berlin, 1948 - crédits : National Archives

Blocus de Berlin, 1948

1945 à 1962. La décolonisation - crédits : Encyclopædia Universalis France

1945 à 1962. La décolonisation

Autres références

  • CRÉATION DE L'O.T.A.N.

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 201 mots
    • 1 média

    La création, à Washington, de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (O.T.A.N.) est une conséquence du constat de la séparation de l'Europe par ce que le Britannique Winston Churchill avait nommé, en 1946, un « rideau de fer ». Dix États d'Europe de l'Ouest (Belgique, ...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Le 11 août 2003, l'OTAN prend le commandement de la Force internationale d'assistance à la sécurité, l'ISAF, créée par les accords de Bonn en 2001, et étend progressivement sa présence à l'ensemble du pays jusqu'en 2006. Confrontée à la montée de l'insurrection, la coalition augmente graduellement...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...plus précisément de Belgrade, que souffle une nouvelle tourmente lorsque, en 1999, les exactions commises par l'armée et les milices serbes au Kosovo décident les forces de l'OTAN à bombarder la Yougoslavie (pendant près de trois mois) ; arrivent alors en Albanie près de 440 000 réfugiés. Selon...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande

    • Écrit par Georges CASTELLAN, Rita THALMANN
    • 19 516 mots
    • 6 médias
    ...sécurité de cinquante ans. L'accord ne put se faire. Or, dès le 15 août 1953, l'U.R.S.S. avait nettement souligné que l'inclusion de la République fédérale dans la C.E.D. etl'O.T.A.N. (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) rendrait une réunification allemande impossible. Ce qui était l'évidence.
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par Alfred GROSSER, Henri MÉNUDIER
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    Les accords de Paris stipulent notamment l'entrée de la République fédérale dans l'O.T.A.N. et la création de l'Union de l'Europe occidentale. L'importante Convention sur les relations entre les trois puissances et la république fédérale d'Allemagne constituait depuis lors le document essentiel...
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Voir aussi