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OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)

Problèmes du réarmement

Le premier problème auquel l'Alliance eut à faire face fut celui du réarmement. Ses membres redoutaient la répétition en Europe d'une guerre du type coréen. Face aux 175 divisions dont les services de renseignements créditaient alors l'U.R.S.S. et ses alliés, ils disposaient d'une douzaine de divisions tout au plus. La protection que conférait la bombe atomique américaine n'était que provisoire puisque, dès 1949, Moscou avait procédé à une première expérience atomique. Il s'agissait donc de rattraper le retard de l'Occident en armements classiques et en effectifs avant que l'U.R.S.S. eût rattrapé le sien dans le domaine nucléaire.

Un « comité de sages » (Jean Monnet, W. Averell Harriman, sir Eric Plowden) fut constitué, qui proposa à l'Alliance un réarmement qui conciliait les vues des militaires réclamant une centaine de divisions et celles des économistes ; ceux-ci faisaient valoir qu'il ne servirait à rien d'atteindre ce chiffre si le résultat devait être la destruction de l'équilibre économique et social des pays intéressés. La conférence de Lisbonne, en février 1952, sur la recommandation des « sages », se fixa pour objectif cinquante divisions en 1954 ; elle répartit les charges de l'infrastructure à établir.

Dès cette époque, il était clair que cet objectif ne pourrait être atteint sans appel à des contingents ouest-allemands. Or non seulement les accords de Potsdam de 1945 prescrivaient la démilitarisation indéfinie de l'ancien Reich, mais les autorités les plus qualifiées avaient solennellement déclaré, au moment de la conclusion du pacte atlantique, qu'il ne saurait être question de réarmer l'ennemi d'hier. Dès l'été de 1950, ces engagements étaient oubliés et les États-Unis convainquaient leurs alliés de se prêter à la levée d'unités allemandes. Seule la France s'y opposa, quelque temps, pour finalement déposer une contre-proposition sous la forme de la Communauté européenne de défense ( C.E.D.), qui aboutissait à créer une armée européenne, composée de contingents fournis par les six pays du futur Marché commun, intégrés au niveau de la division et placés sous l'autorité d'un embryon de pouvoir fédéral inspiré des institutions de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (C.E.C.A.).

Les alliés de la France se rallièrent à ce projet qui fit l'objet d'un traité signé le 27 mai 1952 ; mais, en France même, un large mouvement d'opinion unit contre le traité les adversaires de tout réarmement allemand à ceux d'une Europe intégrée où aurait disparu l'armée française. Les partenaires de la France au sein de la Communauté européenne ayant écarté à Bruxelles, en août 1954, une tentative de compromis présentée par Mendès France, l'Assemblée nationale rejeta, le 30, le projet de traité. Une crise s'ensuivit dans les relations entre la France et les États-Unis. Elle fut rapidement dénouée par la conclusion des accords de Paris (23 oct. 1954) qui prévoyaient l'entrée de l' Allemagne dans l'Alliance atlantique et son réarmement sous l'autorité de Saceur, étant entendu qu'elle s'engageait à ne pas fabriquer sur son sol d'armes atomiques, bactériennes ou chimiques, non plus qu'un certain nombre d'armements lourds.

Intervenant dans un climat international qui s'était fortement « dégelé » à la suite de la mort de Staline et de la conclusion des armistices de Corée et d'Indochine, ainsi que du traité d'État autrichien, le réarmement de l'Allemagne n'eut pas les effets explosifs que l'on pouvait craindre. Mais il entraîna la dénonciation des traités d'alliance conclus pendant la guerre entre l'U.R.S.S. d'une part, la France et le Royaume-Uni de l'autre, la création d'un « pacte de[...]

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Écrit par

  • : ancien directeur du journal Le Monde
  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
  • : directeur du Centre sur l'Amérique et les relations transatlantiques
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, André FONTAINE, Pierre MELANDRI et Guillaume PARMENTIER. OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord) - crédits : Encyclopædia Universalis France

OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique nord)

Blocus de Berlin, 1948 - crédits : National Archives

Blocus de Berlin, 1948

1945 à 1962. La décolonisation - crédits : Encyclopædia Universalis France

1945 à 1962. La décolonisation

Autres références

  • CRÉATION DE L'O.T.A.N.

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 201 mots
    • 1 média

    La création, à Washington, de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (O.T.A.N.) est une conséquence du constat de la séparation de l'Europe par ce que le Britannique Winston Churchill avait nommé, en 1946, un « rideau de fer ». Dix États d'Europe de l'Ouest (Belgique, ...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Le 11 août 2003, l'OTAN prend le commandement de la Force internationale d'assistance à la sécurité, l'ISAF, créée par les accords de Bonn en 2001, et étend progressivement sa présence à l'ensemble du pays jusqu'en 2006. Confrontée à la montée de l'insurrection, la coalition augmente graduellement...
  • ALBANIE

    • Écrit par Anne-Marie AUTISSIER, Odile DANIEL, Universalis, Christian GUT
    • 22 072 mots
    • 9 médias
    ...plus précisément de Belgrade, que souffle une nouvelle tourmente lorsque, en 1999, les exactions commises par l'armée et les milices serbes au Kosovo décident les forces de l'OTAN à bombarder la Yougoslavie (pendant près de trois mois) ; arrivent alors en Albanie près de 440 000 réfugiés. Selon...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande

    • Écrit par Georges CASTELLAN, Rita THALMANN
    • 19 516 mots
    • 6 médias
    ...sécurité de cinquante ans. L'accord ne put se faire. Or, dès le 15 août 1953, l'U.R.S.S. avait nettement souligné que l'inclusion de la République fédérale dans la C.E.D. etl'O.T.A.N. (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) rendrait une réunification allemande impossible. Ce qui était l'évidence.
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par Alfred GROSSER, Henri MÉNUDIER
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    Les accords de Paris stipulent notamment l'entrée de la République fédérale dans l'O.T.A.N. et la création de l'Union de l'Europe occidentale. L'importante Convention sur les relations entre les trois puissances et la république fédérale d'Allemagne constituait depuis lors le document essentiel...
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Voir aussi