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SCHLEMMER OSKAR (1888-1943)

L'une des plus fortes personnalités du Bauhaus, où il enseigne de 1920 à 1929, tout d'abord chargé des ateliers de sculpture et de peinture murale, puis de l'atelier de théâtre (1923). Malgré une formation classique de peintre à Stuttgart chez Adolf Hoelzel, au côté de Meyer-Amden, Schlemmer a su élargir le champ de sa réflexion à partir de considérations purement plastiques dérivant de l'étude du corps humain et de ses rapports avec l'espace. Il préconise la réduction du corps à des éléments simples : cercle, sphère, cylindre, cône, et à des lignes géométriques dont l'emplacement est fixé par des règles de composition (Homo, figure T, 1919-1920). Ses peintures, ses dessins, ses aquarelles constituent à eux seuls un essai d'intégration de la surface peinte à la totalité de l'architecture que concrétisent mieux encore les peintures murales réalisées au Bauhaus ou à Essen : tonalités claires, volumes simples, trouées lumineuses, concertation et rapports de formes vivantes (L'Entrée du stade, 1930 ; L'Escalier du Bauhaus, 1932). Dans ces œuvres, l'homme est toujours présent, il est même le foyer de l'espace qui s'organise autour de lui. Ces conceptions, conjuguées à un refus de l'émotion, de l'expressivité, sont plus nettes encore dans les recherches théâtrales que Schlemmer a menées presque exclusivement au Bauhaus. Dans une mise en scène dépouillée à la manière de Gordon Craig et d'Adolphe Appia qui exclut toute action de type romantique, Schlemmer organise des ballets-mimodrames où seul compte le jeu plastique des corps dans l'espace : « partir des positions du corps, de sa simple présence, de la position debout, de la marche ». Les costumes pour lesquels l'imagination de l'artiste se plie à la géométrie en exploitant la richesse des matériaux (métal, y compris le fil de fer qu'il employait pour ses sculptures), les masques, les jeux de lumière et de couleurs (dus surtout à Hirschfeld-Mack) dramatisent le décor schématique (Danse du métal, 1927) et les attitudes mécaniques issues de l'art de la marionnette (on retrouve ce thème chez Paul Klee, qui était au Bauhaus à cette époque). On retiendra, entre autres, le Ballet triadique (Triadisches Ballett), travaillé dès 1912 et présenté en 1922 (« Trilogie : danse, costume, musique »), Le Cabinet des figures (1922), la Danse des bâtons (1927), où chacun des gestes du danseur est amplifié par les longs bâtons blancs fixés à ses membres, les Danses d'expression (1926). « Aborder le monde comme s'il venait tout juste d'être créé », conseillait Schlemmer en 1929, mais il ne fut suivi que par Roman Clemens, son élève.

— Michel FRIZOT

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., École des hautes études en sciences sociales, Paris

Classification

Pour citer cet article

Michel FRIZOT. SCHLEMMER OSKAR (1888-1943) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BAUHAUS

    • Écrit par Serge LEMOINE
    • 4 461 mots
    • 6 médias
    ...dans une mise en scène de Kandinsky, montre que théâtre et ballet occupèrent aussi une grande place parmi les activités du Bauhaus. Sous la direction d' Oskar Schlemmer, la mise en scène et le décor tendaient vers l'abstraction : conception graphique des costumes, ordonnance claire et stylisée du déplacement...
  • CONSTRUCTIVISME

    • Écrit par Andréi NAKOV
    • 3 373 mots
    • 2 médias
    ...principe. Cette école des « arts et techniques » (et non « métiers » !) est l'œuvre d'un remarquable ensemble d'artistes et théoriciens : Kandinsky, Klee, Schlemmer, Moholy-Nagy, Gropius et Breuer essaient de former au Bauhaus les plasticiens et les stylistes de la nouvelle époque industrielle. La dichotomie...
  • DANSER SA VIE (exposition)

    • Écrit par Agnès IZRINE
    • 1 441 mots
    ...les avant-gardes seront fascinées par ces rythmes et la dynamique des lignes qui trouveront leur apogée dans le courant du Bauhaus dont l'Allemand Oskar Schlemmer est le chorégraphe attitré et son Ballet triadique (1922) l'œuvre emblématique. Ce corps mécanisé, « métrisé » pourrait-on dire, est...
  • FLOCON ALBERT (1909-1994)

    • Écrit par Joseph ABRAM
    • 1 054 mots

    Graveur, peintre, géomètre et écrivain, Albert Flocon est l'un des grands intellectuels humanistes du xxe siècle. Né le 24 mai 1909 à Köpenick, près de Berlin, sous le nom d'Albert Menzel, il se passionne très tôt pour le dessin, le théâtre et la littérature. Son père, qui dirigeait une usine...

Voir aussi