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OCCUPATION (France)

Unité et diversité de la Résistance

Le général Giraud - crédits : Fox Photos/ Hulton Archive/ Getty Images

Le général Giraud

En Afrique du Nord passée sous leur contrôle, les Américains choisissent d'écarter de Gaulle dont ils se méfient. Tenant compte de la force du vichysme, en particulier en Algérie, ils préfèrent d'abord miser sur l'amiral Darlan, qui s'y trouve de façon fortuite et qui prend le titre de Haut-Commissaire de France en Afrique, puis, après son assassinat le 24 décembre 1942, sur l'un des généraux les plus prestigieux de l'armée française, le général Giraud. Tout en affirmant son loyalisme à l'égard du Maréchal, Giraud, à peine évadé d'Allemagne (le 17 avril 1942), avait pris contact avec les Américains pour préparer un débarquement en France (en ignorant la Résistance intérieure et la France libre). Nommé commandant en chef civil et militaire, il obtient le ralliement de l'armée d'Afrique (116 000 hommes) au camp anglo-américain. Mais les relations entre giraudistes et gaullistes restent difficiles, même après la rencontre des deux chefs à Anfa (Casablanca) en janvier 1943, d'autant que Giraud ne rompt pas avec l'ordre vichyste. Le Comité français de libération nationale (C.F.L.N.) n'est créé sous leur double autorité que le 3 juin 1943 sous la pression des Alliés. Le partage du pouvoir dure peu. De Gaulle cantonne Giraud au commandement militaire, puis finit par l'écarter le 9 novembre. Il bénéficie du soutien de la Résistance intérieure dont il fait alors entrer les chefs au C.F.L.N. (Frenay, d'Astier, François de Menthon). La réussite gaulliste repose sur l'extraordinaire popularité du Général en France et sur la reconnaissance que les résistants, communistes compris, lui ont apportée.

Jean Moulin - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Jean Moulin

La Résistance connaît des changements décisifs. Le premier concerne son unification sous l'impulsion de Jean Moulin. Après la fusion des mouvements de zone Sud au sein des Mouvements unis de la Résistance (M.U.R.) en janvier 1943, Moulin parvient à constituer le Conseil national de la Résistance (C.N.R.) avec des représentants des mouvements des deux zones (M.U.R., O.C.M., Libération-Nord, Ceux de la Libération, Ceux de la Résistance, Front national), des courants politiques (P.C., socialistes, radicaux, démocratie chrétienne, droite), et des syndicats (C.G.T. et C.F.T.C.). Sa réunion à Paris, le 27 mai 1943 est pour lui une consécration. Mais il est en butte aux critiques des chefs des principaux mouvements qui réclament des moyens pour encadrer les maquis et admettent mal la remise en selle des partis. Ils ont accepté difficilement la nomination du général Delestraint comme chef de l'Armée secrète car cet officier ignorait tout de l'action clandestine et Frenay, qui avait été à l'origine de l'A.S., souhaitait en assurer le commandement. Les coupes sombres que fait la répression allemande alourdissent le climat. Delestraint est arrêté le 9 juin. C'est pour assurer son remplacement qu'est convoquée la réunion de Caluire, le 21 juin suivant, qui entraîna l'arrestation de Jean Moulin par la Gestapo de Lyon.

Le mouvement unitaire qui tend à rassembler les principales composantes de la Résistance derrière le général de Gaulle et ce qui est devenu désormais « la » France combattante tend à masquer la réelle diversification de ses ancrages sociaux et des formes organisées qu'elle prend. Le gaullisme de guerre coiffe la plupart des grands mouvements des deux zones, certains réseaux de renseignement nouvellement constitués (Gallia, Phratrie, Ajax, etc.), l'A.S., le Service national Maquis, la Délégation qui représente Londres en France. Cependant des tendances centrifuges affectent cet ensemble hétérogène. Le Mouvement de libération nationale (M.L.N.), qui regroupe en décembre 1943 les M.U.R. et des organisations de zone Nord comme Défense de la France, a des velléités d'autonomie par[...]

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Pour citer cet article

Jean-Marie GUILLON. OCCUPATION (France) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Appel à la résistance, juin 1940 - crédits : D.R.

Appel à la résistance, juin 1940

Le Comité national français à Londres, 1941 - crédits : Keystone-France/ Gamma-Keystone/ Getty Images

Le Comité national français à Londres, 1941

La voix de la France - crédits : Haywood Magee/ Picture Post/ Getty Images

La voix de la France

Autres références

  • ABETZ OTTO (1903-1958)

    • Écrit par Jean BÉRENGER
    • 332 mots

    Important dignitaire nazi, artisan dès avant 1933 d'une réconciliation franco-allemande en particulier avec Jean Luchaire et Fernand de Brinon, Otto Abetz eut pour rôle essentiel d'occuper, de 1940 à 1944, le poste d'ambassadeur d'Allemagne à Paris. Sa mission avait un double caractère qui dépassait...

  • AFFICHE ROUGE L'

    • Écrit par Stéphane COURTOIS
    • 2 508 mots
    • 2 médias

    En février 1944, une gigantesque affiche fut placardée dans les principales villes de France par les services de la propagande allemande. Sur un fond rouge se détachaient en médaillon les visages de dix hommes aux traits tirés, avec une barbe de plusieurs jours. En haut de l'affiche, on pouvait...

  • ARMISTICE DE 1940

    • Écrit par Guy ROSSI-LANDI
    • 935 mots
    • 1 média

    L'armistice franco-allemand signé à Rethondes le 22 juin 1940 par le général Huntziger et le général Keitel reste l'un des sujets les plus controversés de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. La « drôle de guerre » a pris fin le 10 mai 1940 avec l'invasion de...

  • ART SOUS L'OCCUPATION

    • Écrit par Laurence BERTRAND DORLÉAC
    • 7 408 mots
    • 2 médias
    Le 22 juin 1940, la convention d'armistice ratifiait la victoire de l'Allemagne nazie. Le 9 juillet 1940, le ministère de la Propagande du IIIe Reich donnait au vaincu un avant-goût du sort qu'il lui réservait : la France ne serait pas considérée comme une « alliée » mais jouerait en Europe...
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Voir aussi