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ARMISTICE DE 1940

Défaite de la France en 1940 - crédits : National Archives

Défaite de la France en 1940

L'armistice franco-allemand signé à Rethondes le 22 juin 1940 par le général Huntziger et le général Keitel reste l'un des sujets les plus controversés de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. La « drôle de guerre » a pris fin le 10 mai 1940 avec l'invasion de la Belgique et de la Hollande par l'armée allemande. Le 13 mai, le front français est rompu dans la région de Sedan. La capitulation de l'armée belge, le 28 mai 1940, aggrave encore sensiblement la situation de l'armée française. Le lendemain, Weygand, qui a remplacé Gamelin le 19 mai, adresse au président du Conseil, Paul Reynaud, un rapport dans lequel il envisage « l'éventualité d'une cessation des combats ». Désormais, deux camps vont se constituer et s'affronter parmi les responsables civils et militaires. Pour renforcer les partisans de la poursuite des combats, Paul Reynaud remanie son gouvernement, le 5 juin. En fait, l'entrée du général de Gaulle comme sous-secrétaire d'État à la guerre est compensée par la promotion de Paul Baudouin, sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères, et d'Yves Bouthillier, ministre des Finances, qui rejoignent très rapidement le camp de l'armistice. Le mot est prononcé pour la première fois le 12 juin, à Cangé, où le gouvernement s'est replié. Le lendemain, le maréchal Pétain s'y rallie ouvertement. Mais ce n'est qu'à Bordeaux, le 15 juin, que les deux thèses en présence s'affrontent avec éclat, au cours du Conseil des ministres. D'un côté, Paul Reynaud et une petite majorité du cabinet admettent que la bataille est perdue : les combats doivent cesser. Mais c'est le généralissime qui doit capituler : il n'est pas question d'un armistice, qui est un acte politique, contraire à l'accord franco-britannique signé par Paul Reynaud le 28 mars 1940. La capitulation n'interrompra pas les hostilités, et les pouvoirs civils seront transférés en Afrique du Nord — l'idée d'un réduit breton ayant été finalement abandonnée pour des raisons stratégiques. Weygand, soutenu par Pétain, rétorque qu'une capitulation est contraire à l'honneur de l'armée, même si c'est le gouvernement qui la commande ; il doute que la légitimité de Paul Reynaud, à la différence de celle d'un monarque, survivrait à sa fuite. Quant aux Anglais, ils n'ont guère participé à la lutte et leur défaite est imminente : d'ailleurs Baudouin soutient que Churchill, le 13 juin, a accepté que la France signe un armistice si sa flotte n'est pas livrée aux Allemands. Pour sortir de l'impasse où la discussion s'enlise, Chautemps, vice-président du Conseil et spécialiste des motions de compromis, suggère de ne demander à l'ennemi que les conditions d'un armistice, affirmant qu'elles seront de toute façon inacceptables. Le Conseil se rallie à cette transaction qui est soumise à Churchill. On ne connaît pas sa réponse car, le lendemain, au cours du dernier Conseil des ministres du gouvernement Reynaud, à 17 heures, le général de Gaulle téléphone de Londres une surprenante proposition d'union totale franco-anglaise, les deux pays ne faisant plus qu'un. Les ministres refusent d'en discuter, ne voulant pas réduire la France à l'état d'un dominion. Reynaud lève la séance et, sans qu'on en sache encore la cause exacte, sans doute par lassitude, démissionne. Le président Lebrun fait appel à Pétain pour lui succéder. Aussitôt, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Baudouin, fait demander aux Allemands par l'ambassadeur d'Espagne quelles seraient les conditions de la paix. Le 17 juin, Pétain déclare solennellement que la France doit cesser le combat. C'est Hitler qui n'accepte d'envisager que l'armistice. Après trois jours (20-22 juin) au cours desquels les négociateurs français discutent certaines clauses, en n'obtenant d'ailleurs[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences politiques, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris

Classification

Pour citer cet article

Guy ROSSI-LANDI. ARMISTICE DE 1940 [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

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Défaite de la France en 1940

Autres références

  • ART SOUS L'OCCUPATION

    • Écrit par Laurence BERTRAND DORLÉAC
    • 7 408 mots
    • 2 médias
    Le 22 juin 1940, la convention d'armistice ratifiait la victoire de l'Allemagne nazie. Le 9 juillet 1940, le ministère de la Propagande du IIIe Reich donnait au vaincu un avant-goût du sort qu'il lui réservait : la France ne serait pas considérée comme une « alliée » mais jouerait en Europe...
  • CHAUTEMPS CAMILLE (1885-1963)

    • Écrit par Armel MARIN
    • 554 mots

    Combattant volontaire de la Première Guerre mondiale, Camille Chautemps est avocat et maire de Tours à partir de 1919 et député radical-socialiste d'Indre-et-Loire de 1919 à 1928. Ensuite, député du Loir-et-Cher de 1929 à 1934, il devient sénateur et le reste jusqu'en 1940. Il inaugure sa carrière...

  • GAULLE CHARLES DE (1890-1970)

    • Écrit par Jean LACOUTURE
    • 7 663 mots
    • 18 médias
    ...Vansittart et que Churchill et Reynaud approuvent. Cependant, le 16 juin, à Bordeaux, le cabinet Reynaud cède la place au gouvernement Pétain-Laval qui ne cache pas son intention de rechercher au plus tôt l'armistice, se prévalant d'une autorisation prétendument accordée par Londres à ses alliés.
  • GAULLISME

    • Écrit par Serge BERSTEIN
    • 5 668 mots
    • 1 média
    Le gaullisme naît à l'histoire le 18 juin 1940 comme un réflexe patriotique de refus de l'armistice négocié par le maréchal Pétain, qui signifie l'acceptation de la défaite de la France, puis de l'asservissement que représenteront l'Occupation et la collaboration. À ce stade, le gaullisme est d'abord...
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Voir aussi