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FOSTER NORMAN (1935- )

Une architecture high tech

Certes, Foster a toujours refusé d'être assimilé au courant hightech ; c'est pourtant bien dans l'émergence collective de cette nouvelle sensibilité britannique qu'il a développé son talent, au sein d'une génération inspirée par les utopies futuristes, animée à la fin des années 1960 par le groupe Archigram. Ailleurs, leur mouvement n'aurait peut-être pas abouti aussi facilement, car en Angleterre la division traditionnelle entre ingénieurs (ou bureaux d'études) et architectes laisse à ceux-ci une responsabilité plus grande qu'ailleurs en Europe, leur permettant ainsi un contrôle plus long du processus de conception.

Norman Foster, qui affirme son parfait mépris pour les modes de dessin traditionnels, procède à de constants allers et retours entre la forme et la fonction, comme le font les designers industriels. Il réalise des croquis synthétiques, pour fixer les lignes de force du projet, pour préciser tel détail d'assemblage, et fait exécuter des dizaines de maquettes et de prototypes, auxquels il joint les possibilités de calcul et de visualisation offertes par les ordinateurs dont il est richement équipé. Il tente en outre de résoudre les problèmes que pose l'insertion des bâtiments modernes dans des sites urbains traditionnels : ainsi le Carré d'art à Nîmes, érigé (1993) avec bonheur dans un site historique où se dresse la Maison carrée, temple romain datant du ier siècle avant J.-C., qui témoigne du souci que Foster porte au contexte. Pour le lycée de Fréjus (1993), il réalise un long bâtiment vitré, couvert de voûtains en béton. En 1994, il est chargé de la rénovation du Reichstag, bâtiment néo-baroque construit à Berlin en 1894 par l'architecte Paul Wallot. Foster coiffe l'édifice d'une nouvelle coupole, bulbe de verre strié de cercles en acier permettant à la lumière de pénétrer largement dans l'édifice (1999). Pour le siège de la Commerzbank (1997) à Francfort-sur-le-Main, il réalise une tour écologique de 53 étages, qui allie efficacité énergétique et cadre de vie agréable. En 1995, Foster est lauréat du concours du viaduc enjambant le Tarn, près de Millau, à 300 mètres au-dessus de la vallée. Ce projet de pont haubané, achevé en 2004, a provoqué de vives controverses. Enfin, pour le centre de recherche et de développement de la firme coréenne Daewoo, à Séoul, Foster a livré en 1995 l'étude d'une tour à la silhouette affinée vers le sommet (166 m de hauteur, 95 000 m2 de bureaux). Pour le musée de Préhistoire des gorges du Verdon (Quinson, Alpes-de-Haute-Provence), inauguré en avril 2001, Norman Foster a conçu un bâtiment de deux étages qui se développe selon deux courbes opposées, bâtiment parfaitement intégré au paysage. Alliant technologie et tradition, le toit de l’extension de l’aéroport de Beijing (Chine, 2008) rappelle la forme dentée et les couleurs du dragon, symbole de la Chine. À l’occasion de Marseille-Provence 2013, l’architecte a imaginé sur le site du Vieux-Port une ombrière, construction en acier inoxydable poli caractérisé par son plafond miroir.

De nombreux prix lui ont été décernés, tels que la médaille d'or de l'Académie française d'architecture (1991), le prestigieux Pritzker Architecture Prize (1999), le prix Praemium Imperiale pour l’architecture (2002) et le prix Aga Khan d’architecture (2008).

— François CHASLIN

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François CHASLIN. FOSTER NORMAN (1935- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Londres: le pont du Millenium et la cathédrale Saint-Paul - crédits : joe daniel price/ Moment/ Getty Images

Londres: le pont du Millenium et la cathédrale Saint-Paul

Autres références

  • ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Une architecture plurielle

    • Écrit par Joseph ABRAM, Kenneth FRAMPTON, Jacques SAUTEREAU
    • 11 661 mots
    • 17 médias
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Voir aussi