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FOSTER NORMAN (1935- )

Une œuvre symbole : la Hong Kong and Shanghai Bank

Tandis qu'échouait, en 1977, son ambitieux projet de centre urbain « sous bulle » à Hammersmith, dans l'ouest londonien, dans lequel une immense structure translucide devait couvrir un espace public de 1,6 hectare, Norman Foster réalisait à Norwich, dans le campus de l'université d'East Anglia, un centre d'arts plastiques offert par sir Robert Sainsbury pour abriter sa collection de peinture. L'édifice se présente comme un large hall vitré sur ses deux pignons, « carrossé » d'une enveloppe à la finition parfaite supportée par une charpente blanche, et constituée de panneaux d'aluminium embouti ou de verre, en principe interchangeables. Le tout est posé sur une prairie.

Après la construction en 1983 d'un entrepôt, centre de pièces détachées, pour Renault à Swindon, dont l'étrange structure articulée, les mâts hérissés, les haubans et les couleurs vives créent un effet plus expressionniste, Foster achève en 1986 la Hong Kong and Shanghai Bank. Symbole du dynamisme financier de cette place britannique en territoire chinois, figurant d'ailleurs sur ses billets de banque, l'édifice passe pour la construction la plus onéreuse du xxe siècle. Gratte-ciel à la structure apparente, il est d'une hardiesse de conception inégalée. Il rompt radicalement avec l'esthétique lisse et dépouillée, en « boîte de verre », des tours de bureaux modernes. Norman Foster y a mis en œuvre son idéal de haute performance, y faisant concourir les industries de pointe du monde entier, et transférant au domaine du bâtiment des technologies venues d'autres univers, notamment de l'aéronautique et de la construction spatiale. Foster est parvenu à bâtir un édifice très étonnant, qui condense les qualités expressives des grands modèles de l'architecture d'ingénieurs du xixe siècle qui le hantent (la tour Eiffel, la serre tropicale de Decimus Burton dans les jardins de Kew, la galerie Victor-Emmanuel de Milan ou le Bradbury Building de Los Angeles) et certaines sources d'inspiration résolument contemporaines (capsules spatiales, plates-formes pétrolières, etc.).

Tout cela se fond en une écriture très retenue, claire et structurée, où les espaces sont parfaitement hiérarchisés, sans trop d'exhibitionnisme structurel, de chocs ou de tensions, sans cette expression dramatique qui marque les œuvres de Richard Rogers, par exemple au Centre Pompidou à Paris ou au siège des Lloyd's à Londres. Norman Foster, qui est un styliste incomparable, affirme souvent qu'il faut « ne rien cacher, ni montrer, mais intégrer ».

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Pour citer cet article

François CHASLIN. FOSTER NORMAN (1935- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Londres: le pont du Millenium et la cathédrale Saint-Paul - crédits : joe daniel price/ Moment/ Getty Images

Londres: le pont du Millenium et la cathédrale Saint-Paul

Autres références

  • ARCHITECTURE CONTEMPORAINE - Une architecture plurielle

    • Écrit par Joseph ABRAM, Kenneth FRAMPTON, Jacques SAUTEREAU
    • 11 661 mots
    • 17 médias
    ...par se manifester dans la forme construite. D'abord, et de façon un peu expérimentale, dans la fondation de Team 4 en 1963, ensuite plus nettement avec l'établissement par Norman Foster et Richard Rogers de bureaux séparés en 1967 ; enfin, avec l'association de Renzo Piano et Richard Rogers,...
  • MÉDIUM ET TECHNIQUE(arts)

    • Écrit par Jean-Pierre MOHEN
    • 1 117 mots
    ...architecture, des architectes contemporains comme Renzo Piano (dans sa conception, avec Richard Rogers, du Centre Georges-Pompidou à Paris, en 1977) ou Norman Foster (avec le réaménagement du British Museum à Londres, en 2000) gèrent leurs projets en combinant programmes informatiques et réalisations architecturales....
  • ROGERS RICHARD (1933-2021)

    • Écrit par François CHASLIN
    • 2 493 mots
    • 4 médias

    L'architecture anglaise est dominée par deux créateurs à la sensibilité très différente qui forment les deux pôles du courant high tech : Norman Foster, discipliné à l'extrême, rigoureux comme un ingénieur et soucieux de perfection plastique, et son ancien associé Richard Rogers, plus complexe, moins...

  • TOURS DE GRANDE HAUTEUR ou GRATTE-CIEL

    • Écrit par Élisabeth PÉLEGRIN-GENEL
    • 6 156 mots
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    Les Européens s'investissent rapidement dans ces recherches environnementales.La première « tour verte » est construite en 1997 par Foster à Francfort pour la Commerzbank. Un plan triangulaire avec trois branches qui entourent un immense atrium central apportant lumière et ventilation naturelle....

Voir aussi