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NOMADISME

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Extension géographique

Il existe une autre réponse à l'excédent humain permanent des nomades : c'est l'expansion aux dépens des sociétés sédentaires voisines. Elle a conduit le nomadisme pastoral à s'étendre géographiquement très au-delà des steppes et déserts qui constituent son domaine propre, soit par infiltrations lentes, continues, au sein des sociétés paysannes, soit par invasions brutales, qui peuvent résulter du dynamisme personnel de chefs prestigieux (Gengis-khan), correspondre à des phases de dessèchement du milieu désertique, ou exprimer, après la fin d'un premier cycle de conquêtes nomades, l'affranchissement des tribus demeurées dans le désert à l'égard de la dynastie sédentarisée. Dans leur progression, les nomades assimilent des nombreuses populations paysannes, qui, dans le contexte d'insécurité ainsi créé, à la suite de la destruction de leurs villages ou de leurs travaux d'irrigation, passent au nomadisme.

La limite atteinte par cette expansion dépasse nettement celle de la culture pluviale des céréales qui traduit la frontière naturelle du nomadisme. Sur la bordure sud du Sahara, l'avancée des pasteurs a été limitée, par les trypanosomiases du bétail, aux régions de savane, et a trouvé ses bornes dans la grande forêt. Sur la bordure nord, il faut distinguer deux cas ; dans le monde arabe, les frontières ont été constituées par des massifs montagneux, servant de refuges (Haut Atlas marocain et Aurès en Afrique du Nord, Liban et Djebel Ansarieh dans le Proche-Orient), imperméables aux dromadaires, animaux de déserts chauds, et qui ont vu se développer d'importantes accumulations de populations. Dans le monde turc, la « bédouinisation » des montagnes, grâce au chameau de Bactriane, adapté aux climats froids, a été au contraire intense (Taurus, Zagros), et l'expansion des nomades s'est arrêtée aux forêts humides et insalubres de basses terres (forêt caspienne, forêt pontique). La zone d'équilibre des forces se situe, dans tous les cas, bien au-delà de la limite naturelle du nomadisme.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Academia Europaea

Classification

Pour citer cet article

Xavier de PLANHOL. NOMADISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Nomadisme dans le Dhofar, Oman - crédits : Christian Sappa/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Nomadisme dans le Dhofar, Oman

Désert de Nubie, Égypte - crédits : Hermes Images/ AGF/ Universal Images Group/ Getty Images

Désert de Nubie, Égypte

Chameau de Bactriane (Chine) - crédits : Art Wolfe/ Iconica/ Getty Images

Chameau de Bactriane (Chine)

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par , , , , , , et
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...quasi-totalité de l'espace rural est par ailleurs traversée par un réseau exceptionnellement dense d'itinéraires de migrations pastorales empruntés par une population nomade (kuchi) longtemps surestimée et partout déclinante, mais néanmoins forte encore de plusieurs centaines de milliers de personnes. Tous...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    ...pêche dans la forêt équatoriale du bassin du Congo. Les Noirs les considèrent comme les premiers occupants de ces milieux forestiers. Vivant en bandes, ils nomadisent dans la forêt en prélevant leur subsistance sur l'écosystème. Cette relation à la nature n'autorise que des densités très faibles. Les...
  • ANTHROPOLOGIE ANARCHISTE

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    • 3 médias
    .... On pourrait aussi mentionner les régions qualifiées faute de mieux de « zones tribales », entre Afghanistan et Pakistan. À cela s’ajoutent les populations proprement nomades, qui circulent dans les interstices des sociétés sédentaires, comme en Europe les très maltraités Tsiganes ou Roms. ...
  • ARABIE

    • Écrit par , et
    • 7 614 mots
    ...Au nord-ouest, les représentations et les textes égyptiens depuis la plus haute antiquité situent vaguement (Sinaï, Syrie, Palestine, Midian) des nomades appelés de divers noms, surtout ‘Amou après une certaine époque, et dont certaines mœurs évoquent les Arabes nomades actuels : nomadisme...
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