NOMADISME
Économie, population, société
Le nomadisme pastoral constitue un genre de vie de haute productivité économique, doué d'un dynamisme démographique remarquable et d'une grande capacité d'expansion, auxquels correspondent des mécanismes sociaux appropriés.
Sur le plan économique, en effet, la subsistance d'un groupe nomade à partir de l'élevage seul est très difficile, dans les conditions d'aridité les plus dures du désert tropical, et ne devient réellement possible que dans le désert atténué de type mauritanien ; le nomadisme pastoral assure, en revanche, en milieu cultivable de type méditerranéen à pluies d'hiver et, à plus forte raison, en milieu steppique marginal à pluies d'été, dans des conditions de parcours libre, un revenu très supérieur à celui des occupations agricoles et une productivité plus élevée par unité de travail humain. Il permet un niveau de vie largement supérieur à celui de la population agricole sédentaire, à condition que le nombre des parties prenantes soit évidemment limité par des mécanismes de régulation démographique et sociale.
Ces mécanismes sont d'autant plus nécessaires que les nomades ont toujours joui d'une démographie particulièrement vigoureuse. La salubrité du désert, la dissémination des nomades qui leur épargnait, dans la situation traditionnelle, les grandes épidémies meurtrières, leur ont assuré une supériorité démographique manifeste sur les sédentaires voisins. Un excédent constant en hommes, tout au long de l'histoire, a toujours caractérisé la société nomade. Or, face à cette pression démographique constante, les ressources sont réduites. Plus productif que l'agriculture à travail humain égal, le nomadisme pastoral exige des surfaces considérables et ne permet que des densités humaines limitées (env. 1 hab./km2, dans le milieu relativement favorable de la Mongolie, peut-être 3 ou 4, au plus, en milieu montagnard méditerranéen, comme le Zagros iranien qui représente un optimum).
Dans ces conditions, la société nomade a dû s'organiser en fonction d'un état de crise permanente, d'un déséquilibre toujours menaçant entre les ressources du pâturage et une population rapidement croissante. C'est l'explication fondamentale de son agressivité.
Celle-ci se manifeste d'abord à l'intérieur de la société nomade elle-même. Les Bédouins sont en lutte perpétuelle entre eux. Il s'agit d'une société éminemment instable, qui se remodèle constamment en fonction des ressources disponibles et du nombre des parties prenantes par des mécanismes de redistribution du bétail ( razzia) et des hommes (tribus extrêmement instables et éphémères, groupées en fonction du dynamisme individuel des chefs, et dissimulant leur hétérogénéité sous des généalogies patrilinéaires orgueilleusement affirmées). Cette société est essentiellement virile, fondée sur des liens agnatiques. Elle exprime par toutes ses structures la saturation du milieu géographique, avec la concurrence vitale qui en découle.
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Écrit par
- Xavier de PLANHOL : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, membre de l'Academia Europaea
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Médias
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