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NARBONNE

Occitanie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Occitanie : carte administrative

Au carrefour de routes terrestres qui relient l'Espagne à l'Italie et à l'Europe centrale d'une part (l'ancienne via Domitia), la Méditerranée et l'Atlantique par la voie d'Aquitaine d'autre part, Narbonne bénéficie de conditions favorables au développement d'une économie ouverte vers l'extérieur. Entre le massif des Corbières et le littoral méditerranéen, la basse plaine de l'Aude offre de nombreuses traces d'implantations humaines fort anciennes, dont le site de Montlaurès au nord-ouest, oppidum indigène antérieur à l'installation de la colonie romaine. L'antique Naro est la « capitale » des Élysiques, peuple guerrier réfugié sur les oppida qui dominent la basse plaine (Pech Maho). La région appartient par la langue et l'écriture au monde des Ibères et commerce avec les Grecs, Étrusques et autres peuples de la Méditerranée. Elle sera conquise par les Volques Tectosages (iiie s. av. J.-C.) sans que soit modifié en profondeur son rôle commercial, puis par le proconsul romain Cneius Domitius Ahenobarbus qui pacifie la région et installe la future Narbo Martius (— 118) au plus près des étangs littoraux. Placée sous la protection du dieu Mars, et décrétée capitale de la Provincia par décision du Sénat romain, Narbo Martius connaît une belle prospérité commerciale et maritime, largement renforcée par l'installation de nombreux colons et d'un abondant personnel administratif. Sous Auguste, le proconsul y siège, assisté de fonctionnaires à l'image du pouvoir à Rome. Métropole impériale, la ville est aussi un centre de stockage, de redistribution et d'exportation des produits agricoles. Elle dispose de ce fait de vastes entrepôts (galeries souterraines de l'Horreum), liés aux routes terrestres et maritimes qui fondent sa prospérité et conduisent au brassage cosmopolite de sa population résidante. Peu de traces conservées témoignent de cette richesse, malgré le souci de valoriser le passé antique d'une capitale associée à la via Domitia et au canal maritime. Incendie, invasions et troubles du Bas-Empire conduisent à l'enfermement de la cité dans un système étriqué de fortifications et de remparts de protection. La Narbonnaise Première reste sous son autorité, mais ne représente qu'une part réduite de la Provincia, le commerce maritime décline et les routes terrestres ne sont plus sûres. Les Wisigoths en feront plusieurs fois leur capitale politique au ve siècle, un wali musulman occupera la ville de 719 à 759, avant que les Francs de Pépin le Bref ne la conquièrent et ne rattachent la Septimanie à leur royaume. Vers la fin du xie siècle, le comte de Toulouse recevra le titre honorifique de duc de Narbonne pour rappeler que la ville fut capitale de la Septimanie.

Narbonne : la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur - crédits : Getty Images/ De Agostini/ Getty Images

Narbonne : la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur

Dès le iiie siècle, la ville s'est convertie au catholicisme prêché par Paul, un compagnon de saint Sernin de Toulouse, longtemps confondu avec Paul-Serge, le proconsul de Chypre baptisé par saint Paul. On lui bâtit une église (Saint-Paul), abbatiale puis collégiale et enfin basilique, pour vénérer ses reliques. Les lieux de culte chrétien se multiplient à partir du ve siècle sous la conduite de l'évêque Rustique qui fait de sa ville une riche métropole religieuse. Le pouvoir de l'évêque, qui contrôle de nombreuses églises dans la région, s'affirme face à celui du vicomte. Dès la fin du xe siècle, la ville se développe au-delà de ses ponts et de ses remparts, jusqu'à devenir ville double, le « bourg » fortifié (17 ha) s'ajoutant à la « cité » ancienne, toujours protégée par ses murailles (15 ha). Les commerçants retrouvent les routes maritimes vers Gênes, Marseille, Constantinople, la Sicile, la Grèce, mais aussi les routes terrestres qui conduisent vers l'Aquitaine et les foires de Champagne, faisant[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul VOLLE. NARBONNE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Occitanie : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Occitanie : carte administrative

Narbonne : la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur - crédits : Getty Images/ De Agostini/ Getty Images

Narbonne : la cathédrale Saint-Just-et-Saint-Pasteur

Autres références

  • LANGUEDOC, histoire

    • Écrit par Jean SENTOU
    • 2 166 mots
    • 1 média
    ...Cimbres. En tout cas, Domitius s'attarda plusieurs années dans la région afin d'en assurer la romanisation. Son fils créa, en 118 avant J.-C., la colonie de Narbonne, tandis que lui-même organisa la via Domitia, qui allait constituer pour toujours l'axe vital du Languedoc. La nouvelle province, après des débuts...

Voir aussi