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NAISSANCE Prématurité

La définition de la prématurité est une acquisition de la «  néonatologie », mais les accoucheurs avaient, depuis longtemps déjà, apprécié le risque de la prématurité. S. E. Tarnier (1828-1897), puis P. Budin signalent qu'au xixe siècle, à Port-Royal, les nouveau-nés étaient divisés en deux groupes : « Les enfants sains pesant plus de six livres partaient à la campagne par les soins des meneurs. Les enfants pesant moins de six livres restaient sur place, à moins qu'un accident, hélas fréquent, n'ait forcé de les transférer à l'infirmerie des enfants, qui était leur dernière demeure. » (Budin et al., 1904).

Cette définition pondérale de la prématurité n'est, en fait, pas satisfaisante et déjà, en 1904, Budin signalait que « pour apprécier la vitalité des enfants nés avant terme, il ne faut pas seulement tenir compte de leur poids, mais aussi du temps pendant lequel ils sont restés dans la cavité utérine ». Budin faisait ainsi apparaître la notion de retard de croissance intra-utérine du fœtus, sans retentissement sur la maturation des organes, et qui aboutit à la naissance d'un enfant hypotrophique (c'est-à-dire un enfant dont le poids de naissance est nettement inférieur au poids idéal d'un fœtus pour un âge gestationnel donné) bien différent du prématuré vrai. En effet, la maturation des organes vitaux de ce nouveau-né hypotrophique lui fera courir des « risques » moins graves qu'au prématuré vrai, pour qui la maturation des organes au moment de la naissance est insuffisante (d'où le nom de « pré-maturé »).

La définition officielle de la prématurité date de la réunion de l'Office mondial de la santé en 1948, qui définit comme prématuré (W. A. Silverman, 1961) : « A live born infant with a period of gestation of less than 37 weeks » (« Un enfant, né vivant, avec une période de gestation de moins de 37 semaines »).

Couveuse - crédits : SSPL/ Getty Images

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Là, encore, cette définition est incomplète, car elle ne fait pas la différence entre le fœtus inviable après la naissance et le prématuré. S. Saint-Anne Dargassies (1979) définit très exactement, grâce à la maturation neurologique, les différentes étapes de la vie intra-utérine avec la « métamorphose d'embryon en fœtus, de fœtus en prématuré viable et son achèvement en nouveau-né normal ». Chez l'homme, ce n'est qu'après les deux tiers de la durée normale de sa vie fœtale que l'enfant peut survivre. Ce n'est qu'à partir de 26 semaines que le fœtus devenant viable est alors considéré comme un prématuré. Cet âge de 25-26 semaines constitue donc un cap, marqué par une soudaine transformation de nombreux niveaux fonctionnels. Si ce prématuré est viable, il n'en est pas moins soumis à un nombre considérable de risques de morbidité et de mortalité, qui vont en réalité persister jusqu'à la 35e semaine d'âge gestationnel. Entre 25 et 35 semaines, en effet, les deux organes majeurs que sont le poumon et le cerveau peuvent être soumis, du fait de la naissance prématurée, à certaines complications dues directement à leur immaturité. Ce n'est vraiment qu'à partir de 35 semaines d'âge gestationnel que ces organes ont acquis les caractéristiques anatomiques, enzymatiques et biochimiques comparables à celles du nouveau-né à terme, ce qui les met ainsi à l'abri des complications propres au prématuré.

On peut donc dire que si la définition officielle de la prématurité est la naissance entre 25 et 37 semaines d'âge gestationnel, c'est surtout la catégorie d'enfants nés avant 35 semaines qui subira le plus haut risque à la naissance et pendant les 4 ou 5 premiers jours de la vie. Enfin, bien que de définition différente, la naissance d'un hypotrophique peut entraîner les mêmes risques lorsqu'elle est, en plus, prématurée.[...]

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Jean-Pierre RELIER. NAISSANCE - Prématurité [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Autres références

  • DÉMOGRAPHIE

    • Écrit par Hervé LE BRAS
    • 8 983 mots
    ...veuvage et du célibat définitif. À la fin du xixe siècle, plusieurs statisticiens cherchent à contourner ces obstacles en mesurant la proportion de naissances annuelles ou taux de fécondité en fonction de l'âge du père et de la mère (Körosi à Budapest par exemple). Cela ne résout pas l'épineuse...
  • DÉSIR (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 094 mots
    Et si le récit d’Aristophane était en réalité un récit de naissance ? Qu’est-ce que la naissance en effet, sinon la séparation brutale d’avec une partie de soi-même ? L’enfant ne peut avoir aucune idée de ce qu’est la mère en tant qu’être distinct de lui. Il faudra la longue phase du « stade du...
  • ENFANCE (Les connaissances) - La petite enfance

    • Écrit par Hélène STORK
    • 8 741 mots
    • 2 médias
    Par rapport à la symbiose entre la mère et l'enfant qui caractérise la période intra-utérine, la naissance marque un profond bouleversement pour l'un et pour l'autre. On connaît bien les modifications physiologiques et psychiques qui, chez la mère, suivent l'accouchement : sentiment...
  • ENFANCE (Les connaissances) - Développement psychomoteur

    • Écrit par Didier-Jacques DUCHÉ
    • 6 703 mots
    • 1 média
    Lanaissance, pour limitée qu'elle paraisse à des processus mécaniques et physiologiques, constitue néanmoins un traumatisme au sens global du terme, c'est-à-dire qu'elle retentit sur l'ensemble de l'organisation psychique par un afflux d'excitations qui est excessif par rapport à la tolérance du sujet....
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