Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MYCÈNES

Mycènes et la Grèce

Après plus d'un siècle de recherches archéologiques, il reste difficile d'inscrire l'histoire de Mycènes dans celle du monde égéen préhistorique. Le sud-ouest du Péloponnèse pourrait avoir joué un rôle plus important que l'Argolide dans la naissance de la civilisation mycénienne, entre la fin du xviie et la fin du xvie siècle, marquée par l'enrichissement des communautés continentales et par leur plus grande ouverture aux influences extérieures. Les tombes à fosse de Mycènes et les trésors qu'elles renferment demeurent même relativement isolés.

Les différentes destructions qui affectent le site à partir du milieu du xiiie siècle ne sont pas d'une interprétation plus aisée. La première, vers 1250, est attribuée à un violent tremblement de terre. Les traces de cette catastrophe sont particulièrement visibles dans le « centre cultuel » et dans certains édifices de la ville basse. De nouvelles destructions interviennent vers 1200, mais n'entraînent pas un abandon du site, comme c'est le cas à Pylos. Au contraire, la période suivante, jusque vers la fin du xiie siècle, apparaît encore comme une période d'occupation assez dense à l'intérieur de la zone fortifiée. Cependant, l'organisation économico-politique et certaines productions artisanales, auxquelles le palais présidait, ont disparu. Ces événements ne semblent pas dus à une invasion qui aurait déferlé sur le continent, mais plutôt à un délabrement général du système économique et des échanges commerciaux provoquant, ou accompagnant, des tensions internes, peut-être violentes.

De la même façon, le rôle de Mycènes au sein de la Grèce reste discuté. Les légendes et le récit homérique présentent Agamemnon, roi de Mycènes, comme le chef des Grecs coalisés contre Troie. Mycènes aurait donc été la capitale d'une Grèce unifiée et y aurait exercé une influence déterminante. Certes l'homogénéité culturelle de la Grèce à l'époque mycénienne apparaît tout à fait remarquable : du sud du Péloponnèse jusqu'au moins en Béotie, on parle la même langue, le grec, le cadre politique et économique, les productions artisanales, les coutumes funéraires, les rites et les croyances se révèlent identiques. Mais cette homogénéité n'atteste nullement l'influence d'un centre unique. De fait, il reste très malaisé d'établir une hiérarchie entre les différentes régions de la Grèce mycénienne, voire entre les sites d'une même région. Ainsi Pylos en Messénie, Thèbes en Béotie, et même Tirynthe en Argolide, à moins de 20 kilomètres de Mycènes, ont pu, selon les circonstances, jouer un rôle économique, culturel et politique aussi déterminant que celui de Mycènes. Le « trésor d'Atrée » a son exact parallèle à Orchomène de Béotie. Les remparts de Gla (Béotie) ou de Tirynthe, les ivoires et l'orfèvrerie de Thèbes ne le cèdent en rien à ceux de Mycènes. Néanmoins, la réunion de tous ces éléments sur un même site et leur découverte à l'aube des Temps modernes demeurent un cas extraordinaire dans l'histoire de l'archéologie.

— Pascal DARCQUE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., ancien secrétaire de l'École française d'Athènes
  • : professeur émérite à l'université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Pascal DARCQUE, Universalis et Jean-Claude POURSAT. MYCÈNES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Masque dit d’Agamemnon - crédits : Bridgeman Images

Masque dit d’Agamemnon

-2000 à -1000. Les empires du Bronze - crédits : Encyclopædia Universalis France

-2000 à -1000. Les empires du Bronze

Groupe mycénien - crédits :  Bridgeman Images

Groupe mycénien

Autres références

  • ACHÉENS

    • Écrit par Andrée POUGET
    • 2 530 mots
    ...qu'ils sont très éloignés de la vérité et souvent pleins d'erreurs. D'autre part, le déchiffrement du linéaire B a montré, selon l'Américain Finley, que le monde mycénien, profondément différent du monde homérique, avait à la fois une civilisation matérielle moins avancée et des institutions beaucoup plus...
  • APPAREIL, architecture

    • Écrit par Roland MARTIN
    • 4 325 mots
    • 2 médias
    ...l'appareil cyclopéen est propre aux civilisations vigoureuses de la protohistoire ; les vestiges les plus admirés appartiennent aux forteresses célèbres de Mycènes, de Tirynthe dont la construction remonte au milieu du deuxième millénaire avant notre ère, ou aux fortifications et aux palais des princes ...
  • ATRÉE

    • Écrit par Universalis
    • 389 mots

    Dans la mythologie grecque, fils de Pélops de Mycènes et de sa femme, Hippodamie. Atrée, roi de Mycènes, est le frère aîné de Thyeste. L'histoire de sa dynastie, les Atrides, marquée par la violence (assassinat, parricide) et la corruption des mœurs (adultère, inceste), dépasse presque toutes celles...

  • BIJOUX

    • Écrit par Sophie BARATTE, Universalis, Catherine METZGER, Évelyne POSSÉMÉ, Elisabeth TABURET-DELAHAYE, Christiane ZIEGLER
    • 6 083 mots
    • 7 médias
    ...mycénienne de l'Âge du bronze (1600-1200 av. J.-C.) qui constitue une première période très brillante dans le domaine de l'orfèvrerie. Mycènes est décrite par Homère comme une ville riche en or, et les fouilles des tombes princières ont mis au jour des objets d'une richesse exceptionnelle...
  • Afficher les 17 références

Voir aussi