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MUSIQUE TECHNO

Un mouvement autour d'une musique

De nouvelles manières de consommer la musique

Plus que le rock, la techno est à l'origine destinée essentiellement à la danse. Elle ne s'écoute pas en concert, mais dans les clubs et les raves. Apparues à la fin des années 1980 en Grande-Bretagne et plus tard dans le reste de l'Europe, les raves, fêtes clandestines organisées dans des bâtiments désaffectés (hangar, usine), rassemblent les danseurs aux sons d'une techno plutôt dure. Le DJ devient un acteur au rôle important : il ne passe plus seulement les disques mais les mixe, les enchaînant pour maintenir chez les ravers l'effet de transe. En réaction à l'organisation de manifestations officielles, les free parties (fêtes libres) ont pris le relais des raves.

Pour garder leur indépendance, les musiciens techno se sont pris en main pour commercialiser leurs créations, sans passer par les maisons de disques déjà en place. C'est une culture underground (un cercle de passionnés travaillant dans l'ombre) qui ainsi se développe, farouchement attachée à son autonomie. Les labels indépendants fleurissent, privilégiant le vinyle. À ses débuts, la techno ignore le vedettariat, au contraire du rock et de ses stars. Les artistes se cachent sous des pseudonymes, les pochettes n'affichent pas leur visage, les white label (disques sans aucune indication nominative) sont fréquents. Faire un remix – composer une nouvelle version d'un morceau existant – devient une pratique de plus en plus appréciée.

Un mouvement autonome

Si aux États-Unis et en France c'est la communauté homosexuelle qui adopte la première la house, le mouvement techno, à cause de sa marginalisation initiale, a vite formé une sorte de communauté. De nombreux codes et rites apparaissent : les flyers, tracts d'information sur les soirées, l'info-line, son équivalent téléphonique ou Internet. La communauté techno possède ses propres médias (en France, Coda ou Radio FG), ses propres magasins de vêtements. La mode techno est colorée (beaucoup de couleurs fluo), multiple, peut être sexy ou ample. Ouverte sur les autres, étrangère à tout message politique – les dérives extrémistes y sont rares –, cette communauté revendique tel un droit le désir de l'individu de faire la fête, de profiter du moment présent. Ses membres envisagent la sortie en club ou en rave comme une nécessaire coupure, un moyen d'échapper à leur quotidien. Chacun s'exprime ainsi dans la danse sans avoir à respecter de règles et contribue librement à une transe collective visant à l'évasion.

Plus que dans les autres milieux, la drogue joue un rôle non négligeable dans les rapports entre la techno et ses adeptes. L'ecstasy (ou MDMA : méthylène-dixy-métamphétamine), pilule énergisante qui permet de « tenir » toute la nuit, arrive en même temps que les premières raves britanniques. Très vite, elle constitue pour une importante partie des ravers l'indispensable complément à toute fête, permettant de prolonger la transe. L'ecstasy – dont la prise peut être mortelle – est la cause première des problèmes entre les organisateurs de rave et les forces de l'ordre et également à l'origine du rejet initial de la techno par le grand public. En dix ans, la drogue a pris une place de plus en plus importante, notamment chez les plus jeunes, ternissant quelque peu l'hédonisme des premières fêtes. Néanmoins, techno et drogues ne sont pas nécessairement liées.

Un genre musical en voie de normalisation

Le statut de la techno a progressivement changé grâce à l'organisation d'événements comme la Love Parade de juillet 1998 à Berlin et son million de personnes, le festival anglais Tribal Gathering, ou, en France, Planète au festival des Transmusicales de Rennes, Boréalis à Montpellier et la Techno Parade de Paris (19 sept. 1998).[...]

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Classification

Pour citer cet article

Vincent BRUNNER. MUSIQUE TECHNO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TECHNO

    • Écrit par Walter SCASSOLINI
    • 865 mots

    Musique de danse principalement instrumentale, la techno a pour caractéristique d'être exclusivement créée avec des machines électroniques. Ce courant musical urbain, qui s'exprime depuis le début à travers la culture DJ*, est plus dur et plus froid que la house. Le terme techno recouvre...

  • DJ (disc-jockey)

    • Écrit par Raphaël RICHARD
    • 3 611 mots
    • 3 médias
    ...Le duo sort un premier single futuriste, Alleys of yourMind, inspiré notamment par le concept « spatial » de l'émission de Charles Johnson. La même année paraît un autre titre qui conduira à la création du style techno : Sharevari du groupe A Number of Names. Deux amis de lycée de Juan...
  • HOUSE MUSIC

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 889 mots
    La house partage avec les musiques techno l'utilisation de circuits parallèles de distribution qui diffusent les disques* vinyles dans des magasins spécialisés. À Detroit, la techno purement instrumentale, que certains assimilent à une branche de la house, est apparue avec Juan Atkins, Derrick May (influencé...
  • JUNGLE ou DRUM AND BASS

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 316 mots

    Inspirée du dub*, dont elle emprunte la mise en valeur de la rythmique basse-batterie, et du reggae* digital (parfois appelé raggamuffin), la jungle, ou drum and bass (ou drum'n'bass), apparaît en Grande-Bretagne dans les années 1990. Elle ne doit pas être confondue avec la jungle music prônée par...

  • MADONNA (1958- )

    • Écrit par Lucy O'BRIEN
    • 788 mots

    Chanteuse, auteur-compositeur, actrice et chef d'entreprise américaine. Son immense popularité au cours des années 1980 et 1990 lui a permis d'atteindre un niveau de puissance et de contrôle sans précédent pour une femme dans l'industrie du spectacle.

    Issue d'une famille nombreuse...

Voir aussi