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MORO ANTHONIUS MOR dit ANTONIO (entre 1517 et 1519-1576/77)

Malgré une carrière internationale, Anthonius Mor est le grand portraitiste des Pays-Bas au xvie siècle. Après avoir été à Utrecht, sa ville natale, l'élève de Jan van Scorel, romaniste nordique, il est inscrit comme franc-maître à la Gilde de Saint-Luc de la ville d'Anvers, alors centre artistique des Pays-Bas. En 1549, l'artiste travaille pour Antoine Perrenot de Granvelle, évêque d'Arras et bientôt diplomate au service de l'empereur Charles Quint, qui sera son protecteur et qui va l'introduire à la Cour : de Granvelle au duc d'Albe, de Philippe II à Guillaume d'Orange et de Marguerite d'Autriche à Marguerite de Parme, Mor va laisser l'effigie de tous les membres de la famille impériale et des principaux acteurs des terribles luttes politiques et religieuses qui vont opposer les Pays-Bas à l'Espagne. Il est très probable que Mor a suivi le cardinal Granvelle à Augsbourg en 1548, lors de la convocation solennelle par Charles Quint de tous les Grands du Saint Empire romain germanique, et qu'il y a rencontré Titien, lui aussi convoqué par l'empereur, et dont l'influence sur l'artiste va être décisive à partir de 1649. De Rome où il séjourne en 1550 et en 1551, il passe à la cour du Portugal où il peint les portraits du roi et de la reine, puis en Espagne, à la cour de Philippe II dont il devient le portraitiste attitré ; il prend alors le nom d'Antonio Moro sous lequel on le connaît surtout. En 1554, il assiste à Londres au mariage de son maître avec Marie Tudor dont il exécute le portrait, son chef-d'œuvre (Prado, Madrid). Vers 1555, il retourne à Utrecht et en 1568 il se fixe à Anvers où il mourra.

<it>Isabelle de Médicis</it>, Bronzino - crédits :  Bridgeman Images

Isabelle de Médicis, Bronzino

Si sa première œuvre connue, signée et datée de 1554, le portrait de deux chanoines d'Utrecht (musée de Berlin), marque clairement la dette de Moro envers Jan van Scorel, dès 1549, avec les portraits du cardinal Granvelle (Kunsthistorisches Museum, Vienne) et du duc d'Albe (Hispanic Society, New York), le style propre de l'artiste s'affirme dans sa pleine autorité ; ce style d'ailleurs n'évoluera guère jusqu'en 1576, date de ses dernières œuvres connues. La mise en page, presque toujours la même, que le modèle soit en pied (plus rarement) ou en buste, debout ou assis, reprend la formule mise au point par les artistes italiens de la Renaissance ou par les maniéristes, Titien, Tintoret, Pontormo et Bronzino : fond uni et sombre sur lequel se détache la figure, le corps légèrement de trois quarts et le visage de face, fixant le spectateur, les deux mains disposées de façon à former un triangle avec la tête, l'une reposant sur une table ou le bras d'un fauteuil, ou tenant la garde d'une épée ou le col d'un grand chien, l'autre à la taille ou tenant des gants. Si la sobriété de l'ensemble et la noble réserve des gestes sont bien italiennes, le refus d'idéaliser le modèle, l'analyse détaillée et impitoyable des particularités physiques, en même temps que le goût visible pour le rendu des étoffes sont caractéristiques d'un peintre nordique. La touche minutieuse et le caractère analytique de ses portraits rappellent Bronzino sans en avoir l'inquiétude maniériste, mais l'accord chromatique assez lourd, relevé de rouge, de blanc ou de noir profond, s'inspire nettement de Titien. Ce mélange de qualités contradictoires, réalisme et distinction presque hautaine (sauf dans les portraits de bourgeois, tels ceux du musicien Lecoq et de sa femme dont l'expression est plus détendue et plus avenante), qui fait l'originalité de Moro et confère à ses portraits une force magistrale, va être la composante essentielle du portrait de cour espagnol, que l'on retrouvera non seulement chez Sánchez Coello, son élève, mais aussi chez Velázquez, et, à Anvers, sous une forme plus atténuée, chez François Pourbus et Thomas Key. Moro a peint également des scènes religieuses très appréciées[...]

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Pour citer cet article

Françoise HEILBRUN. MORO ANTHONIUS MOR dit ANTONIO (entre 1517 et 1519-1576/77) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

<it>Isabelle de Médicis</it>, Bronzino - crédits :  Bridgeman Images

Isabelle de Médicis, Bronzino

Autres références

  • CASTILLE

    • Écrit par Marcel DURLIAT, Universalis, Philippe WOLFF
    • 10 285 mots
    • 12 médias
    Dans l'entourage du souverain se constitua alors une tradition d'excellents portraitistes, inaugurée par le Hollandais Anthonys Mor, Antonio Moro pour les Espagnols (1517 env.-1576), et continuée par Alonso Sánchez Coello (1531-1588) et Juan Pantoja de la Cruz (1553-1608). Mais surtout une occasion...
  • NÉERLANDAISE ET FLAMANDE PEINTURE

    • Écrit par Lyckle DE VRIES
    • 10 188 mots
    • 18 médias
    L'assimilation des éléments étrangers dans les « nouveaux » genres était moins grande. Seuls l'élève de ScorelAnthonie Mor van Dashorst (Antonio Moro) et ses disciples (Adriaen Key, Frans Pourbus l'Ancien) ont veillé à ce que le portrait néerlandais soit incorporé à la mode internationale...

Voir aussi