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MIGRATIONS ANIMALES

Problèmes biologiques Déterminisme

Bien qu'il fasse appel à des mécanismes physiologiques assez uniformes, le déterminisme de l'impulsion migratoire varie dans une large mesure selon les groupes animaux envisagés. Comme la reproduction, les migrations s'intègrent dans le cycle annuel des animaux dont toutes les phases dépendent d'un rythme physiologique très complexe affectant l'ensemble de l'organisme et particulièrement les glandes endocrines et les gonades. Elles sont par ailleurs corrélatives de variations qualitatives et quantitatives du métabolisme. Chez les oiseaux, où le déterminisme des migrations est relativement bien connu, les différentes phases du cycle annuel d'un migrateur, se plaçant en une séquence rigoureuse, sont sous l'influence de trois sortes de facteurs, agissant d'une manière complémentaire.

Les facteurs internes se rattachent aux mécanismes hormonaux intéressant l'ensemble de l'organisme par l'intermédiaire de l' hypophyse. Cette glande possède un rythme intrinsèque propre indépendant de l'action des facteurs externes ; son fonctionnement cyclique est encore mal connu. L'existence d'un rythme héréditaire est confirmée par le fait que, parmi les populations migratrices d'une même espèce, se mélangeant en hivernage entre elles et avec des populations sédentaires de la même espèce, chacune a sa propre chronologie d'évolution physiologique. Ainsi, les diverses races de bergeronnettes printanières (Motacilla flava) hivernant en Afrique centrale ont un « calendrier physiologique » fixé génétiquement en fonction des conditions climatiques de l'aire de reproduction, bien que toutes les races soient soumises aux conditions identiques de la zone d'hivernage.

L'influence des facteurs externes se manifeste surtout par le biais des variations de la photopériode. De multiples changements physiologiques peuvent être déclenchés en modifiant artificiellement la durée d'éclairement quotidien. La croissance ou l'involution des gonades dépendent de la photopériode chez tous les oiseaux ainsi que, chez les seules espèces ou populations migratrices, un engraissement notable, consécutif aux modifications profondes du métabolisme. Au cours de la phase prémigratoire, le métabolisme subit des changements, se traduisant en particulier par le dépôt de graisses, si bien que le poids atteint alors son maximum annuel : des fauvettes rayées américaines (Dendroica striata) pesant 10 à 12 g en période normale atteignent 20 à 23 g juste avant leur migration postnuptiale. Tous les migrateurs témoignent d'une hyperphagie évidente et d'une grande facilité à reconstituer leurs réserves lipidiques.

Ces deux facteurs, rythme propre de l'hypophyse et influence de la photopériode s'exerçant d'une manière très variable selon les saisons et les latitudes, déterminent chez les migrateurs divers changements qui les mettent dans une disposition prémigratoire. En plus des signes physiologiques déjà mentionnés, les oiseaux manifestent une agitation toute particulière ; il existe même une activité nocturne assez étonnante chez les espèces strictement diurnes en période normale. Cette véritable « crise » physiologique met l'oiseau migrateur dans une disposition favorable en vue de la dépense énergétique que comportent les déplacements.

Ces changements interviennent avec des modalités différentes au cours de la migration postnuptiale ou de la migration prénuptiale. Après la reproduction peut exister une période réfractaire pendant laquelle les oiseaux ne sont pas sensibles à l'allongement de la photopériode. Cela leur évite de se mettre à nicher ou de repartir en migration si, quittant leurs territoires de nidification en automne, ils se réfugient dans des quartiers d'hiver situés dans l'hémisphère opposé, où les jours,[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
  • : membre de l'Académie des sciences, directeur honoraire du Muséum national d'histoire naturelle

Classification

Pour citer cet article

Valérie CHANSIGAUD et Jean DORST. MIGRATIONS ANIMALES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Anguille - crédits : stefanek / Biosmotion

Anguille

Invasion de criquets migrateurs en Afrique du Sud - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Invasion de criquets migrateurs en Afrique du Sud

Saumons - crédits : Johnny Johnson/ The Image Bank/ Getty Images

Saumons

Autres références

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Biogéographie

    • Écrit par Théodore MONOD
    • 5 702 mots
    • 19 médias
    Sans parler ici des oiseaux de mer, il faut distinguer les migrations s'effectuant à l'intérieur de l'Afrique et celles qui, dépassant le cadre de cette dernière, s'étendent au complexe Eurasie-Afrique.
  • BIODIVERSITÉ

    • Écrit par Isabelle CHUINE, Sandra LAVOREL
    • 5 883 mots
    • 10 médias
    ...à se déplacer vers les régions où les conditions restent favorables à leur survie, souvent dans la direction des pôles ou des sommets montagneux. Ces migrations constituent le premier niveau d’adaptation possible au changement climatique. Mais toutes les espèces n’ont pas les mêmes capacités à se mouvoir...
  • CÉNOZOÏQUE

    • Écrit par Marie-Pierre AUBRY
    • 7 601 mots
    • 7 médias
    ...ancêtres des bovidés). Ces apparitions régionales ne furent probablement pas le fruit d'une diversification accélérée in situ mais plutôt le résultat de migrations issues d'Asie (mammalian dispersal event) et rendues possibles par le réchauffement du P.E.T.M. (Paleocene-Eocene Thermal Maximum) qui...
  • CÉTACÉS

    • Écrit par Robert MANARANCHE, Vincent RIDOUX
    • 3 257 mots
    • 8 médias
    Les migrations des cétacés de grande taille ont été le mieux étudiées. La recherche de nourriture, les conditions de reproduction sont évidemment les moteurs essentiels des migrations saisonnières.
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Voir aussi