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MEXICO

La ville à l’heure de la mondialisation

Réinvestir le centre

Le tremblement de terre du 19 septembre 1985 a constitué un moment de rupture fort dans l’histoire de la ville. En effet, face au désastre (trente mille morts, cent mille sans-abri, cinq mille édifices détruits) et à l’incurie du gouvernement, un vaste mouvement urbain populaire et de classes moyennes fragilisées par les réformes libérales des années 1980 débouche sur un changement politique majeur : l’élection du maire de la ville et des représentants de l’assemblée du DF. Depuis la première élection en 1997, Mexico s’est constituée en place forte de la gauche mexicaine. Vingt ans plus tard, en 2017, la ville se dote d’une constitution ; le District fédéral prend le nom de « ville de Mexico » (CDMX) et devient une entité fédérale à part entière tout en restant le siège des pouvoirs centraux de l’Union et la capitale du pays (Ugalde, 2019).

Ces changements dans la gouvernance interviennent alors que la ville connaît de profondes transformations en lien avec la mondialisation, renforçant la division sociale entre l’Est populaire et l’Ouest des « beaux quartiers », au cœur de la financiarisation de l’immobilier, du recyclage des friches industrielles et de la construction d’« îlots verticaux » constitués de tours à usage mixte (habitat/activités). De la même manière que la tour latino-américaine (42 étages), construite en 1954 au cœur du centre historique, avait symbolisé la modernité des années 1960, que la tour Pemex (Petróleos Mexicanos) avait incarné la nation pétrolière des années 1970, le gratte-ciel futuriste de la Bourse (BolsaMexicanade Valores) sur l’avenue Reforma a été la nouvelle icône de la global city des années 1990, détrônée en 2022 par la tour résidentielle Mitikah et ses 267 mètres de hauteur, œuvre des architectes stars Richard Meier et César Pelli. De nouvelles centralités réorganisent l’espace central, liées au tertiaire financiarisé et aux nouveaux modes de vie et de loisirs d’un petit segment des classes moyennes aisées. Dans les années 1990, le nouveau quartier d’affaires de Santa Fe, édifié sur une ancienne décharge à ciel ouvert (800 hectares), a marqué le glissement de la « la ville mondialisée » vers l’ouest. Reliant le centre historique au bois de Chapultepec et à Santa Fe, le corridor touristique Reforma Alameda abrite les musées les plus prestigieux au niveau international (Musée national d’anthropologie, palais des Beaux-Arts, musée Rufino Tamayo, musée d’Art moderne) et les grands hôtels de luxe qui s’adressent à un tourisme d’affaires et culturel qui explose à partir des années 2000, avec la politique de revitalisation du Centro Historico.

Le classement au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, en 1987, d’un périmètre restreint (9,1 kilomètres carrés) qui comprenait mille quatre cent trente-six édifices à sauvegarder avait ouvert une première étape, sans enrayer toutefois le dépeuplement du centre. À partir de 1997, les nouvelles autorités élues font de la « revitalisation du centre » dans sa double dimension, patrimoniale (restauration des bâtiments du

Le Zócalo, Mexico - crédits : dubassy/ Shutterstock

Le Zócalo, Mexico

Templo Mayor, fresques murales de Diego Rivera, palais du gouvernement) et urbaine (repeuplement du centre populaire par la production de logements et réactivation économique) un des axes majeurs de leur politique. La signature, en 2001, d’un partenariat public/privé sous l’impulsion de l’homme d’affaires Carlos Slim, a donné au secteur privé un rôle moteur (Fondation du Centre historique). Afin d’attirer les investisseurs et de faire revenir les classes moyennes au centre, des politiques destinées à changer son image ont été engagées depuis 2004, pour le sécuriser (dispositifs de vidéosurveillance, bornes d’appel et police montée sur l’Alameda, piétonnisation). Toutefois, ces politiques doivent[...]

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Écrit par

  • : éditeur et ancien professeur de journalisme à l'université nationale autonome du Mexique
  • : géographe, professeure émérite à l'université de Paris-VIII, Creda-UMR 7227
  • : vice-président de Televisión Azteca à Mexico, ancien rédacteur en chef chez Encyclopædia Britannica Publishers, Inc., à Mexico

Classification

Pour citer cet article

Fernando BENITEZ, Marie-France PRÉVÔT-SCHAPIRA et Sergio SARMIENTO. MEXICO [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Téléphérique urbain, Mexico - crédits : Jair Cabrera Torres/ DPA/ Age Fotostock

Téléphérique urbain, Mexico

Le Zócalo, Mexico - crédits : dubassy/ Shutterstock

Le Zócalo, Mexico

Mexique : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Mexique : carte administrative

Autres références

  • FONDATION DE MEXICO-TENOCHTITLÁN

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 206 mots
    • 1 média

    Conduits par leur dieu tribal Huitzilopochtli (le dieu de la Guerre), craints pour leur férocité, pourchassés par les occupants du bassin de Mexico, les Mexicas, dont l'origine est encore discutée et qui sont surtout connus sous le nom d'Aztèques, qu'ils prendront par la suite, s'établissent...

  • ART COLONIAL

    • Écrit par Véronique GERARD-POWELL, Alexis SORNIN
    • 8 370 mots
    • 2 médias
    La ville était puissante parce qu'elle abritait les pouvoirs politique et religieux : en 1535, Mexico devint la capitale de la vice-royauté de Nouvelle-Espagne qui allait englober l'actuelle Amérique centrale et gouverner aussi les lointaines Philippines ; en 1542, Lima fut consacrée capitale...
  • LES AZTÈQUES (exposition)

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA
    • 938 mots

    À de nombreux titres, l'exposition présentée à Londres, à la Royal Academy of Arts, du 16 novembre 2002 au 11 avril 2003, constitua un événement majeur pour la perception européenne des arts précolombiens. Tout d'abord, la qualité et la diversité des œuvres exposées, 359 au total dont beaucoup pour...

  • AZTÈQUES

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA, Alexandra BIAR, Mireille SIMONI
    • 12 580 mots
    • 22 médias
    Il faut en effet mesurer le chemin parcouru en moins de deux cents ans par ces « sauvages lacustres ». Au moment où Cortés parvint à Mexico, en 1519, il fut émerveillé des beautés de la ville, qu'il décrivit dans une lettre à Charles Quint comme « la plus belle ville du monde, une nouvelle Venise...
  • CANDELA FELIX (1910-1997)

    • Écrit par Yves BRUAND
    • 412 mots

    Architecte mexicain d'origine espagnole, né en 1910 à Madrid où il fait ses études à l'École supérieure d'architecture, Candela émigre au Mexique en 1939 après avoir été interné dans un camp de réfugiés en France. Héritier spirituel de l'ingénieur Torroja dont il avait pu apprécier,...

  • Afficher les 13 références

Voir aussi