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MERCENAIRES

Déclin des forces mercenaires à l'époque contemporaine

Avec le xixe siècle, s'ouvre l'ère des conflits entre États-nations, impliquant des armées de masse au cœur de crises internationales complexes. Le mercenariat est largement discrédité par l'avènement des principes nationaux et patriotiques. Les conscrits sont salués comme le bras armé de la nation, en pleine confiance, à la différence des mercenaires, dont on se méfie. Quelques forces mercenaires subsistent néanmoins, comme les Gurkhas que le maharadjah du Népal met à la disposition de la Grande-Bretagne.

L'essor du volontariat

Giuseppe Garibaldi - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

Giuseppe Garibaldi

Si les activités mercenaires déclinent au xixe siècle, quelques figures demeurent, telle celle de Giuseppe Garibaldi (1807-1882) qui place ses Chemises rouges au service du roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel, et de la cause italienne, après avoir combattu en Argentine et au Pérou. On le retrouve en France, avec sa légion, lors de la guerre de 1870 contre la Prusse. Mais il s'agit plutôt de volontariat, forme dérivée du mercenariat où l'on privilégie une cause ou un idéal particulier, sans que l'expérience militaire soit une condition sine qua non.

Durant la première phase de la guerre des Boers (1899-1902), on remarque l'implication de volontaires russes, autrichiens et allemands, italiens et français, qui forment des corps autonomes au côté des volontaires hollandais. Le plus célèbre des officiers français remarqués dans ce conflit est sans nul doute le colonel de Villebois-Mareuil (1847-1900), pour qui cette guerre offrait l'opportunité de laver l'humiliation subie par la France devant l'Angleterre à Fachoda en 1898. La presse européenne le surnomme le « La Fayette de l'Afrique du Sud ». Parmi ces officiers, reflet de l'internationalisation du conflit, se distinguent aussi John Blake (1856-1907), officier américain issu de West Point, qui participe aux guerres indiennes, avant de quitter l'armée en 1889, et le Russe Evgeni Maximo (1849-1904), qui servit contre les Turcs, tant dans l'armée russe qu'au côté des Grecs ou des Serbes.

En cette époque charnière, on peut s'interroger sur les réelles motivations de ces hommes qui s'épanouissent dans les situations conflictuelles. Sont-ils de talentueux idéalistes, d'ambitieux personnages charismatiques ou tout simplement des aventuriers qui profitent de conjonctures internationales favorables à l'accomplissement de leur destinée d'hommes de guerre ? En tout état de cause, nulle place n'est accordée à l'amateurisme. Nombre d'entre eux se révèlent même de fins théoriciens militaires. Il n'empêche que, progressivement, au xxe siècle, la fonction de mercenaire, coupée de son contexte, est décriée, méprisée, réduite à une vision simpliste et peu flatteuse.

Brigades et volontaires internationaux

En Europe, la guerre civile espagnole (1936-1939) exerce surtout un effet d'attraction auprès de volontaires, comme les dix mille Français auxquels Paris reconnaîtra le statut d'anciens combattants. André Malraux, commandant de l'escadrille de volontaires français España, obtient des sommes considérables pour rémunérer une partie des pilotes. Ceux-ci intègrent les Brigades internationales et luttent au côté des républicains espagnols. Ils côtoient d'autres volontaires venus du monde entier, le plus souvent originaires de pays européens soumis à la dictature tels que l'Italie, l'Allemagne, la Bulgarie ou encore la Lettonie et la Pologne. D'autres arrivent d'Europe centrale et balkanique. La guerre civile espagnole devient alors, pour eux, un symbole de lutte où l'on transfère ses convictions politiques et le refus du régime de son propre pays. On remarque aussi des Suisses, des Sud-Américains et des Cubains, et même quelques Éthiopiens dont le pays est alors occupé par les[...]

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Écrit par

  • : docteur en histoire, enseignant en histoire et géographie, en géopolitique et défense intérieure

Classification

Pour citer cet article

Pascal LE PAUTREMAT. MERCENAIRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Portrait d'homme</it> dit <it>Le Condottiere</it>, A. de Messine - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Portrait d'homme dit Le Condottiere, A. de Messine

Giuseppe Garibaldi - crédits : Universal History Archive/ UIG/ Getty Images

Giuseppe Garibaldi

Autres références

  • ABDALLAH ABDERAMANE AHMED (1919-1989)

    • Écrit par Marie-Françoise ROMBI
    • 977 mots

    Premier chef d'État des Comores, Ahmed Abdallah est né le 12 juin 1919 sur la côte est de l'île d'Anjouan, dans l'aristocratie de Domoni, selon sa biographie officielle. Mais divers portraits du chef du Parti vert (de la couleur des bulletins de vote) le décrivent plutôt comme un paysan madré...

  • ARMÉE - Typologie historique

    • Écrit par Paul DEVAUTOUR, Universalis
    • 12 926 mots
    • 21 médias
    Les armées mercenaires sont des armées de métier, généralement à base d'étrangers, soit de même nationalité, soit de nationalités mêlées, qui vendent leurs services, selon contrat, à un prince ou à un État. Il en est ainsi dans l'Antiquité, surtout aux phases d'impérialisme, en Orient et en Extrême-Orient...
  • CELTES

    • Écrit par Christian-Joseph GUYONVARC'H, Pierre-Yves LAMBERT, Stéphane VERGER
    • 15 826 mots
    • 5 médias
    L'intégration des nouveaux arrivants est facilitée par le fait qu'ils constituent une puissance militaire à craindre, ou bien à exploiter. Déjà dans la première moitié du ive siècle, des mercenaires celtiques sont engagés par Denys de Syracuse. Certains établissements, comme Ancône sur l'Adriatique,...
  • COMORES

    • Écrit par Universalis, Marie-Françoise ROMBI
    • 4 939 mots
    • 4 médias
    Dansla nuit du 12 au 13 mai 1978, un commando de cinquante mercenaires européens, conduits par le « colonel » Bob Denard, capture Ali Soilih, disperse l'« armée populaire » et prend le contrôle du pays, préparant le retour d'Ahmed Abdallah (21 mai), suivi de l'assassinat d'Ali Soilih (28 mai). Trait...
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