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MAYAS

Le Classique récent et l'apogée

Visage modelé, art maya - crédits : Jean-Pierre Courau/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Visage modelé, art maya

Les stèles, souvent érigées tous les vingt ans, sont les supports privilégiés pour inscrire les dates et les événements importants pour chaque dirigeant. Les Mayas utilisent aussi les disques de pierre (Caracol), les escaliers hiéroglyphiques (Copán, Yaxchilan), les panneaux (La Corona), voire le stuc (à Palenque), ou la peinture murale (à Bonampak). L'abondance et la diversité des textes, comme les progrès du déchiffrement permettent peu à peu de faire entrer les Mayas dans l'histoire. L'identification des glyphes-emblèmes, propres à chaque cité, dessine une carte politique du territoire, où s'affrontent au minimum une cinquantaine d'entités rivales. On ne peut ici en dresser la liste, mais il suffit d'évoquer Tikal et Calakmul, bien sûr, mais aussi Copán, Quiriguá, Palenque, Toniná, Yaxchilan, Piedras Negras, Caracol, Naranjo et tant d'autres pour constater que chacune ne contrôle qu'un territoire assez restreint, où souvent une journée de marche permet d'aller des frontières à la capitale. À l'intérieur de ces limites, la population est répartie en hameaux, en petits villages, parfois dans des bourgs contrôlés par une famille noble alliée ou vassale de la dynastie. Ces petits centres comptent alors un palais, un temple, rarement un monument sculpté ou un terrain de jeu de balle.

Fresques de Bonampak : musiciens - crédits : Index/  Bridgeman Images

Fresques de Bonampak : musiciens

Fresques de Bonampak : scène de danse - crédits : Index/  Bridgeman Images

Fresques de Bonampak : scène de danse

C'est dans la cité que réside le dirigeant, l'Ajaw, avec sa famille, ses guerriers, ses prêtres et ses serviteurs. La vie tourne autour de la dynastie régnante. Le roi exerce un pouvoir absolu, entouré de ses ancêtres, et revêtu des symboles solaires ou terrestres qui justifient sa puissance. Il est représenté sur les monuments sculptés, sur les crêtes faîtières qui couronnent les temples, à Tikal, sur les fresques à Bonampak. Il y apparaît revêtu des atours du pouvoir, accompagné de créatures qui évoquent ses prédécesseurs. Il fait ériger les pyramides qui abritent les tombeaux de ses ancêtres, à Palenque (temple des Inscriptions), Tikal (temples I, IV) ou Calakmul. Même si son pouvoir est absolu, il n'est en réalité que le représentant de la dynastie, ce qui lui impose des obligations lourdes. Pour son peuple, il doit assumer la survie et la protection de la communauté, verser son sang dans l'autosacrifice, comme on le voit sur les panneaux de Yaxchilán. Si le pouvoir est héréditaire, sa stabilité dépend largement de la capacité du dirigeant à assurer la prospérité face aux exigences des divinités et aux convoitises des ennemis. Le pouvoir dynastique, la cité, le territoire sont étroitement interdépendants.

Tikal - crédits : A. Vergani/ DeAgostini/ Getty Images

Tikal

Yaxchilan : autel sacrificiel - crédits : Index/  Bridgeman Images

Yaxchilan : autel sacrificiel

Femme avec chapeau, art maya - crédits : F. Guénet/ AKG-images

Femme avec chapeau, art maya

Les dirigeants doivent affirmer leur prestige personnel, celui de leur dynastie et celui de leur cité. Sur le plan intérieur, cela se traduit par une politique permanente de construction et de grands travaux. Chaque cité se dote de temples-pyramides, d'acropoles, de palais aux multiples pièces, de terrains de jeu de balle, mais aussi de gigantesques chaussées pavées, où, comme à Tikal, se déroulent les processions. Les signes extérieurs de richesse se font plus ostentatoires : vêtements brodés, coiffures surmontées de panaches de plumes de quetzal, peaux travaillées de jaguar, bijoux de jade et de pierres fines. Pour assurer la qualité de cet apparat, les dirigeants s'entourent d'artisans qui fabriquent les boucles d'oreilles, les colliers, les anneaux, mais aussi les armes et autres symboles du pouvoir. Des potiers créent la vaisselle de luxe, souvent polychrome, décorée de scènes qui représentent les dirigeants. Parmi ces récipients somptueux, les vases-codex, cylindres polychromes ornés de figures mythologiques et d'inscriptions, occupent une place de choix. Il faut mentionner aussi les scribes, les sculpteurs, les artisans du bois, responsables des linteaux qui ornent, comme à Tikal, l'entrée des temples. Cette politique somptuaire pèse très lourdement[...]

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Pour citer cet article

Éric TALADOIRE. MAYAS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Cylindre à trépied, art maya - crédits : F. Guénet/ AKG-images

Cylindre à trépied, art maya

Copán, le terrain de jeu de balle - crédits : Jean-Pierre COURAU/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Copán, le terrain de jeu de balle

Visage modelé, art maya - crédits : Jean-Pierre Courau/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Visage modelé, art maya

Autres références

  • CODEX MAYAS

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 2 839 mots
    • 4 médias

    On ne connaissait que trois manuscrits pictographiques mayas. Les datations, les analyses physico-chimiques de matériaux, l’entomologie, les études iconographiques et stylistiques récemment effectuées au Mexique sont venues confirmer en 2018 l’authenticité d’un quatrième, le codex Grolier,...

  • LES MAYAS et MEXIQUE, TERRE DES DIEUX (expositions)

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 992 mots

    Plusieurs expositions majeures sont venues nous rappeler que les arts d'Amérique préhispanique se réduisent difficilement à la dénomination d'Arts premiers et jouissent désormais d'un statut comparable à celui des arts classiques. L'expositionLes Mayas (I Maya), présentée...

  • MAYA. DE L'AUBE AU CRÉPUSCULE, COLLECTIONS NATIONALES DU GUATEMALA (exposition)

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 1 007 mots

    Il faut remonter à 1968 pour trouver la trace d'une exposition consacrée en France à l'art maya du Guatemala. L'exposition présentée du 21 juin au 2 octobre 2011 au musée du quai Branly constitue donc une véritable découverte, en dépit de sa dimension restreinte. Elle permet d'apprécier...

  • STÈLES DATÉES DE L'AIRE MAYA - (repères chronologiques)

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 130 mots

    126 Stèle 5 d'Abaj Takalik, côte du Pacifique.

    143 Stèle 1 de La Mojarra, Veracruz.

    292 Stèle 29 de Tikal : début de la période classique.

    292-534 Période du Classique ancien.

    534 Début du hiatus : interruption de l'érection de stèles et de monuments datés.

    593 Fin du hiatus,...

  • AGUADA FÉNIX, site archéologique

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 2 830 mots
    • 3 médias
    ...L’organisation spatiale d’Aguada Fénix a immédiatement attiré l’attention de Takeshi Inomata, par sa similitude avec ce que les historiens de la civilisation maya nomment « groupe E ». Cette désignation correspond au nom du premier ensemble identifié à Uaxactun (Guatemala) par Frans Blom en 1926....
  • AMÉRINDIENS - Amérique centrale

    • Écrit par Universalis, Georgette SOUSTELLE
    • 7 512 mots
    • 1 média
    ...d'une nappe et portant des fleurs et des images de saints. On trouve aussi dans cette pièce des chaises et des bancs, des nattes servant de lit. En pays maya, on dort dans des hamacs. Le centre de la cuisine est le foyer fait de trois pierres. Les principaux ustensiles de cuisine sont le metate et son pilon,...
  • ASTURIAS MIGUEL ÁNGEL (1899-1974)

    • Écrit par Rubén BAREIRO-SAGUIER, Bernard FOUQUES
    • 3 213 mots
    • 1 média

    Pour pouvoir situer Asturias dans l'ensemble du roman hispano-américain, il faut rappeler ce qu'était avant lui la littérature de ce vaste monde qui s'exprime dans un espagnol variant d'ailleurs avec chaque région. Toute une forme du roman prit naissance avec un événement historique d'une grande importance...

  • BAUDEZ CLAUDE-FRANÇOIS (1932-2013)

    • Écrit par Éric TALADOIRE
    • 861 mots
    • 1 média

    Né en 1932 à Paris, l’archéologue, historien d’art et anthropologue Claude-François Baudez est l’auteur d’une importante œuvre scientifique, consacrée principalement à l’étude des Mayas. Issu d’une famille bourgeoise catholique, il conservera toute sa vie les principes qui lui ont...

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Voir aussi