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MASACCIO (1401-env. 1429)

Masaccio et Masolino

Masaccio put précocement échapper au système humiliant de l'atelier pour s'installer à son compte. Cela entraîna pour lui des difficultés financières, attestées par les documents. Ce n'est pas là un fait secondaire si l'on veut comprendre la conception nouvelle, individualiste, que Masaccio, en homme de la Renaissance, se fit de son métier d'artiste. Le nouveau statut social du groupe des novateurs implique la recherche de nouvelles formes d'organisation du travail et celle de nouveaux débouchés sur le marché de la peinture. On sait par les documents historiques que Donatello, l'ami et le protecteur de Masaccio, choisit quant à lui les formes juridiques de la « compagnie ». Dans la « compagnie », deux artistes indépendants se lient pour un temps déterminé afin d'obtenir plus de commandes et contrôler plus facilement une grande partie du marché. Ce rapport de complémentarité économique élargit énormément l'horizon du vieil atelier. Dans la « compagnie », les personnalités ne tendent pas à se fondre. Mais les deux artistes collaborent selon des méthodes rationnelles de répartition du travail. Donatello, bien qu'il soit le meneur de jeu, n'arrivera jamais à faire de Michelozzo son alter ego, pas même d'un point de vue purement artistique. On ne connaît pas aujourd'hui, par insuffisance de documents historiques, quel type de rapports économiques Masolino et Masaccio décidèrent d'instaurer entre eux, en cette même année 1425 qui a vu naître la « compagnie » de Donatello et de Michelozzo. Cependant, tout laisse croire que les deux peintres furent, en droit et en fait, sur un pied d'égalité absolue. Il n'est pas douteux que l'« étourdi » Masolino n'a jamais été capable de comprendre et de s'approprier les innovations de son jeune compatriote. Mais il faut aussi se demander jusqu'à quel point il a vraiment voulu le faire, et s'il a vraiment cherché à dépasser un accord stylistique capable de donner à l'œuvre une cohérence suffisante pour que les commanditaires ne voient pas la différence de main. Il est vrai qu'en ce qui concerne les fresques de la chapelle Brancacci la présence des deux mains sur le même morceau de fresque (au centre de la scène qui comprend La Résurrection de Tabitha) montre que, au moins à un certain moment, les deux artistes travaillèrent côte à côte. Mais cela ne fut certainement pas le cas pendant toute la durée des travaux que Masolino commença probablement seul en 1424 et qui furent continués en 1425-1427 par le seul Masaccio. Il en fut de même pour les autres œuvres où les deux artistes collaborèrent : Sainte Anne, la Vierge avec l'Enfant et des anges (1424-1425, musée des Offices, Florence) ; les fresques de la chapelle Branda (1425-1431, Saint-Clément, Rome) ; enfin, le triptyque à deux faces qui se trouvait autrefois à Sainte-Marie-Majeure à Rome (1425-1431 ; la partie centrale avec La Fondation de Sainte-Marie-Majeure et L'Assomption est actuellement au musée Capodimonte de Naples ; le panneau de gauche avec Saint Jérôme et saint Jean-Baptiste et Saint Libère et saint Matthieu est à la National Gallery de Londres ; le panneau de droite avec Saint Pierre et saint Paul et Saint Jean l'Évangéliste et saint Martin appartient à la Johnson Collection de Philadalphie). En ce qui concerne les fresques de la chapelle Brancacci, on a déjà établi depuis longtemps que Masolino a travaillé aux deux figures d'Adam et d'Ève à une époque antérieure à sa rencontre avec Masaccio. Il continua ensuite, en cherchant à suivre comme il le pouvait les innovations de son compagnon. Il réalisa la majeure partie de La Prédication de saint Pierreet de la double scène avec La Guérison de l'infirme et la résurrection de Tabitha. À la chapelle Branda[...]

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Pour citer cet article

Giovanni PREVITALI. MASACCIO (1401-env. 1429) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le Paiement du tribut, Masaccio - crédits : Antonio Quattrone/ Archivio Quattrone/ MONDADORI PORTFOLIOvia Getty Images

Le Paiement du tribut, Masaccio

Cantoria de la cathédrale de Florence, L. della Robbia - crédits :  Bridgeman Images

Cantoria de la cathédrale de Florence, L. della Robbia

<it>La Trinité</it>, Masaccio - crédits :  Bridgeman Images

La Trinité, Masaccio

Autres références

  • FRESQUES DE LA CHAPELLE BRANCACCI, MASACCIO (Florence)

    • Écrit par Barthélémy JOBERT
    • 203 mots
    • 1 média

    Masaccio a peint, avec la collaboration de Masolino, les fresques de la chapelle Brancacci à l'église Santa Maria del Carmine de Florence. Elles relatent divers épisodes de la vie de saint Pierre et marquent en peinture, comme la Trinité que Masaccio peint exactement au même moment à...

  • BRUNELLESCHI FILIPPO (1377-1446)

    • Écrit par Gian-Carlo ARGAN
    • 2 148 mots
    • 6 médias
    Brunelleschi conçoit la perspective comme structure géométrique de l'espace et l'architecture comme représentation rationnelle de cet espace. L'Ospedale degli Innocenti (1419-1444), par son but social même, répond à une double exigence d'urbanisme et de perspective : il devait être le premier côté de...
  • LIPPI Fra FILIPPO (1406-1469)

    • Écrit par Marie-Geneviève de LA COSTE-MESSELIÈRE
    • 516 mots
    • 2 médias

    Placé tout jeune chez les Carmes de Florence, le futur peintre Filippo Lippi prononce ses vœux à quinze ans, quitte le monastère dix ans plus tard tout en gardant l'habit, part pour Padoue, revient à Florence (en 1437), mais non au couvent, s'attire quelques difficultés avec les autorités civiles...

  • NAPLES À PARIS (exposition)

    • Écrit par Robert FOHR
    • 1 186 mots
    • 1 média
    ...pouvait manquer de faire ressortir certaines lacunes du musée parisien. Riche en peintures du Quattrocento, le Louvre ne possède cependant pas d’œuvre de Masaccio, représenté ici par une admirable Crucifixion (1426), ni de panneau de Giovanni Bellini comparable à la Transfiguration (1478-1479), ni...
  • PIERO DELLA FRANCESCA (entre 1415 et 1420-1492)

    • Écrit par Pasquale ROTONDI
    • 3 299 mots
    • 6 médias
    ...composition plus grande que celle que l'œuvre possède actuellement, un dynamisme plus prononcé, un caractère dramatique plus éclatant. L'influence de Masaccio est évidente ; mais, on le voit surtout dans l'invention du panneau principal représentant la Vierge de la Miséricorde, cette influence est dominée...

Voir aussi