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MARRAKECH

Maroc : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maroc : carte administrative

Lorsque, après avoir traversé les steppes qui s'étendent au nord de Marrakech, on arrive en vue de la ville, celle-ci se présente comme une longue palmeraie d'où pointent des minarets et où l'on devine une masse confuse de maisons basses : c'est une sorte d'oasis, messagère et fille du désert, qui semble accueillir le voyageur.

Capitale, marché, sanctuaire, lieu de plaisir, décor dont la somptuosité ne cache pas la pauvreté de ses habitants, Marrakech ne se laisse pas enfermer dans une formule simple. Mais la majesté de son cadre, la grandeur de ses monuments fidèles à la tradition almohade, son admirable couleur, un gris-rose qui, suivant les heures du jour, s'exalte dans des rouges somptueux ou s'apaise dans des violets d'une exquise délicatesse, lui donnent d'exercer, sur ceux qui passent comme sur ceux qui y vivent, un véritable enchantement.

La fondation de Marrakech

L'apparence saharienne de Marrakech (en arabe Marrākush) est le fait de l'histoire bien plus que de la géographie. Toutes les plaines du Sud marocain et aussi le pied du Grand Atlas nourrissaient, grâce à un riche réseau d'irrigation, une solide vie sédentaire et paysanne. Les mêmes tribus berbères étaient installées en montagne et dans le plat pays. Les bourgades qui étaient les marchés et les petites capitales du Sud marocain étaient bâties dans la zone de liaison que constituait le piedmont.

Rien n'était plus inattendu que l'étrange et merveilleuse aventure des fondateurs de Marrakech, les Almoravides. Des tribus berbères chamelières avaient fait, à partir du iiie siècle, la conquête du Sahara. Convertis à l' islam à la fin du ixe siècle, elles avaient islamisé et parfois soumis les royaumes noirs du sud du désert.

Sous l'influence d'une prédiction réformiste, une confédération de tribus mauritaniennes prit une cohésion et une force nouvelles. Elle intervint au Maroc et bientôt en entreprit la conquête. Le chef des Almoravides, Abū Bakr, décida d'enraciner au Maroc les contingents qui l'avaient suivi et d'établir une base d'opérations dans le Sud marocain. La ville, fondée en 1062, ne fut d'abord qu'un grand camp militaire avec une forteresse de pierre où résidait l'émir. Les fouilles ont retrouvé une partie de cette qaṣaba qui fut l'embryon de la nouvelle cité.

Sous le successeur d'Abū Bakr, Yūsuf b. Tāshfīn, la ville se développa rapidement, tandis que le nord du Maroc et bientôt le Maghreb central jusqu'à Alger étaient conquis par les Almoravides. Appelé en Espagne pour y soutenir l'Islam ibérique fléchissant sous la poussée chrétienne, Yūsuf faisait bientôt la conquête de toutes les terres musulmanes de la Péninsule. Moins d'un demi-siècle après sa fondation, Marrakech devenait la capitale d'un empire qui englobait l'Espagne musulmane où régnait alors une des plus originales et une des plus belles des civilisations islamiques. Sous un flux constant d'influences hispaniques, Marrakech eut vite fait de se transformer.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-I
  • : membre de l'Institut
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Daniel NOIN et Henri TERRASSE. MARRAKECH [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Maroc : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Maroc : carte administrative

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme - crédits : Encyclopædia Universalis France

1500 à 1600. Expansion ibérique et Réforme

Bassin de la Ménara, Marrakech, Maroc - crédits : K. Kozlowski/ Shutterstock

Bassin de la Ménara, Marrakech, Maroc

Autres références

  • ÉVOLUTION DE LA VILLE ISLAMIQUE

    • Écrit par Janine SOURDEL
    • 3 970 mots
    • 1 média
    ...revivre d'anciennes métropoles d'empire et villes de gouvernement, telles l'ottomane Istanbul, l' Isfahan séfévide ou même les cités marocaines de Fès, Marrakech et Meknès sous les Mérinides, les Saadiens ou les Alaouides. Mais il s'agissait toujours de la répétition de schémas proprement médiévaux,...
  • MAROC

    • Écrit par Raffaele CATTEDRA, Myriam CATUSSE, Universalis, Fernand JOLY, Luis MARTINEZ, Jean-Louis MIÈGE
    • 20 360 mots
    • 22 médias
    ...million), la capitale politique et administrative du royaume ; Fès, l'ancienne capitale makhzénienne (1 million). Au deuxième rang se situent Marrakech (887 000 hab.) qui commande son espace régional, Agadir (679 000 hab.) en pleine expansion au sud-ouest, Tanger (près de 700 000 hab.)...

Voir aussi