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MARAIS & VASIÈRES

Les marais intérieurs

Les marais intérieurs ont des conditions de formation assez semblables à celles des lacs auxquels ils succèdent souvent. Quelques-uns d'entre eux sont dus à des causes internes, comme la subsidence (marais de la cuvette du Tchad, en Afrique). Les causes ressortissant à la géodynamique externe sont plus variées. Certains marais sont provoqués par l'évolution fluviale : ce sont les marais de bras mort des plaines alluviales à méandres divagants. Les anciennes boucles du Mississippi offrent ainsi toute une série de marais en croissants qui signalent l'emplacement d'anciens cours. Les fonds des vallées des grands fleuves de la zone intertropicale chaude et humide, comme le Congo ou l'Amazone, sont occupés par de vastes marais périodiquement submergés par des crues. Les zones de capture sont fréquemment couvertes de marécages dont le drainage demeure indécis entre les deux systèmes d'écoulement concurrents. Ainsi, la vallée morte de la tête du Petit Morin est-elle occupée par les marais de Saint-Gond, en Champagne. D'autres marais sont dus à l'évolution karstique : les fonds de la plupart des poljés offrent des étendues marécageuses comme celles du lac Copaïs, en Béotie, qui ont pu être asséchées au xixe siècle, ou celles du poljé Popovo, en ex-Yougoslavie, qui demeurent inondées une grande partie de l'année. Les zones couvertes au Quaternaire par les glaciers n'ont pas recouvré partout un drainage satisfaisant, et les marais, comme les lacs, y sont fort nombreux. La Finlande septentrionale présente de bons exemples de tels marécages inondés du printemps au début de l'été. Enfin, les cuvettes des zones endoréiques, par suite de l'insuffisance des précipitations, possèdent des lacs au niveau très changeant, sur les bordures desquels sont installés des marais plus ou moins salés : ainsi ceux du Bahr Najaf, au sud-ouest de Bagdad, en Irak.

Les sols des marais intérieurs offrent une infinie variété, depuis les sols halomorphes (ou sodiques) des marais salés jusqu'à ceux des marais de la plaine amazonienne. Les sols des marais d'eau douce de la zone tempérée présentent une hydromorphie caractérisée. Beaucoup d'entre eux sont des sols à gley avec un humus de type « anmoor » lorsqu'ils connaissent un assèchement à certaines périodes de l'année. S'il n'y a pas d'assèchement, le sol est constitué par de la matière organique qui ne se décompose que très lentement dans un milieu mal aéré où se forme la tourbe.

La végétation des marais de la zone intertropicale chaude et humide peut comprendre des arbres (Ceiba pentenda, Symphonica globulifera...) présentant souvent des contreforts ou des racines adventices. On connaît même, dans les régions marécageuses d'Insulinde, des tourbières avec forêt : la tourbe s'y forme par accumulation de troncs d'arbres.

La végétation des marais intérieurs salés offre beaucoup d'analogie avec celle des marais maritimes et les halophytes qu'on y trouve sont le plus souvent les mêmes que sur les rivages marins ; ainsi la flore des marais salés du sud-ouest de Bagdad comprend : Salicornia herbacea, Scirpus maritimus, etc.

La végétation des marais d'eau douce de la zone tempérée dépend du régime et de la nature des eaux d'inondation. Les roseaux (Phragmites communis), les massettes (Typha angustifolia) abondent dans les parties inondées. Lorsque la nappe d'eau est peu épaisse et que les eaux sont chargées de substances nutritives, des tourbières basses s'installent, caractérisées par des grands Carex et, lorsque l'inondation est moins importante, des saules et des aulnes, comme on en connaît dans les régions marécageuses des rives du Rhin et du Danube.

Un grand nombre de marais intérieurs ont été drainés par un réseau de fossés, de canaux[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités, directeur de laboratoire à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Fernand VERGER. MARAIS & VASIÈRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Schorre et slikke - crédits : Encyclopædia Universalis France

Schorre et slikke

Roseaux - crédits : Gerard Sioen/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Roseaux

Jardins de vase de la mer du Nord - crédits : Encyclopædia Universalis France

Jardins de vase de la mer du Nord

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations marines

    • Écrit par Jean-Pierre PINOT
    • 7 916 mots
    • 26 médias
    Une vasière où s'est installée la végétation peut être, sous certaines conditions, fermée de digues et transformée en terres agricoles. On lui donne alors le nom de marais.
  • BONIFICATION DES SOLS

    • Écrit par Roger BÉTEILLE
    • 591 mots

    Bonifier une terre, c'est la rendre productive. Cependant, le terme italien bonifica et la politique qui s'y attache ne concernent pas seulement la production agricole. L'œuvre de bonification intéresse des domaines naturels improductifs ou déshérités : marécages, montagnes ruinées par l'érosion,...

  • FER - Minerais de fer

    • Écrit par Louis BUBENICEK, Éric HESS, Richard PAZDEJ
    • 5 195 mots
    • 6 médias
    Dansles régions nordiques d'Europe et d'Amérique, de nombreux marais présentent sur leur fond et certaines rives des formations ferrugineuses qui ont été exploitées comme minerai de fer et le sont encore localement. Les amas sont peu importants en tonnage. Ils sont formés de limonite, chlorites, ...
  • LACS

    • Écrit par Bernard DUSSART
    • 9 347 mots
    • 9 médias
    Les marais sont à la limite entre milieu terrestre et milieu aquatique. Ils ont en commun avec le premier un sol hydromorphe et des échanges physico-chimiques rapides, soit avec l'atmosphère, soit avec les horizons inférieurs, et avec le second la flore et les dépôts de sédiments quand ils sont remplis...
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