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BOLTZMANN LUDWIG (1844-1906)

L'illusion phénoménologique au sens de Boltzmann

Elle consiste à croire que l'on peut se passer d'abstractions dans la description des faits d'expérience. Or, de l'avis de Boltzmann, nous ne pouvons prononcer une seule phrase qui traduise le pur fait d'expérience, car les mots les plus ordinaires, qui semblent ne désigner que de simples sensations, lesquelles ont valeur universelle, expriment des concepts formés par abstraction à partir de multiples faits expérimentaux.

C'est donc à tort que les savants allemands, férus de l'énergétique, considèrent comme définitivement révolues les hypothèses mécanistes qui, en réduisant les propriétés des corps à des combinaisons de figures et de mouvements locaux, ont permis, dans le passé, l'accès à des équations générales.

Boltzmann ne nie pas que le développement de l'énergétique puisse révéler dans l'avenir de nouvelles formes de pensée, mais, en commentant les tentatives faites pour retrouver tout l'acquis de la mécanique théorique à partir du seul principe de l'énergie, il remarque que l'on continue à parler des éléments d'un système comme de points matériels. Il déclare avec une grande finesse qu'il ne peut se représenter comment une mécanique peut être construite à partir de l'idée que l'énergie cinétique est une donnée première, tandis que l'objet même du mouvement ne serait qu'un concept dérivé.

Boltzmann réclame en définitive, pour la théorie physique, une grande sagesse. Le progrès de la science élargit les points de vue, affine les abstractions, mais supporte mal les excommunications hâtives. Et comment le savant pourrait-il se passer de toute image, de tout modèle dont sont faites toutes les pensées humaines ?

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Pierre COSTABEL. BOLTZMANN LUDWIG (1844-1906) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Ludwig Boltzmann - crédits : ullstein bild/ Getty Images

Ludwig Boltzmann

Autres références

  • ENTROPIE

    • Écrit par Bernard DIU
    • 1 350 mots
    • 1 média
    ...sous-jacente – que l'on qualifie de microscopique – pour analyser avec succès les propriétés des corps à l'échelle courante – macroscopique. En 1872, pourtant, Ludwig Boltzmann (1844-1906) présenta une théorie nouvelle, que l'on appelle depuis mécanique statistique : elle se proposait, partant du microscopique...
  • ERGODIQUE THÉORIE

    • Écrit par Antoine BRUNEL
    • 3 277 mots
    ...finies Π de Ω. Le nombre Ĥ (éventuellement + ∞) est l'entropie du système S. Ajoutons que cette notion est très voisine de celle qui est utilisée par Boltzmann dans la théorie cinétique des gaz et qu'elle a été l'objet de profonds et difficiles travaux de Sinaï qui, par là, a fait un pas important vers...
  • HASARD & NÉCESSITÉ

    • Écrit par Universalis, Ilya PRIGOGINE, Isabelle STENGERS
    • 9 614 mots
    On ne décrira pas ici la lutte de Boltzmann, qui tenta en vain de séparer déterminisme dynamique et réversibilité (I. Prigogine et I. Stengers, 1988), c'est-à-dire de montrer que l'évolution irréversible, à entropie croissante, vers l' équilibre thermodynamique si elle n'avait pas de sens en ce qui...
  • IRRÉVERSIBILITÉ

    • Écrit par Radu BALESCU
    • 2 352 mots
    Historiquement, le premier modèle moléculaire d'un phénomène irréversible fut fourni par la théorie cinétique des gaz de L. Boltzmann, développée à la fin du xixe siècle. Cette théorie concerne la fonction de distribution réduite f1 (q, p ; t ) (densité de probabilité de trouver une...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi