Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

NÉERLANDAISE ET FLAMANDE LITTÉRATURES

Par un mécanisme universel bien connu, la littérature néerlandaise est progressivement née d'une tradition en premier lieu orale, suivie d'un certain nombre de documents manuscrits. Historiquement, il faut situer cette naissance entre 1100 et 1200 ; géographiquement, les Pays-Bas, le Limbourg, la Flandre et le nord de la France actuels constituent le lieu du berceau. De même que toute évolution de ce genre, celle-ci va de pair avec l'avènement d'une identité culturelle et linguistique. L'appellation « néerlandais » ne sera au demeurant employée qu'à partir du xvie siècle sous l'égide de la Hollande du Nord, mais le bas-allemand ou nederduyts (diets pour le Sud ou duuts pour le Nord) est déjà très tôt une langue à part entière.

À l'heure actuelle, on signale trois nuances qui distinguent le flamand du néerlandais dit « septentrional ». D'abord, le flamand reste – à son corps défendant – assez proche du français par l'emploi d'un certain nombre de gallicismes, voire de traductions littérales de locutions ou de mots français. Ensuite s'observe en Flandre une tendance à utiliser des archaïsmes sinon oubliés, du moins tombés en désuétude aux Pays-Bas. Enfin, le néerlandais est, d'un point de vue consonantique, plus dur, plus guttural que le flamand, celui-ci étant davantage « méridional » et chantant. Toutefois, il est indéniablement question d'une seule et maîtresse langue, bâtie sur une syntaxe et une orthographe invariables d'un pays à l'autre.

Sur le plan littéraire s'observent, en dépit d'un décalage structurel, les mêmes repères que dans les pays environnants. Tel est notamment le cas de ces zones transitoires, où le contact entre Flamands et Wallons, entre Néerlandais et Français, a toujours été remarquablement intense. Aussi est-ce initialement là que fleurit une vie culturelle d'expression « néerlandaise ». Cette floraison durera jusqu'à la chute d'Anvers en 1585. Puis il faudra attendre plus de deux siècles pour voir la littérature flamande resurgir. Depuis lors, les Pays-Bas et la Flandre partagent de nouveau une littérature de caractère à la fois nordique et européen. Il est difficile d'établir un canon invariable, mais on est fondé à croire que la création littéraire des deux pays a toujours été dominée par un mimétisme certain. C'est dire que l'intérêt porté à l'abstraction philosophique et au fantastique semble en général y occuper le second plan.

Moyen Âge et rhétorique (1150-1560)

La littérature néerlandaise commence ainsi : hebban olla vogala nestas hagunnan hinase hic enda thu wat unbidan we nu (« Tous les oiseaux ont commencé leurs nids – sauf toi et moi – alors, qu'attendons-nous ? »). Outre ces deux vers anonymes, les textes les plus anciens sont de la main du poète limbourgeois Henric Van Veldeke (1128 ?-1190 ?), qui composa de nombreuses romances courtoises et des hagiographies. Parmi celles-ci la Legende Van Sint Servaes (traitant de la vie du saint patron de Maastricht) est la plus connue, cependant que l'Éneit (L'Énéide) écrite vers 1175 est son œuvre maîtresse. Bien que rédigés dans un diets assez pur, les écrits de Van Veldeke sont encore très proches de l'allemand.

Rappelons que le Moyen Âge néerlandais est foncièrement théocentrique. Jusqu'à la Renaissance, la religion continue à dominer la pensée de la plupart des auteurs ; chez certains, toute création littéraire converge même avec une mystique ardente, comme chez la béguine brabançonne Hadewijch (1200 ?-1250 ?). Une légende exemplaire anonyme mais toujours accessible est Beatrijs, l'histoire d'une sacristine égarée, mais remplacée – et en dernier lieu sauvée – par la Sainte Vierge. Par la suite, la littérature spirituelle évoluera vers des registres d'expression[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur ès lettres, écrivain, traducteur, professeur de littérature française

Classification

Pour citer cet article

Paul GELLINGS. NÉERLANDAISE ET FLAMANDE LITTÉRATURES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Portrait d'Érasme</it> - crédits : Photos.com/ Jupiterimages

Portrait d'Érasme

Baruch Spinoza - crédits : AKG-images

Baruch Spinoza

Hugo Claus - crédits : Ulf Andersen/ Getty Images Entertainment/ Getty Images

Hugo Claus

Autres références

  • BEATRIJS, œuvre anonyme

    • Écrit par Norbert DE PAEPE
    • 318 mots

    Adaptation néerlandaise d'un conte de la Vierge, la légende fort répandue au Moyen Âge de la sacristine — ou selon d'autres de la tourière. Des multiples versions qui s'en inspirèrent — latine, française, germanique, nordique ou arabe —, celle qui provient du centre des Pays-Bas apparaît la plus...

  • CLAUS HUGO (1929-2008)

    • Écrit par Paul GELLINGS
    • 1 618 mots
    • 1 média

    Auteur prolifique et à multiples facettes, dont l'envergure internationale fut définitivement scellée par son opus magnum Het verdriet van België (Le Chagrin des Belges, 1983), Hugo Claus appartient aux grandes figures de la littérature néerlandophone. Citée à plusieurs reprises pour le prix...

  • CONSCIENCE HENRI (1812-1883)

    • Écrit par Universalis
    • 289 mots

    Écrivain flamand. Épris de son pays, Conscience résolut d'écrire en une langue que la bourgeoisie francophone de l'époque considérait comme un patois destiné au vulgaire. Le romantisme nationaliste lui inspira Le Lion de Flandre (De Leeuw van Vlaanderen, 1838), récit épique de la...

  • GEZELLE GUIDO (1830-1899)

    • Écrit par J.-P. COUTTENIR
    • 363 mots

    Personnalité riche et complexe, Gezelle, écrivain belge d'expression néerlandaise, exerça une profonde influence sur l'évolution culturelle des Flandres. Originaire d'un milieu populaire brugeois, il s'orienta vers le sacerdoce, mais ne put devenir missionnaire comme il le souhaitait. Professeur à...

  • Afficher les 17 références

Voir aussi