LISBONNE

La ville au nord du Tage

La ville s'est d'abord confondue avec son port, dont l'extension le long du fleuve est jalonnée par les grands monuments de l'art manuélin (tour de Belém, monastère des Hiéronymites). S'il reste encore quelques vestiges industriels et des installations portuaires, la restitution de l'espace fluvio-maritime à la ville s'est effectuée à l'exemple de Barcelone, de Gênes ou de Marseille, depuis la fin des années 1980. L'Exposition universelle de 1998 fut l'occasion d'un plan de modernisation de la partie nord-est de la ville. À cet endroit, le Tage n'a pas les profondeurs requises par la navigation moderne et, le long du fleuve, les friches industrielles s'étaient multipliées. Très coûteuse et prise en charge par l'État, la réhabilitation s'est accompagnée de réussites architecturales telle la gare édifiée par l'architecte espagnol Santiago Calatrava ; mais le nouveau quartier reste sans vie et mal intégré au tissu urbain.

L'accès au plateau de l'intérieur demeure assuré le long du ravin dont les deux bords sont parcourus par l'avenue de la liberté (Avenida da Liberdade) et par l'avenue de l'amiral Reis (Avenida Almirante Reis) puis de l'amiral Gago Coutinho que suivirent les premières lignes de métro (1959). Si l'ouest concentre toujours les centres de décision (Chambre des députés, ministère des Affaires étrangères, ambassades) et les grands espaces verts de Monsanto et de la Tapada da Ajuda, ainsi que des initiatives architecturales modernes tel le centre commercial Amoreiras ou le centre culturel de Belém, le nord-est est resté longtemps un mélange confus de quartiers pauvres et dégradés (Olaias, Picheleira, Alto do Pina), de vestiges villageois et de quartiers populaires comme Chelas ou Olivais Sul dans lesquels un effort d'aménagement fut sensible. Entre les limites municipales et le front d'urbanisation, des friches sont devenues, à partir des années 1990, le lieu d'une urbanisation accélérée où se mêlent grands immeubles, services de l'État et supermarchés. Au-delà des limites municipales, l'urbanisation spontanée accompagne les grands axes ferroviaires et routiers. Une partie des quartiers de la ville au nord du Tage est affectée par les nuisances sonores d'un aéroport international inclus dans le tissu urbain.

Les banlieues au sud du Tage

La croissance de la ville s'est d'abord localisée autour de petits noyaux urbains localisés le long du rivage. Barreiro, tête de ligne des chemins de fer desservant le sud du pays à partir de 1861, fut le premier foyer d'industrialisation après le transfert, en 1908, des activités de la Companhia União Fabril qui se développèrent dans la chimie lourde. Dans la seconde moitié du xx^e siècle s'installèrent, tour à tour, les industries du liège, celles des pneumatiques (Firestone) puis de l'aluminium à Alcochete, de la sidérurgie à Paio Pires, des chantiers[...]