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LIAISONS CHIMIQUES Liaison et classification

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La nature de la liaison chimique

Si la mécanique quantique permet d'obtenir une description satisfaisante des molécules, le problème de la nature de la liaison chimique reste entier. En effet, par construction, la mécanique quantique ne nous donne qu'une description globale de la molécule. Tout découpage d'une propriété globale en propriétés locales est conventionnelle, en particulier la notion de liaison au sens où l'entend le chimiste. Pourtant, la puissance du concept classique de liaison ne peut pas ne pas correspondre à quelque réalité physique sous-jacente.

Une façon usuelle d'interpréter la fonction d'onde totale utilisée dans la méthode des orbitales moléculaires consiste à dire que les électrons s'associent par paires sur des niveaux moléculaires, étant bien entendu que les électrons s'échangent continuellement entre eux. L'utilisation d'orbitales moléculaires localisées (d'où découle le concept d'hybridation) peut laisser croire que l'on rejoint ainsi le modèle classique des paires localisées entre les noyaux à la précision supplémentaire que les électrons s'échangent entre eux au cours du temps. En fait, il n'en est rien, la localisation des orbitales moléculaires est une opération purement mathématique qui n'implique aucune localisation physique des électrons. Une analyse récente introduit la notion de fluctuation relative du nombre d'électrons présents en moyenne dans des domaines définis, non pas dans l'espace géométrique, mais par les divers couples d'orbitales atomiques hybrides sur lesquels sont construites les diverses fonctions localisées. Pour deux atomes, classiquement considérés comme liés, la fluctuation relative est au plus égale à 0,10. Par exemple, dans CH4, entre C et H : 0,06, alors qu'entre deux H (non liés) : 0,5. Cette interprétation montre que le concept de liaison au sens classique (domaine dans lequel les électrons séjournent un certain temps par paire) peut être retrouvé, mais à condition de se placer dans un espace autre que l'espace géométrique.

Dans ce modèle, les électrons séjourneraient physiquement pendant un certain temps dans chacun des domaines, s'échangeant sans cesse, le nombre d'électrons dans chacun de ces domaines restant pratiquement inchangé. Cela expliquerait le caractère très local de la plupart des réactions chimiques, que le rôle complètement équivalent que la mécanique quantique fait jouer aux électrons en ne donnant que des caractéristiques moyennes (les mêmes pour tous les électrons) ne permet pas d'expliquer. Appliquée à l'atome, cette analyse justifie la notion d'électrons internes et d'électrons de valence, seuls disponibles pour réagir, étant bien entendu ici encore que, si le nombre d'occupation des divers domaines est bien déterminé, nous ne savons pas nominativement quels électrons s'y trouvent.

— André JULG

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

André JULG. LIAISONS CHIMIQUES - Liaison et classification [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Chimie théorique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chimie théorique

Variation de l'énergie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Variation de l'énergie

Orbitales moléculaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Orbitales moléculaires

Autres références

  • ACIDES & BASES

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    • 7 médias
    Le caractère acide d'une molécule HA repose principalement sur la nature de la liaison chimique entre H et le reste A de la molécule.
  • ADSORPTION

    • Écrit par
    • 4 819 mots
    • 2 médias
    En chimisorption, les liaisons dans les molécules sont profondément modifiées par suite de la formation de liaisons chimiques avec l'adsorbant. L'objectif des recherches concerne principalement la description des espèces adsorbées et l'étude de leur stabilité, en relation avec leur rôle essentiel d'intermédiaires...
  • AMINOACIDES ou ACIDES AMINÉS

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    ...nettement les acides aminés les uns des autres en leur conférant des propriétés physico-chimiques particulières. Du fait de ces interactions, des groupes R, éloignés les uns des autres dans la chaîne ou les chaînes, peuvent être rapprochés dans la structure spatiale et constituer, par exemple, le centre réactif...
  • ANTIMOINE

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    ...3- n'ont pu être caractérisés. L'ion Sb5+ n'existe pas, mais Sb3+ est connu, ce qui n'est pas le cas de son homologue arsénié. Comme dans le cas de l'arsenic, deux principaux modes de liaison sont possibles pour les composés trivalents, avec comme conséquence des propriétés structurales...
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