Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LIAISONS CHIMIQUES Liaison et classification

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

Méthodes d'étude des molécules

La molécule d'hydrogène

La molécule H2 est la plus simple des molécules neutres puisqu'elle résulte de l'union de deux atomes d'hydrogène. Malheureusement, l'équation de Schrödinger correspondante n'est pas intégrable, aussi des solutions approchées doivent-elles être recherchées.

La première tentative fut celle de Heitler et London. Ces auteurs supposèrent que les électrons (1 et 2) utilisent les orbitales 1 s nommées a et b des atomes d'hydrogène A et B. Afin de respecter la symétrie entre les électrons 1 et 2 d'une part, et les noyaux d'autre part, Heitler et London postulèrent pour fonction d'espace les combinaisons :

(à une constante près) qui laissent la densité électronique invariante dans les échanges entre électrons et entre noyaux. Dans cette formule, a (1) signifie que les coordonnées d'espace entrant dans l'expression de l'orbitale atomique 1 s de l'atome A, sont celles de l'électron 1. À partir de cette fonction, on peut calculer l'énergie associée à un état stationnaire :

Variation de l'énergie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Variation de l'énergie

La valeur de l'énergie E ainsi obtenue dépend seulement de la distance internucléaire R, puisque les fonctions a et b sont connues. L'énergie apparaît comme la somme de deux termes : l'énergie des atomes isolés et un terme correctif El, dû à l'interaction entre les atomes. La figure montre l'allure de la variation de ce dernier terme en fonction de R pour les deux fonctions ψ+ et ψ-.

Pour ψ-, El est toujours positif, l'énergie de l'ensemble est supérieure à celle des atomes isolés : l'édifice formé par les deux atomes est instable. Pour ψ+, au contraire, El, positif pour les courtes distances, devient négatif, l'ensemble étant alors plus stable que les atomes isolés. De plus, l'énergie passe par un minimum pour une certaine distance R0. Une modification de la distance à partir de cette valeur entraîne, dans tous les cas, une augmentation de l'énergie, donc une perte de stabilité. La distance R0 correspond par conséquent à une position d'équilibre stable. On dit qu'il y a liaison chimique, la valeur absolue de El correspondante est l'énergie de liaison.

Pour achever la description du système, il faut tenir compte des coordonnées de spin. Les fonctions d'onde électroniques devant être antisymétriques par rapport à l'échange des électrons, à la fonction d'espace ψ+, symétrique, doit nécessairement être associée une fonction de spin antisymétrique. Celle-ci est unique et s'écrit à un facteur près :

Ce qui montre que les deux électrons ont formé une paire, mettant leurs spins antiparallèles.

Non seulement le calcul rend compte qualitativement de l'existence de la molécule H2, mais il fournit aussi des ordres de grandeur tout à fait acceptables pour les caractéristiques de celle-ci : 0,080 nm pour la distance d'équilibre et 301 kJ.mol-1 pour l'énergie de liaison. Expérimentalement, la distance d'équilibre est 0,074 nm, et l'énergie 454,3 kJ.mol-1. Le désaccord provient du fait qu'on a utilisé pour ψ une expression approchée. De nombreux travaux ont été faits pour améliorer la description du système, modifiant soit la forme de la fonction postulée, soit les orbitales atomiques de base a et b, soit les deux à la fois, aboutissant à un accord remarquable avec l'expérience. Mais un fait important est à souligner, quelle que soit la méthode utilisée : l'existence de la molécule H2 et sa stabilité résultent de la formation d'une paire d'électrons, ce qui justifie l'interprétation de Lewis. C'est ce que veut représenter le tiret qui unit les symboles atomiques dans l'écriture classique : H − H.

Méthode des paires

Généralisant le résultat obtenu pour H[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Provence

Classification

Pour citer cet article

André JULG. LIAISONS CHIMIQUES - Liaison et classification [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Chimie théorique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Chimie théorique

Variation de l'énergie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Variation de l'énergie

Orbitales moléculaires - crédits : Encyclopædia Universalis France

Orbitales moléculaires

Autres références

  • ACIDES & BASES

    • Écrit par et
    • 12 364 mots
    • 7 médias
    Le caractère acide d'une molécule HA repose principalement sur la nature de la liaison chimique entre H et le reste A de la molécule.
  • ADSORPTION

    • Écrit par
    • 4 819 mots
    • 2 médias
    En chimisorption, les liaisons dans les molécules sont profondément modifiées par suite de la formation de liaisons chimiques avec l'adsorbant. L'objectif des recherches concerne principalement la description des espèces adsorbées et l'étude de leur stabilité, en relation avec leur rôle essentiel d'intermédiaires...
  • AMINOACIDES ou ACIDES AMINÉS

    • Écrit par et
    • 3 486 mots
    • 6 médias
    ...nettement les acides aminés les uns des autres en leur conférant des propriétés physico-chimiques particulières. Du fait de ces interactions, des groupes R, éloignés les uns des autres dans la chaîne ou les chaînes, peuvent être rapprochés dans la structure spatiale et constituer, par exemple, le centre réactif...
  • ANTIMOINE

    • Écrit par et
    • 3 875 mots
    • 3 médias
    ...3- n'ont pu être caractérisés. L'ion Sb5+ n'existe pas, mais Sb3+ est connu, ce qui n'est pas le cas de son homologue arsénié. Comme dans le cas de l'arsenic, deux principaux modes de liaison sont possibles pour les composés trivalents, avec comme conséquence des propriétés structurales...
  • Afficher les 38 références