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BLUM LÉON (1872-1950)

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Le chef de gouvernement

Le Front populaire - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Le Front populaire

Dix ans plus tard, voici Blum passant de la théorie à la pratique. Ayant obtenu le plus grand nombre de voix au sein de la coalition de Front populaire victorieuse, lors des élections d'avril-mai 1936, la S.F.I.O. doit mener le gouvernement nouveau. Depuis plusieurs années, la France, influencée par la crise économique et sociale, marquée par la poussée des dictatures en Europe, vit dans un climat politique très tendu : à la suite des graves incidents du 6 février 1934 et de la riposte « unitaire » du 12 février, le combat entre droites et gauches dépasse les clivages normaux, donnant aux élections législatives une importance considérable ; la lutte politique est avivée par une presse à sensation usant volontiers de l'injure contre « le juif Blum » (en février 1936, Blum est même agressé et blessé par un groupe de l'Action française). De ce fait, pour les électeurs de gauche, celui-ci incarne l'espoir de profonds changements, d'un autre style de gouvernement.

L'exercice du pouvoir dure une année (4 juin 1936-22 juin 1937). Le gouvernement socialo-radical, soutenu sans participation par les communistes, mène une action d'envergure dans bon nombre de domaines : création d'un secrétariat général du Gouvernement, de l'Office du blé, nouveau statut de la Banque de France, nationalisation des industries d'armement aéronautique, vaste plan de réarmement ; les mesures les plus marquantes touchent à la vie sociale : congés payés, conventions collectives, semaine de quarante heures. Cependant, l'hostilité tenace de la droite et de tous ceux qui ont eu peur lors de la grande vague de grèves de juin 1936 rend difficile l'action d'un gouvernement devant faire face à la fuite des capitaux et au marasme des affaires. Cette stagnation économique pèse d'autant plus que la France doit accentuer son effort d'armement. Cette conjoncture interne délicate est renforcée par la conjoncture externe. La guerre civile espagnole débutant en juillet 1936 partage les partisans du Front populaire français, dès lors que Léon Blum accepte de suivre la politique de non-intervention dans le conflit entre le gouvernement républicain espagnol légal et la junte du général Franco. Après de douloureuses hésitations, Blum adopte ce compromis pour sauver la coalition électorale (les radicaux sont partisans de cette politique) et afin de garder une unité de vue avec le gouvernement britannique, dont on a besoin ; il souhaite également mener à bien la dévaluation du franc et ne pas être seul face au danger hitlérien. Choix cruel pour Blum qui couvre cependant la livraison clandestine d'armes à l'Espagne républicaine ; mais l'affaire espagnole lui laisse un goût amer.

Léon Blum - crédits : Keystone/ Getty Images

Léon Blum

Cet homme, ancien pacifiste convaincu, ancien partisan résolu du désarmement, mais converti aux nécessités de la défense devant la menace nazie, comprend que la cohésion nationale indispensable ne pourra se réaliser sous son autorité, tant l'opposition, voire la haine, à l'égard du Front populaire est vive à droite. Malgré son ralliement à une politique extérieure d'apaisement, malgré la « pause » dans les réformes internes, il lui devient évident au printemps de 1937 que le gouvernement de Front populaire, malgré ses réformes et à cause de ses réformes, ne pourra réaliser la nécessaire union. La même contradiction apparaît en mars 1938, lorsque Blum tente de constituer un second gouvernement reposant sur de larges bases politiques : à nouveau, la droite refuse sa proposition d'entente nationale.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

René GIRAULT. BLUM LÉON (1872-1950) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

Le Front populaire - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Le Front populaire

Léon Blum - crédits : Keystone/ Getty Images

Léon Blum

Autres références

  • CONGRÈS DE TOURS, en bref

    • Écrit par
    • 206 mots

    Du 25 au 30 décembre 1920 se tient à Tours le XVIIIe congrès du Parti socialiste unifié, Section française de l'Internationale ouvrière (S.F.I.O.). Il est consacré à la question qui agite le parti depuis le milieu de l'année précédente : l'acceptation ou non des vingt et une conditions...

  • FAURE PAUL (1878-1960)

    • Écrit par
    • 482 mots

    Né à Périgueux, Paul Faure vient très jeune au socialisme et adhère au Parti ouvrier français de Jules Guesde. Élu à la direction du parti, il y représente la Haute-Vienne, dont la fédération est des plus actives : en 1904, son organe, Le Populaire du Centre, est le seul journal...

  • FRONT POPULAIRE, en bref

    • Écrit par
    • 203 mots
    • 1 média

    La victoire du Rassemblement populaire aux élections législatives d'avril-mai 1936 est le produit de la coalition antifasciste formée par les socialistes, les communistes et les radicaux, à la suite du 6 février 1934. Des quatre gouvernements de Front populaire qui se succèdent entre juin...

  • FRONT POPULAIRE

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    ...volonté de barrer la route au fascisme. À Paris, les dirigeants nationaux des Partis communiste, socialiste, radical, respectivement Maurice Thorez, Léon Blum et Édouard Daladier, défilent côte à côte. Le succès est tel que le Comité d'organisation de la manifestation se transforme en Comité national...
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