Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

TEMPS LE

Journal qui n'est plus guère connu aujourd'hui que comme l'antécédent du Monde. Le titre en était apparu en 1829, mais c'est en 1861 qu'il renaît pour devenir, après avoir été modérément oppositionnel sous l'Empire, l'organe le plus influent sous la IIIe République, prenant la place jusqu'alors tenue par le Journal des débats. Parmi ses directeurs, du fondateur Auguste Nefftzer à Jacques Chastenet (d'ailleurs historien de la IIIe République), c'est Adrien Hébrard qui, à la fin du xixe siècle, lui imposa le plus sa marque : son conseil aux rédacteurs (à peu près tous pigistes) — « Messieurs, faites emmerdant » — est demeuré célèbre. Expression d'une recherche presque maniérée de l'austérité, mais aussi réaction salutaire contre la vulgarité ou la facilité des nouveaux grands de la presse quotidienne (Le Petit Parisien, Le Journal) et le sensationnalisme agressif et diffamatoire du Matin,dont le maître, Bunau-Varilla, affirmait sérieusement : « Mon fauteuil vaut deux trônes. » La réputation d'exactitude, dans l'information contribuera à l'autorité du journal, dont les positions seront généralement nuancées mais qui, non sans débats, s'affirme dreyfusard, puis, après l'affaire des Fiches, hostile au combisme. Les années passant, il apparaît, surtout après la Première Guerre mondiale, comme un organe officieux de la diplomatie française (André Tardieu sera chef du service étranger) et, dans les années 1930, comme celui de la grande industrie (Comité des forges). En 1938, il approuve les accords de Munich. Retranché en zone sud après l'armistice de 1940, avec moins de prudence que son confrère et concurrent Le Figaro, il attend pour se saborder la fin de novembre 1942 ; aussi figurera-t-il, malgré maintes interventions, au nombre des journaux interdits à la Libération. Ce n'en sont pas moins des collaborateurs du Temps qui fournissent au Monde ses premiers cadres.

— Pierre Albin MARTEL

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : licencié en droit, D.E.S. de sciences économiques, journaliste et éditeur

Classification

Pour citer cet article

Pierre Albin MARTEL. TEMPS LE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BEUVE-MÉRY HUBERT (1902-1989)

    • Écrit par Christine LETEINTURIER
    • 416 mots

    Né à Paris, après avoir fait des études de lettres et passé son doctorat en droit, Hubert Beuve-Méry devient, de 1928 à 1939, directeur de la section juridique de l'Institut français de Prague, en même temps que correspondant du quotidien Le Temps ; il démissionnera de ce dernier poste...

  • CRITIQUE DE CINÉMA

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 5 004 mots
    • 1 média
    ...mouvement la promotion, l'information préalable et la critique : annonces, reportages sur les coulisses des tournages préparent la sortie de leurs films. Dans le très austère journal Le Temps, à propos de L'Assassinat du duc de Guise de Charles Le Bargy et André Calmettes, précisément produit par...
  • MONDE LE

    • Écrit par Universalis, Pierre Albin MARTEL
    • 1 545 mots

    Seul journal quotidien français qui bénéficie d'une audience internationale, Le Monde est aussi un cas unique dans la presse nationale de l'immédiat après-guerre. Né en 1944, il n'est pas « issu de la Résistance », comme beaucoup d'autres, mais du vœu du général de Gaulle et de ministres (surtout...

Voir aussi