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LEITMOTIV

Terme allemand signifiant « motif conducteur », mais passé dans la langue française, parmi d'autres, en raison notamment de ses résonances wagnériennes. Inventé par Hans von Wolzogen (1848-1938), leitmotiv désigne un court motif mélodique, harmonique ou rythmique, très caractérisé, servant à illustrer ou à individualiser, au cours d'un drame lyrique, un personnage, une idée ou un sentiment. On en trouve des exemples dans les opéras du xviiie siècle, en particulier chez Grétry, puis plus tard chez Méhul ou Weber, mais c'est sans conteste Wagner, surtout dans la Tétralogie, qui mène le principe à son apogée, d'une façon d'ailleurs plus dramatique que véritablement structurale (répétitions textuelles ou non, superpositions, imbrications) : l'œuvre ne comprend pas moins de cent vingt motifs aux relations très complexes. La réaction viendra aussi bien avec Debussy (qui dans Pelléas, sans renoncer à individualiser ses personnages par des thèmes, tient à ne pas subordonner le déroulement musical aux seules péripéties et idées mises en scène) qu'avec Richard Strauss. Proche de la technique du leitmotiv est en revanche le traitement de l'« idée fixe » dans la Symphonie fantastique de Berlioz. Quant aux liens thématiques unissant par exemple chez Mozart (Don Giovanni, Symphonie en mi bémol no 39) ou chez Haydn (Symphonie en ré no 104) diverses scènes ou divers mouvements d'une même œuvre, ils sont d'une tout autre nature : moins perceptibles à l'audition mais tout aussi efficaces, ils annoncent moins le xixe siècle que certaines partitions du xxe (Schönberg ; Symphonie en la mineur no 4 de Sibelius ; Symphonie en la mineur no 6 de Mahler).

— Marc VIGNAL

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Pour citer cet article

Marc VIGNAL. LEITMOTIV [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MÉHUL ÉTIENNE (1763-1817)

    • Écrit par Marc VIGNAL
    • 285 mots

    Compositeur français né à Givet (Ardennes), Étienne Méhul arrive à Paris en 1778 et reçoit les encouragements de Gluck. Il présente à l'Opéra Alonzo e Cora, qui ne sera joué que six ans plus tard (1791), mais, dès 1790, obtient à l'Opéra-Comique avec Euphrosine et Corradin...

  • OPÉRA - Histoire, de Peri à Puccini

    • Écrit par Jean-Vincent RICHARD
    • 9 082 mots
    • 31 médias
    ...musicaux de Wagner ne peut être parfaitement saisie si l'on ne se souvient pas qu'elle est intimement liée à un travail sémantique. La généralisation du leitmotiv, par exemple, est littéralement consubstantielle à ces chaînes signifiantes que sont, parmi tant d'autres, « Trame des destinées », « Malédiction...
  • L'OR DU RHIN (R. Wagner)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 2 120 mots
    • 1 média

    Das Rheingold (L'Or du Rhin) de Richard Wagner, prologue de la tétralogie Der Ring des Nibelungen(L'Anneau du Nibelung), sur un livret du compositeur, a été créé au Königliches Hof- und Nationaltheater de Munich le 22 septembre 1869, sous la direction de Franz Wüllner, avec Sophie Stehle...

  • WAGNÉRISME

    • Écrit par Jean PAVANS
    • 1 852 mots
    • 1 média
    ...une totalité, fait surgir au cœur de chacune de ses phases présentes des éléments enfouis dans le passé ou inscrits dans le futur, et indiqués par des leitmotive, ou « motifs conducteurs », dont l'emploi est systématisé dans la tétralogie Der Ring des Nibelungen (L'Anneau du Nibelung...

Voir aussi