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HÉBRAÏQUES LANGUE & LITTÉRATURE

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La littérature hébraïque

De la Mishna à Rabbi Loeb

La période mishinique (env. Ier s.-230)

Le retour de captivité, la révolte des Asmonéens et l'indépendance retrouvée, puis perdue (70 apr. J.-C.), favorisent l'éclosion des sectes juives, se réclamant toutes du patrimoine spirituel de la Bible (sadducéens, pharisiens, esséniens, zélotes). Seul le judaïsme pharisien survécut (face à une autre secte issue du judaïsme acceptant pour messie Jésus de Nazareth : les chrétiens).

Outre la grande floraison du judaïsme alexandrin, le monument littéraire de cette période fut sans contexte la Mishna (d'une racine hébraïque signifiant répétition, étude – de la Loi).

Le propos de la Mishna est donc d'expliquer la « Loi et les prophètes ». Hillel l'Ancien (fin du ier s. av. J.-C.) formula les premières règles d'herméneutique, qui furent reprises et complétées par Rabbi Ismaël (iie s.).

Au début du iiie siècle, Rabbi Juda le Saint mit par écrit la Mishna, se basant sur quelques recueils antérieurs mais surtout sur la loi orale transmise de maître à disciples, de génération en génération. On trouve dans la Mishna, à côté de l'enseignement juridique dans toute sa rigueur, un enseignement éthique (maximes des Pères de la Synagogue) et religieux d'une grande valeur :

Ben Zoma disait : Qui mérite le nom de sage ? Celui qui trouve quelque chose à apprendre de chaque homme. Qui mérite le nom de héros ? Celui qui dompte ses passions. Qui mérite le nom de riche ? Celui qui est satisfait de son sort. Qui jouit du respect ? Celui qui témoigne considération envers les créatures de Dieu.

On possède également des recueils de midrashim (explications allégoriques). Certains sont très anciens, tels le Sifra (commentaire sur le Lévitique) ou le Sifre (commentaire sur les Nombres ou le Deutéronome) ; d'autres, plus tardifs, tel le Midrash Rabba (commentaire allégorique sur le Pentateuque).

Après la clôture de la Mishna, on assiste très rapidement à une dégradation de la situation linguistique, et l'hébreu cesse d'être une langue parlée pour devenir exclusivement une langue liturgique et une langue littéraire, et cela jusqu'au début du xxe siècle.

La Guemara (commentaires) vint s'ajouter à la Mishna au cours des trois siècles qui suivirent. Ces commentaires sont à la fois d'ordre juridique, exégétique, moral. Mishna et Guemara constituent ensemble le Talmud (l'Enseignement). Enfin, cette époque a conservé les prières les plus anciennes du culte synagogal, postérieur à la Bible.

Avant d'être créé, j'étais l'indignité même. Maintenant que j'existe, je suis comme si je n'avais [pas été créé. Durant la vie, je suis poussière ; Combien plus, à ma mort !... Que ce soit ta volonté, Seigneur, de faire en sorte [que je cesse d'être un pécheur Et daigne effacer les fautes que j'ai commises devant Toi et cela en ton infinie miséricorde, et non par des châtiments. (Prière, époque talmudique.)

La littérature hébraïque à l'époque médiévale

Après la lente désagrégation du judaïsme palestinien (ive-ve s.), le centre de gravité du judaïsme s'est déplacé vers la Babylonie, et les maîtres des académies talmudiques de ce pays (les geonim) devinrent les chefs spirituels du judaïsme tout entier, cela jusqu'au xie siècle. De toute la Diaspora, on se tournait vers eux pour résoudre les problèmes difficiles de jurisprudence. Toutefois, le judaïsme palestinien n'était pas complètement détruit : les massorètes (de massora, « tradition ») ont fixé définitivement au ixe siècle, à Tibériade, la prononciation de l'hébreu biblique et élaboré le système de points-voyelles encore en vigueur aujourd'hui. Les notes massorétiques sont d'une grande importance pour la compréhension de la Bible.

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Pour citer cet article

Valentin NIKIPROWETZKY et René Samuel SIRAT. HÉBRAÏQUES LANGUE & LITTÉRATURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Moses Mendelssohn

Autres références

  • ABRAHAM IBN EZRA (1089-1164)

    • Écrit par
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    Commentateur, grammairien, philosophe et astronome, Abraham ibn Ezra, né à Tudela, est l'une des plus grandes figures de la pensée juive du Moyen Âge. Sa carrière se divise en deux périodes bien distinctes. Pendant la première, jusqu'en 1140, il vit en Espagne, où des liens d'amitié le lient à...

  • APOCALYPTIQUE & APOCRYPHE LITTÉRATURES

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    On appelle « littérature apocalyptique » une masse d'écrits organiques que les juifs anciens, du ive siècle avant J.-C. à la fin du iie siècle de l'ère chrétienne, ne cessèrent de produire et de promouvoir. Des éléments précurseurs s'en retrouvent plus ou moins nettement dans plusieurs livres,...

  • APOLOGÉTIQUE

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    Le judaïsme antique n'a eu une littérature apologétique qu'à partir du moment où il a été en contact avec les peuples environnants. On doit mentionner le Contre Apion de Flavius Josèphe (95 apr. J.-C.), adressé aux Romains, et l'œuvre philosophique de Philon qui, bien qu'elle n'ait jamais...
  • ARAMÉENS

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    ...grande partie, écrit en un dialecte araméen et le Talmud de Jérusalem en un autre. En Palestine l'araméen était le langage quotidien du peuple, l'hébreu étant réservé au clergé, aux fonctionnaires, aux membres de la classe supérieure. Jésus et les Apôtres parlaient l'araméen ; en même...
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