MIDRASH

Terme dérivé de la racine dorash, qui signifie, en hébreu biblique, « rechercher », « examiner ». Il acquiert à l'époque du second Temple le sens d'éducation et d'étude (cf. II Chron., xiii, 22). Il désigne une exégèse approfondie de l'Écriture, qui s'applique aussi bien au domaine juridique (halakha) qu'au domaine éthique et historique (haggadah). Du point de vue de la forme, on distingue deux types de midrashim : d'une part, le midrash exégétique, qui est un midrash portant sur un des livres de la Bible et qui contient des commentaires sur chaque chapitre et sur chaque verset du livre en question ; d'autre part, le midrash homilétique, qui est un midrash où quelques versets (un seul éventuellement) de la péricope hebdomadaire se trouvent exposés, souvent en relation avec le chapitre prophétique particulier à chaque sabbat.

On distingue, en gros, trois époques de rédaction : en premier lieu, les midrashim du temps des Amoraïm ; c'est l'âge d'or du midrash ; Genesis Rabbah en est le meilleur témoin. La deuxième époque va de 640 à 900 ; les stéréotypes deviennent alors plus nombreux et l'influence de la littérature pseudépigraphique et apocalyptique se trouve nettement marquée : le midrash Tanhūma (Yelamdēnu) en est un représentant typique. La basse époque du midrash correspond au xie et au xiie siècle ; l'hébreu en est déjà médiéval et l'influence pseudépigraphique y est encore plus prononcée ; c'est également le cas pour le midrash Abba Gūryon.

À partir du xiie siècle, on assiste dans divers pays à la constitution d'anthologies midrashiques, tel le Yalqūt Shimoni compilé au début du xiiie siècle en Allemagne. Par la suite, les midrashim feront l'objet de super-commentaires, ou bien se trouveront utilisés librement par les grands exégètes médiévaux, tels Rashi et Bahya ben Asher.

— Roland GOETSCHEL

    La suite de cet article est accessible aux abonnés

    • Des contenus variés, complets et fiables
    • Accessible sur tous les écrans
    • Pas de publicité

    Découvrez nos offres

    Déjà abonné ? Se connecter

    Écrit par

    • Roland GOETSCHEL : professeur des Universités, directeur du département d'études hébraïques et juives de l'université de Strasbourg-II, professeur associé à l'Université libre de Bruxelles

    Classification

    Pour citer cet article

    Roland GOETSCHEL, « MIDRASH », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

    Autres références

    • ABRAHAM

      • Écrit par René Samuel SIRAT
      • 764 mots
      Abraham est une figure centrale dans les trois religions monothéistes. Le Midrash (commentaire traditionnel juif de la Bible) nous relate avec force détails la vie du patriarche : on le voit briser les idoles de son père Terah, résister à la tyrannie de Nemrod, être sauvé miraculeusement de la fournaise...
    • AMORAIM

      • Écrit par Michel GAREL
      • 197 mots

      Pluriel de amora, mot araméen de la racine amar (parler, expliquer, interpréter), le terme amoraim désigne les docteurs érudits du judaïsme qui furent en activité depuis la période d'achèvement de la Mishnah (env. 200) jusqu'à l'achèvement des Talmudim de Jérusalem et de Babylone (fin du ...

    • BIBLE - L'étude de la Bible

      • Écrit par André PAUL
      • 5 664 mots
      ...couramment la littérature rabbinique. Inaugurée par la Mishnah à la fin du ii e siècle de notre ère, elle comprend surtout les Talmuds et les Midrashim. Elle est énorme. Ici aussi, les choses ont grandement bougé. Le savant juif américain J. Neusner y est pour beaucoup : n'a-t-on pas parlé de...
    • BIBLE - Les livres de la Bible

      • Écrit par Jean-Pierre SANDOZ
      • 6 764 mots
      • 4 médias
      ...l'histoire du peuple, manifeste l'activité des écoles sacerdotales. Mais leur réflexion sur le passé les porte à cultiver un nouveau genre littéraire : le midrash, recueil à base plus ou moins historique destiné à proposer un enseignement, dont les livrets de Ruth, d'Esther et de Jonas (bien que ce...
    • GENÈSE LIVRE DE LA

      • Écrit par André PAUL
      • 514 mots
      • 1 média

      Dans la Bible juive (texte massorétique), le Livre de la Genèse a pour titre son premier mot, Bereshit (« au commencement »). Dans la version des Septante, c'est Genesis (« origine »), terme immortalisé par sa latinisation dans la Vulgate. D'une manière large, le titre « Genèse...

    • Afficher les 18 références

    Voir aussi