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KIEV

Évolution de la ville moderne

La domination des tsars

Grâce à l'abolition des barrières douanières entre la Russie et les terres ukrainiennes dès 1754, Kiev connaît un nouvel essor commercial. Le deuxième partage de la Pologne, en 1793, ramène la rive droite du Dniepr dans le giron de l'Empire russe. Durant son règne, Catherine II abolit l'ancien système administratif et divise l'Ukraine en de nouvelles provinces. Kiev, centre de l'une d'elles, devient le siège d'un gouverneur général supervisant trois provinces.

Durant la première moitié du xixe siècle, Kiev est l'un des foyers du nationalisme ukrainien, mais les persécutions du gouvernement tsariste obligent le mouvement à déplacer l'essentiel de ses activités à Lviv (en russe Lvov), ville ukrainienne sous domination autrichienne. Kiev est le théâtre d'activités révolutionnaires clandestines, nées avec les décembristes au début du xixe siècle. Celles-ci culminent par une série de grèves et de manifestations qui conduisent à la révolution russe de 1905, dans laquelle les étudiants de l'université de Kiev, fondée en 1834, jouent un rôle majeur.

Au xixe siècle, l'importance économique grandissante de l'Ukraine relance l'essor commercial de Kiev. Des usines modernes voient le jour. Une scierie est ajoutée à l'arsenal datant du xviiie siècle. La ville se met à transformer de nombreux produits agricoles (cuir, tabac, alcool, bière, textiles). À la fin des années 1860, une voie ferrée relie Kiev à Moscou ainsi qu'à Odessa, sur la mer Noire, renforçant son rôle de centre industriel, commercial et administratif. À la veille de la Première Guerre mondiale, la ville compte plus de 350 000 habitants.

La période révolutionnaire

Lorsque la révolution russe de 1917 éclate, les ouvriers de la ville élisent un soviet révolutionnaire, appelé rada (« conseil »). Ce conseil central, essentiellement composé de mencheviks et de socialistes révolutionnaires, bénéficie du soutien des nationalistes ukrainiens. En janvier 1918, il proclame un État ukrainien indépendant dont Kiev est la capitale. Quelques ouvriers bolcheviques s'insurgent, mais ils sont vite matés. Les soldats de l'Armée rouge viennent à leur secours et pénètrent dans Kiev le 8 février 1918.

Par le traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918), les Soviétiques reconnaissent cependant l'indépendance de l'Ukraine, rapidement occupée par les Allemands. Le gouvernement ukrainien fantoche installé à Kiev par ces derniers s'effondre lors de leur reddition en novembre 1918 et après le retrait des troupes de la région. L'Ukraine retrouve son indépendance, sous la conduite de Semen Petlioura, mais le pays connaît une période de conflits entre nationalistes ukrainiens, blancs et rouges. En novembre 1919, Kiev tombe brièvement aux mains des blancs du général Denikine, avant d'être occupée par l'Armée rouge. La guerre russo-polonaise éclate peu après. En mai 1920, les Polonais s'emparent de Kiev, mais ils sont repoussés par une contre-attaque.

La période soviétique

Kiev étant le foyer du nationalisme ukrainien, le gouvernement soviétique transfère la capitale de la nouvelle république socialiste soviétique d'Ukraine à Kharkov. La ville, qui ne retrouvera son statut qu'en 1934, entreprend de redresser son économie en ruine. Elle développe de nouveaux secteurs (machines-outils, électricité, chimie) pendant les premiers plans quinquennaux, de 1928 à 1940. En 1939, elle compte 846 724 habitants. L'invasion allemande, en 1941, apporte à la ville un nouveau lot de souffrances et de destructions. Après quatre-vingts jours de lutte acharnée, les Allemands entrent dans Kiev le 19 septembre 1941. Plus de trente mille juifs, prisonniers de guerre soviétiques et communistes sont massacrés en deux jours dans le ravin de [...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en géographie au collège universitaire et à l'école des études slaves et est-européennes de l'université de Londres (Royaume-Uni)
  • : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis, Richard Antony FRENCH et Yann RICHARD. KIEV [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Manifestation à Kiev, février 2014
 - crédits : Alexey Furman/ EPA

Manifestation à Kiev, février 2014

Ukraine : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Ukraine : carte administrative

Kiev (Ukraine) - crédits : Jerry Alexander/ Getty Images

Kiev (Ukraine)

Autres références

  • ANDRÉ BOGOLIOUBSKI (1111 env.-1174), grand-prince de Vladimir (1157-1174)

    • Écrit par Wladimir VODOFF
    • 423 mots

    Fils du prince Iouri (Georges) Dolgorouki et d'une princesse polovtsienne, André Bogolioubski est élevé dans la principauté de Rostov-Souzdal où règne son père. Contre son gré, il doit participer à des expéditions lointaines qui procurent à Iouri le titre de prince de Kiev. Mais, dès...

  • BABI YAR

    • Écrit par Michael BERENBAUM
    • 859 mots
    • 1 média

    Le grand ravin de Babi Yar, situé à la limite septentrionale de la ville de Kiev, en Ukraine, servit de charnier pour des victimes principalement juives que des groupes de S.S. allemands tuèrent entre 1941 et 1943. Après un premier massacre de Juifs à Babi Yar, le lieu continua de servir pour...

  • BIÉLORUSSIE

    • Écrit par Olga BELOVA, Universalis, Yann RICHARD
    • 10 818 mots
    • 5 médias
    ...n'est pas une création du xxe siècle. Son histoire est déjà ancienne. Les premières principautés locales apparurent au sein de la principauté de Kiev, à la fin du xe siècle, notamment autour de Polotsk. Dès cette époque, les villes de Pinsk, Slutsk et Turov, et dans une moindre mesure celle de...
  • CHRISTIANISATION DE L'EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 311 mots

    Environ 800 Création de l'archevêché de Nin en Croatie.

    863 Cyrille et Méthode, missionnaires dépêchés par Byzance, sont reçus à la cour du roi des Moraves, Ratislav. Ils traduisent les Saintes Écritures en slavon.

    864 Baptême de Boris Ier, tsar de Bulgarie.

    869 Un an après la...

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Voir aussi