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MANKIEWICZ JOSEPH LEO (1909-1993)

Dans les films américains, qui relèvent d'un cinéma du comportement, les personnages se déterminent par leurs attitudes, leurs actions, leurs réactions. Une exception cependant : les protagonistes des films de Joseph Mankiewicz qui, eux, se déterminent par la parole. Celle-ci est si présente, voire omniprésente, dans ses films, elle apparaît si nécessaire, que, dans Cinquante Ans de cinéma américain, Bertrand Tavernier et Jean-Pierre Coursodon assurent que « si le cinéma parlant n'existait pas, Joseph Mankiewicz l'aurait inventé ».

Un cinéma de la parole

Joseph Leo Mankiewicz est né à Wilkes-Barre, en Pennsylvanie, le 11 février 1909. Après des études de lettres anglaises à la Columbia University, il s'installe, en 1928, à Berlin où il assiste le correspondant du Chicago Tribune, puis traduit en anglais les intertitres de films produits par la U.F.A. De retour aux États-Unis, en 1929, il est pris sous contrat à la Paramount par l'entremise de son frère Herman. Il rédige les intertitres de neuf films, puis collabore au scénario de dix-huit autres, dont deux pour R.K.O. En 1933, il entre à la M.G.M., où, après avoir été scénariste sur quatre films réalisés par W. S. Van Dyke et King Vidor, il devient, en 1936, producer. Il produit alors près de vingt films, parmi lesquels Fury (Furie) de Fritz Lang (1936), Three Comrades (Trois Camarades) de Frank Borzage (1938), The Philadelphia Story (Indiscrétions) de George Cukor (1940) et Woman of the Year (La Femme de l'année) de George Stevens (1941). Passé, en 1943, à la 20th Century Fox, il y fait, après avoir écrit et produit The Keys of the Kingdom (Les Clés du royaume) de John Stahl (1944), ses débuts de réalisateur grâce à Ernst Lubitsch. Il va tourner onze films jusqu'en 1953, date à laquelle, après avoir travaillé pour la M.G.M., il crée sa société de production, Figaro Inc. Elle sera rachetée, à la limite de la banqueroute, par la Fox quand le metteur en scène sera engagé, sur les conseils de Liz Taylor, pour reprendre Cleopâtre. L'insuccès critique et commercial du film le condamne à une semi-retraite au cours de laquelle il ne parvient à signer que trois films. Il meurt le 5 février 1993.

La filmographie de Joseph Mankiewicz est constituée de vingt films, dont il a pour la plupart écrit ou co-écrit le scénario : Dragonwicz (Le Château du dragon, 1946), Somewhere in the Night (Quelque part dans la nuit, 1946), The Late George Appley (1947), The Ghost and Mrs Muir (L'Aventure de Mme Muir, 1947), Escape (1948), A Letter to Three Wives (Chaînes conjugales, 1949), House of Strangers (La Maison des étrangers, 1949), No Way Out (La Porte s'ouvre, 1950), All About Eve (Ève, 1950), People Will Talk (On murmure dans la ville, 1951), Five Fingers (L'Affaire Cicéron, 1952), Julius Caesar (Jules César, 1953), The Barefoot Contessa (La Comtesse aux pieds nus, 1954), Guys and Dolls (Blanches colombes et vilains messieurs, 1955), The Quiet American (Un Américain bien tranquille, 1958), Suddenly, Last Summer (Soudain, l'été dernier, 1959), Cleopatra (Cléopâtre, 1963), The Honey Pot (Guêpier pour trois abeilles, 1967), There Was a Crooked Man (Le Reptile, 1970) et Sleuth (Le Limier, 1972). Il s'y ajoute une participation à un film documentaire, King : A Filmed Record (1970) et un téléfilm, Carol for Another Christmas (1964), ainsi qu'une mise en scène d'opéra, La Bohême (1952), et deux dramatiques radiophoniques (1949 et 1951).

Eve, J. L. Mankiewicz - crédits : 20Th Century-Fox/ Getty Images

Eve, J. L. Mankiewicz

Elizabeth Taylor et Montgomery Clift - crédits : 1960 Columbia Pictures Corporation/ Collection privée

Elizabeth Taylor et Montgomery Clift

À l'exception de Ève, chacun de ces films relève d'un genre différent : « americana » (Chaînes conjugales), comédie de mœurs (Appley), comédie dramatique (On murmure dans la ville), comédie noire (Guêpier pour trois abeilles), conte gothique (Le Château du dragon), « crime melodrama » (La Maison des étrangers), drame psychologique (Soudain l'été dernier), drame social ([...]

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, professeur d'histoire du cinéma

Classification

Pour citer cet article

Alain GAREL. MANKIEWICZ JOSEPH LEO (1909-1993) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Eve, J. L. Mankiewicz - crédits : 20Th Century-Fox/ Getty Images

Eve, J. L. Mankiewicz

Elizabeth Taylor et Montgomery Clift - crédits : 1960 Columbia Pictures Corporation/ Collection privée

Elizabeth Taylor et Montgomery Clift

Autres références

  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

    • Écrit par Marc CERISUELO, Jean COLLET, Claude-Jean PHILIPPE
    • 21 694 mots
    • 41 médias
    ...l'argent, entre le réalisateur (director) et la hiérarchie financière de la compagnie, est souvent un homme de goût, voire de talent : Joseph L.  Mankiewicz, par exemple, le futur réalisateur de Chaînes conjugales (A Letter to ThreeWives, 1948), et de La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa...
  • COMÉDIE AMÉRICAINE, cinéma

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 5 126 mots
    • 18 médias
    ...ouvertures : Howard Hawks fondait directement sur la sexualité et l'argent les deux thèmes « refoulés » du genre, son Gentlemen Prefer Blondes (1953) ; Joseph L. Mankiewicz mêlait à la comédie musicale le film noir et sa violence dans Guys and Dolls (Blanches Colombes et vilains messieurs, 1955) ;...
  • DAVIS BETTE (1908-1989)

    • Écrit par André-Charles COHEN
    • 1 161 mots
    • 5 médias
    ...contrat avec la Warner après avoir tourné Beyond the Forest (La Garce, 1949) – qui n'eut pas le succès escompté – pour King Vidor. En 1950, Joseph Mankiewicz la dirige dans All about Eve ; le rôle de Margo Channing, la star de théâtre, est celui auquel on l'identifie le plus volontiers : verbe...
  • GARDNER AVA (1922-1990)

    • Écrit par Christian VIVIANI
    • 1 643 mots
    • 1 média
    ...Cardiff qui, dans la même admirable palette, la photographie pour son rôle le plus mythique, The Barefoot Contessa (La Comtesse aux pieds nus, 1954) de Joseph L. Mankiewicz : elle y interprète Maria Vargas, danseuse de flamenco dans les bouges madrilènes, qui devient Maria d'Amata, star de cinéma hollywoodien....
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Voir aussi