Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HENDRIX JIMI (1942-1970)

Jimi Hendrix - crédits : Doug McKenzie/ Hulton Archive/ Getty Images

Jimi Hendrix

Jimi Hendrix reste le plus extraordinaire des guitar heroes, la figure la plus folle de la poésie maudite de la guitare Stratocaster. Comme un John Coltrane au saxophone ténor, comme un Glenn Gould au piano, il a transcendé la virtuosité instrumentale pour déchirer un peu du voile de l'idéal, avant que le spleen ne le détruise à moins de vingt-huit ans.

Pré-Expérience

Johnny Allen Hendrix naît dans une famille métisse de Seattle le 27 novembre 1942, doté d'une invraisemblable ascendance où se mêlent des Européens, des Noirs, une princesse Cherokee... Mère danseuse, bohème et volage ; père moraliste et flambeur, qui le rebaptisera James Marshall Hendrix après avoir rompu avec son épouse. Les tribulations de son enfance, sa fréquentation intermittente et sans joie de l'école, la gêne matérielle et une forte timidité naturelle font de la musique son refuge. Gaucher, il bricole des instruments adaptés pour retrouver les airs de rhythm'n'blues qu'il entend à la radio, et il compose son univers musical avec le gospel qu'il chante à l'Église pentecôtiste et le rock qui vient de naître : il assiste à un concert d'Elvis Presley et fait la connaissance de Little Richard, un rocker noir comme lui, qui influencera fortement sa musique, son style vestimentaire et son goût pour l'excès dans le jeu scénique. Il s'intègre à des groupes musicaux éphémères, tandis que le jazz exerce sur lui une grande attirance. Le manque d'argent, le renvoi du lycée pour des raisons disciplinaires et racistes, un vol de voiture : voici tracé le destin classique des Noirs mal intégrés qui s'engagent dans l'armée. Ce que fait Hendrix, à dix-neuf ans, en rejoignant les parachutistes de l'U.S. Army à Fort Campbell, dans le Kentucky. Pendant une permission, il fait la rencontre de Billy Cox, qui sera le second guitariste dans le groupe qu'il formera bientôt. Accidenté, il quitte les paras en 1961, mais garde de son passage chez eux le souvenir émerveillé des chutes libres en plein ciel, dont témoignera 'Scuse Me While I Kiss the Sky. En 1963, Little Richard l'engage, pour l'exclure aussitôt. Hendrix reprend son vagabondage artistique et saisit les occasions de se frotter aux grands guitaristes du blues (Albert King, B. B. King...). À la fin de 1965, il s'installe à Greenwich Village.

L'année 1966 est décisive. Les signes de reconnaissance se font plus nets. Surtout, les découvertes simultanées de Bob Dylan, de l'effet Larsen et du L.S.D. le conduisent à fonder le groupe Jimmy James and the Blue Flames, qui se compose une image marquée par le psychédélisme, la saturation des fuzz-boxes et les excentricités gestuelles. Les morceaux empruntés aux plus grands se mettent en place (Like a Rolling Stone de Dylan, I'm a Man de Bo Diddley), et la reprise singulière du Hey Joe de Curtis Roberts efface le nom de son créateur pour imposer celui d'Hendrix. Il devient la coqueluche de New York, les Rolling Stones le courtisent, Eric Clapton l'admire, il plaît aux Noirs comme aux Blancs, aux zélateurs de la pop comme à ceux du jazz. Le bassiste du groupe britannique The Animals, Bryan « Chas » Chandler, déserte le groupe d'Eric Burdon pour s'occuper exclusivement d'Hendrix. Il le conduit en Angleterre et constitue autour de lui, avec deux jeunes musiciens blancs, un trio appelé à entrer dans la légende : Noel Redding (1945-2003) est engagé à la basse, tandis que John « Mitch » Mitchell (1947-2008) tient la batterie en s'inspirant de son modèle Elvin Jones. Chandler baptise le groupe The Jimi Hendrix Experience. Johnny Hallyday engage le musicien pour la première partie de son concert à l'Olympia en octobre 1966. Coiffé à l'afro, habillé à la mode de Carnaby Street dont il contribue à faire le succès dans l'imaginaire collectif des années 1960, [...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Michel P. SCHMITT. HENDRIX JIMI (1942-1970) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jimi Hendrix - crédits : Doug McKenzie/ Hulton Archive/ Getty Images

Jimi Hendrix

Autres références

  • ISLEY BROTHERS THE

    • Écrit par Universalis
    • 356 mots

    Le trio vocal américain de rhythm and blues et de rock The Isley Brothers commença à enregistrer à la fin des années 1950 et se produisit jusqu'au milieu des années 1980. Le trio fondateur réunissait les trois frères Kelly Isley (de son vrai nom O'Kelly Isley, Jr., 1937-1986), Rudolph Isley (Rudolph...

  • MITCHELL JOHN MITCH (1946-2008)

    • Écrit par Universalis
    • 245 mots

    Le nom du batteur britannique de rock John « Mitch » Mitchell est inséparable du légendaire trio The Jimi Hendrix Experience.

    Né le 9 juillet 1947 à Ealing, dans le Middlesex (aujourd'hui un des districts du Grand Londres), John « Mitch » Mitchell commence par jouer au sein du groupe The Blue...

  • POP ET ROCK

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 1 255 mots
    ...climats et la diversité dans l'instrumentation et les timbres (chanson I Am The Walrus, de John Lennon, dans l'album Magical Mystery Tour, 1967). Des groupes comme les Kinks (album You Really Got Me, 1975) ou des artistes comme Jimi Hendrix (Hey Joe) sont considérés comme pop, car ils adhèrent par...
  • ROCK EXPÉRIMENTAL ET ART ROCK

    • Écrit par Eugène LLEDO
    • 1 634 mots
    • 1 média
    Pendant sa courte carrière, Jimi Hendrix (1942-1970) a fait évoluer le langage du blues grâce à une utilisation non conventionnelle de son instrument, la guitare, et sa démarche novatrice a bouleversé la pop music. Intéressé par toutes les formes avant-gardistes, il avait, juste avant sa mort, conçu...

Voir aussi