RENOIR JEAN
Un style Renoir ?
Aux États-Unis, Jean Renoir va apprendre, selon ses propres termes, à « simplifier ses moyens d'expression ». Ce sera l'enjeu des dernières années. Y a-t-il un « style Renoir » ? Dans les années 1930, profondeur de champ et plans-séquences réunissaient les êtres en donnant le sens de la simultanéité des actions. Le découpage imposé par le « style américain » amène Renoir à abandonner ces figures au profit d'une vision plus directe – mais pour certains plus impersonnelle. En apparence seulement : car le plan-séquence permet à l'acteur de donner sa pleine mesure. Dans Le Testament du docteur Cordelier (1959), Renoir ira jusqu'à filmer avec huit caméras pour maintenir la continuité de cet élan. Et l'on ne dira jamais assez sa passion pour les acteurs. Il y va, ici encore, du « petit théâtre », social comme mental : Michel Simon (On purge Bébé, 1931, La Chienne, Boudu...), Jean Gabin (Les Bas-Fonds, La Grande Illusion, La Bête humaine), à qui il donnera son dernier vrai grand rôle dans French Cancan, Anna Magnani (Le Carrosse d'or), Ingrid Bergman (Éléna et les hommes, 1956) poussent leur personnage à l'extrême. Renoir permet aussi à Louis Jouvet (Les Bas-Fonds) comme à Pierre Fresnay (La Grande Illusion), plus théâtraux, d'acquérir un jeu pleinement cinématographique. Après son retour en France, en passant par l'Italie (Le Carrosse d'or), Renoir, qui a également monté plusieurs pièces au théâtre, joue d'une mise en scène d'essence de plus en plus théâtrale, presque en à-plats, comme lors de la chanson qu'interprète Jeanne Moreau dans Le Petit Théâtre.
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Écrit par
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Joël MAGNY
: critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux
Cahiers du cinéma
Classification
Pour citer cet article
Joël MAGNY, « RENOIR JEAN », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Médias

La Grande Illusion , de Jean Renoir
Collection privée
La Grande Illusion , de Jean Renoir
Eric von Stroheim et Pierre Fresnay dans La Grande Illusion (1937), de Jean Renoir.
Collection privée

La Marseillaise, film de Jean Renoir
Société de Production et d'Exploitation du Film La Marseillaise/ Album/ AKG-images
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Société de Production et d'Exploitation du Film La Marseillaise/ Album/ AKG-images
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Une affaire de rendez-vous manqué : entre la marquise et son bel aviateur, entre la contrainte sociale et la liberté amoureuse, entre le film et son public. Ce n'est pas la faute de Renoir (1894-1979), et l'on peut bien penser, avec Truffaut, qu'« aucun autre cinéaste n'a mis autant, et le meilleur[...]
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Après les succès de La Bête humaine (1938) et surtout de La Grande Illusion (1937), Jean Renoir (1894-1979) est au sommet de sa popularité. Compagnon de route du Parti communiste, il est déçu par le Front populaire et convaincu, après les accords de Munich, qu'une nouvelle guerre est inévitable.[...]
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[...]Jean Gabin ne dure que cinq – merveilleuses – années. Jusqu'en 1940, il tourne avec Duvivier La Belle Équipe (1936) et Pépé le Moko (1937) ; avec Renoir, Les Bas-Fonds (1937), La Grande Illusion (1937), La Bête humaine (1938) ; avec Marcel Carné, Le Quai des brumes (1938) et Le jour se lève[...] - Afficher les 11 références