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BOEHME JAKOB (1575-1624)

« L'essence de toutes les essences »

Son premier biographe, Franckenberg, qui fut son disciple et son confident, attache une grande importance à une expérience que Boehme aurait vécue en 1600 et qu'il a d'ailleurs évoquée lui-même dans une lettre. La vision d'un vase d'étain l'aurait, dit-il, brusquement conduit au « centre » vivant et lumineux de cet objet opaque ; il y aurait entrevu, de façon indicible, « la totalité du monde créé », tel qu'il la décrira plus tard, dans le De signatura rerum (1622), en termes inspirés de la pratique et de la théorie alchimiques. Homme tout « simple », il n'avait, dit-il, aucunement souhaité d'être ainsi introduit dans ce qu'il appelle le « mystère divin ». Il ne cherchait qu'à devenir toujours plus intimement uni au « cœur de Jésus-Christ », mais en même temps à se prémunir contre « la terrible colère de Dieu » et contre « les attaques du démon ». En un quart d'heure, il crut avoir appris des vérités plus hautes et plus profondes que tout ce qui s'enseigne dans les universités au cours de « longues années » d'étude. Loin de s'effrayer, il loua Dieu de lui avoir ainsi révélé ce « fond » (Grund) et ce « sans-fond » (Ungrund) qu'il appelle aussi « essence de toutes les essences », c'est-à-dire « la naissance de la sainte Trinité, l'origine et la situation primitive de ce monde et de toutes les créatures ». À la lumière de la « sagesse divine », le « monde sensible et visible » lui apparut comme le produit d'une lutte, toujours recommencée, entre deux autres mondes, l'un « divin, angélique ou paradisiaque », l'autre voué aux « ténèbres ». Devant cette révélation (encore partielle), il compare sa propre attitude (humilité, admiration et joie) à celle de Marie le jour de l'Annonciation.

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de Paris-I
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Maurice de GANDILLAC. BOEHME JAKOB (1575-1624) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BAADER FRANZ XAVER VON (1765-1841)

    • Écrit par Antoine FAIVRE
    • 852 mots

    Théosophe allemand, qu'il serait malaisé de classer dans un système ; aussi bien aucun parti politique ou philosophique allemand ne s'est-il jamais réclamé de lui. Catholique, Franz von Baader a passé presque toute sa vie à prêcher le rapprochement avec l'Église orthodoxe, mais les théologiens officiels...

  • HAHN MICHAEL (1758-1819)

    • Écrit par Antoine FAIVRE
    • 307 mots

    Piétiste souabe, intéressant non seulement pour son influence sociologique mais aussi pour l'intérêt théosophique de ses écrits (voir Joachim Trautwein, Die Theosophie Michael Hahns und ihre Quellen, Stuttgart, 1969). Son action, distincte de celle des frères moraves, occupe une place...

  • ILLUMINISME

    • Écrit par Étienne PERROT
    • 4 970 mots
    Plus que Paracelse et que Weigel, Jacob Boehme (1575-1624) apparaît comme le père des illuministes qui, presque tous, le lisent et se réclament de son parrainage. Les thèmes exposés par lui, en particulier dans le Mysterium magnum, seront exploités par les illuministes. Comme l'a fait remarquer A....
  • ŒTINGER FRIEDRICH CHRISTOPH (1702-1782)

    • Écrit par Antoine FAIVRE
    • 752 mots

    À son époque, Œtinger apparaît comme le père de la théosophie chrétienne en Souabe. Tempérament impressionnable (il a des contacts personnels dans le royaume des esprits), de très bonne heure pieux et mystique, il se nourrit d'abord de Malebranche, puis il découvre la Cabala denudata...

Voir aussi