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HADAMARD JACQUES (1865-1963)

Le mathématicien Jacques Hadamard (né à Versailles, mort à Paris) a eu une grande influence sur l'école française de mathématiques au début du siècle. S'il reste l'héritier de la grande tradition des analystes du xixe siècle dans ses travaux sur les fonctions analytiques, dont il tire de belles conséquences arithmétiques, il apparaît aussi comme un précurseur dans la théorie des équations aux dérivées partielles, dont il est un des fondateurs sous sa forme moderne.

Fonctions analytiques

Les premiers travaux d'Hadamard, à la faculté des sciences de Bordeaux, décrivent et classent les singularités du prolongement analytique de la somme d'une série entière :

à partir des propriétés de la suite (an) des coefficients de Taylor. Introduisant la notion de limite supérieure d'une suite qui se révèle essentielle dans toutes ces questions, il donne, dans un premier mémoire de 1888, l'expression :
du rayon de convergence R dans le cas général. En fait, cette expression figurait déjà dans le Cours d'analyse (chap. vi) de Cauchy en 1821, mais celui-ci ne disposait pas du formalisme nécessaire pour une définition explicite de la limite supérieure. Dans sa thèse de 1892, il obtient un critère pour qu'un point du cercle de convergence soit singulier et en tire aussitôt le théorème qui affirme que la série « lacunaire » :
où la suite des entiers λn est telle que λn+1n ≥ λ > 1, admet son cercle de convergence comme coupure, c'est-à-dire que tous les points de ce cercle sont singuliers. Introduisant les déterminants symétriques :
appelés traditionnellement déterminants d'Hadamard, il tire de l'étude des quantités :
l'expression du rayon de méromorphie de la série, c'est-à-dire le rayon du plus grand disque de centre O dans lequel il existe un prolongement méromorphe. Plus généralement, Hadamard définit, en liaison avec la croissance de la fonction, l'ordre d'un point singulier, puis l'ordre du cercle de convergence. Enfin, toujours à propos de la question des singularités, il faut mentionner le résultat de 1898 sur la « composition des singularités » : toute singularité de la série Σanbnzn est de la forme αβ, où α et β sont des singularités de Σanzn et de Σbnzn respectivement.

L'étude du genre des fonctions entières conduit Hadamard aux grands problèmes de la théorie des nombres. Dans un mémoire de 1896, il montre que la fonction zêta n'a pas de zéros sur la droite Re z = 1. Ce résultat lui permet d'obtenir la première démonstration complète du fameux théorème, conjecturé par Legendre, sur la distribution des nombres premiers : désignant par π (x) la quantité de nombres premiers inférieurs à x, on a :

ce résultat a été démontré à peu près simultanément par C. de La Vallée-Poussin selon une méthode un peu plus compliquée. La démonstration d'Hadamard à partir de la fonction zêta permet d'obtenir la distribution des nombres premiers dans une progression arithmétique quelconque.

Enfin le « théorème des trois cercles » affirme que si M(r) désigne le maximum du module d'une fonction analytique dans le disque |z| ≤ r, la fonction ln M(r) est convexe.

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Écrit par

  • : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Jean-Luc VERLEY. HADAMARD JACQUES (1865-1963) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DÉRIVÉES PARTIELLES (ÉQUATIONS AUX) - Théorie linéaire

    • Écrit par Martin ZERNER
    • 5 367 mots
    Les limitations du théorème de Cauchy-Kovalevskaïa ont été mises en lumière de façon particulièrement claire par Hadamard dans ses Leçons sur le problème de Cauchy (publiées à Yale en 1923 et à Paris en 1932). Elles portent sur trois points liés entre eux qui rendent le résultat inopérant...
  • MÉTHODE

    • Écrit par Jean LARGEAULT
    • 9 066 mots
    ...Poincaré, se moquant de la logistique, évoque les placements de père de famille, qui sont sûrs et ne rapportent que des dividendes négligeables. Poincaré, Hadamard s'intéressent de préférence à la psychologie de l'invention. L'idée qu'une entité artificielle – la prétendue méthode – s'interposerait...
  • NOMBRES (THÉORIE DES) - Théorie analytique

    • Écrit par Jean DIEUDONNÉ
    • 7 744 mots
    • 1 média
    Le théorème des nombres premiers établit (46) ; démontré d'abord en 1896 par J. Hadamard et C. de La Vallée-Poussin indépendamment, il a été par la suite amélioré par divers mathématiciens et l'on peut maintenant montrer que :
    c > 0 est une constante. Si l'hypothèse de Riemann...
  • WEIERSTRASS KARL THEODOR WILHELM (1815-1897)

    • Écrit par Michel HERVÉ
    • 2 229 mots
    En 1896, J. Hadamard montra que, si ρ est fini, g est un polynôme de degré ≤ ρ ; c'est donc une constante si ρ < 1 et, dans ce cas, la factorisation de f se réduit à :
    où A est une constante.

Voir aussi