ISRAËL

Nom officiel

État d'Israël (IL)

Chef de l'État

Isaac Herzog (depuis le 7 juillet 2021)

Chef du gouvernement

Naftali Bennett (depuis le 13 juin 2021)

Capitale (proclamée)

Jérusalem ; le statut de capitale n'est pas reconnu par la communauté internationale

Langues officielles

Arabe, hébreu

Unité monétaire

Shekel (ILS)

Population (estim.) 8 887 000 (2021)
Superficie 21 643 km²

La littérature

Trois ans à peine après la révélation à la face du monde de l'étendue du malheur qui a frappé le peuple juif, renaît un État indépendant (1948) qui, dix-neuf siècles après l'exil, rassemble les dispersés. Les écrivains de cette génération sont en majorité natifs du pays, membres de kibboutzim et du Palmah (unités de choc de l'armée), d'où leurs surnoms de « génération de la guerre d'Indépendance » ou de « génération du Palmah ».

Le roman dans l'histoire

Profondément intégrés à la vie du kibboutz, ces écrivains s'attachent à l'exaltation des valeurs collectives. Leurs héros, à la fois bâtisseurs et combattants, font délibérément le sacrifice de leur vie pour défendre leur idéal. Ils n'ont pratiquement pas d'existence en dehors du microcosme du kibboutz. Les auteurs les plus en renom sont Yigal Mossinsohn (1917-1994)]Gris comme un sac], Moshé Shamir (1921-2004)]Il s'en est allé par les champs, De ses propres mains], Nathan Shaham (1925-2018)]Toujours nous] ; Aharon Megged (1920-2016)]Vent des mers, Hedva et moi].  Yizhar (1916-2006) note cependant un certain désenchantement du kibboutz dans Ephraïm retourne à la luzerne. Ses romans les plus importants sont ceux où il livre des drames de conscience : Le Prisonnier de guerre et Les Jours de Tsiqlag. Le poète le plus marquant de la génération du Palmah est sans nul doute Haïm Gouri (1923-2018), avec Fleurs de feu et Rose des vents.

Les années qui suivent la création de l'État d'Israël font rapidement exploser les conceptions idéologiques qui prévalaient jusque-là. Les valeurs défendues par le kibboutz ne résistent pas à l'expansion rapide de la nouvelle société. Dès lors, les écrivains tentent de jeter d'autres bases pour une existence individuelle. Le « nous » fait place au « moi », le héros est remplacé par l'antihéros d'une autre réalité. C'est au travers de personnages historiques que Moshé Shamir (1921-2004) exprime la déception qu'il éprouve à l'égard d'un État dans lequel la corruption et la décadence sociale ne sont pas absentes (Un roi de chair et de sang, La Brebis du pauvre).

Les auteurs de cette génération découvrent, bien qu'avec recul, l'horreur de l'Holocauste. Dans leurs rencontres avec les rescapés des camps de la mort, ils prennent conscience de toute la portée de la tragédie : Six Ailes pour chacun, de Hanoch Bartov (né en 1926), Ni de maintenant, ni d'ici, de Yehouda Amihaï (1924-2000), L'Affaire chocolat de Haïm Gouri s'en font l'écho.

La littérature du génocide est au moins autant l'œuvre de témoins, de victimes dont la langue d'expression est une des langues occidentales (Primo Levi, André Schwartz-Bart, Élie Wiesel) que celle d'auteurs israéliens. Nombre de ces derniers, devant un drame aussi terrible, n'ont pu réagir que par le silence. Pourtant, les survivants commencent à écrire. Ainsi, Aharon Appelfeld (1932-2018) n'évoque pas, au moins au début, directement la Shoah, mais le temps d'avant et d'après la tragédie. Ses héros sont des Juifs assimilés, ignorant leur véritable identité, qui se trouvent en plein désarroi lorsqu'ils doivent affronter leur destin, ou des rescapés incapables de se libérer d'un passé qui les poursuit, tentant en vain de se forger une vie nouvelle (Fumée, La Vallée fertile, Givre sur la terre, Le Temps des prodiges, Badenheim 1939). Ce sont les mêmes thèmes que traite Yoram Kaniuk (1930-2013) dans Adam ressuscité.

Aharon Appelfeld

Aharon Appelfeld

Aharon Appelfeld

Absence de références à une époque historique, disparition des repères temporels : l'errance…

Avec le temps, le génocide du peuple juif commence à servir de toile de fond aux romans d'Aharon Appelfeld, qui deviennent plus autobiographiques. Ainsi, Histoire d'une vie (1999) nous livre quelques clés de son œuvre : son enfance, ses parents et grands-parents[...]

Pour nos abonnés, l'article se compose de 8 pages

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Marcel BAZIN : professeur à l'université de Reims-Champagne-Ardenne
  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • Claude KLEIN : professeur à la faculté de droit de l'université hébraïque de Jérusalem (Israël)
  • François LAFON : maître de conférences à l'université Paris-I
  • Lily PERLEMUTER : docteur en études hébraïques, maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales
  • Ariel SCHWEITZER : enseignant-chercheur, critique de cinéma

Classification

Pour citer cet article

Marcel BAZIN, E.U., Claude KLEIN, François LAFON, Lily PERLEMUTER, Ariel SCHWEITZER, « ISRAËL », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Israël : carte physique

Israël : carte physique

Israël : carte physique

Carte physique d'Israël.

Israël : drapeau

Israël : drapeau

Israël : drapeau

Israël (fin XIXe s. ; off. 1948). Le blanc et les bandes bleues évoquent un châle de prière (tallith…

Guerre de Six Jours, 1967

Guerre de Six Jours, 1967

Guerre de Six Jours, 1967

Le 10 juin 1967, la troisième guerre israélo-arabe, appelée guerre de Six Jours en raison de sa…

Autres références

  • INDÉPENDANCE D'ISRAËL PROCLAMATION DE L' (1948)

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 1 298 mots
    • 1 média

    Alors que le mandat britannique sur la Palestine doit expirer le lendemain, David Ben Gourion proclame, le 14 mai 1948 à Tel-Aviv, l'indépendance de l'État d'Israël. Celui-ci est aussitôt reconnu par les principales puissances mondiales qui, au sein de l'O.N.U., recherchaient[...]

  • ISRAËL, chronologie contemporaine

    • Écrit par Encyclopædia Universalis
  • ABBAS MAHMOUD (1935- )

    • Écrit par Aude SIGNOLES
    • 10 790 mots
    • 1 média

    Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas est né le 26 mars 1935 à Safed, ville de haute Galilée, aujourd'hui située à l'intérieur des frontières de l'État hébreu. Ses parents fuient la Palestine en 1948 durant la première guerre israélo-arabe. Réfugié à Damas, dans la [...]

  • ACCORDS DE WASHINGTON

    • Écrit par Christophe PÉRY
    • 1 345 mots
    • 1 média

    La fin de la guerre froide a modifié les données du conflit du Proche-Orient. Après la guerre du Golfe, les États-Unis poussent Israël à participer à une conférence de paix. Le retour au pouvoir des travaillistes israéliens, en 1992, facilite la conclusion des accords secrètement[...]

  • ACRE ou AKKA, anc. SAINT-JEAN-D'ACRE

    • Écrit par Robert MANTRAN
    • 1 841 mots

    Ville et port de Palestine, qui apparaît dans l'Ancien Testament sous le nom de ‘Acco et au temps des Ptolémées d'Égypte sous celui de Ptolemaïs, époque où elle connut une certaine prospérité. Conquise par les Arabes en 636, elle fut reconstruite peu après et son port réaménagé à la fin du[...]

  • AKABA ou AQABA GOLFE D'

    • Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
    • 2 281 mots
    • 1 média

    Bras de mer étroit (de 20 à 30 km) allongé sur 180 kilomètres, séparant l'Arabie de la presqu'île du Sinaï. Par sa structure, le golfe d'Akaba (ou ‘Aqaba) est un fossé d'effondrement profond (1 828 m maximum), prolongeant celui de la mer Rouge en changeant[...]

  • ALLON YIGAL (1918-1980)

    • Écrit par E.U.
    • 2 158 mots

    Militaire et homme politique israélien né le 10 octobre 1918 à Kefar-Thabor (Palestine, aujourd'hui en Israël), mort le 29 février 1980 à 'Afula (Israël).

    Yigal Allon, de son vrai nom Feikowitch, est l'un des premiers chefs du Palmakh, commando de la Haganah (organisation[...]

  • Afficher les 107 références

Voir aussi