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INSTINCT

Actes instinctifs et énergie interne

On peut admettre que chaque instinct comporte un mécanisme coordinateur au niveau des montages nerveux et qu'en l'absence de tout stimulus-clé, ce mécanisme emmagasine, un peu à la manière d'un condensateur, une énergie potentielle destinée à se libérer dans une activité utile à l'espèce. On voit immédiatement qu'une telle hypothèse permet un rapprochement fructueux entre les actes manifestes de l'instinct, d'une part, et les mécanismes neuro-endocriniens, d'autre part. De plus, l'exactitude de cette supposition peut être contrôlée, au niveau des actes mêmes, en étudiant les seuils de déclenchement, car il est logique de penser que le seuil aura tendance à s'abaisser lorsque l'énergie se sera accumulée sur une période prolongée.

Mais, pour comprendre ce problème, il convient d'examiner le modèle par lequel Lorenz a tenté, en 1950-1952, de représenter les interactions qui s'établissent entre les mécanismes internes d'accumulation de l'énergie et les stimulations externes susceptibles de libérer celle-ci. Ce « modèle hydromécanique », comme l'a appelé son auteur, est, de l'aveu même de celui-ci, une représentation grossière des mécanismes supposés, mais capable, telle quelle, d'en faire comprendre le fonctionnement de principe. Le modèle permet de comprendre que l'accumulation d'énergie interne et la stimulation externe agissent dans le même sens : la pression du liquide et la force exercée par le poids tendent en effet, l'une et l'autre, à ouvrir la valve V. Le mouvement instinctif est figuré par le jet du liquide qui s'échappe de l'orifice inférieur, son intensité pouvant être lue sur la graduation G. Si l'on place sous celle-ci un collecteur C à fond incliné percé d'une série de trous, les filets de liquide qui s'en échappent fournissent une échelle symbolique d'intensité de chaque action parcellaire d'une séquence consommatoire complexe. Les deux possibilités de manœuvre de la valve V illustrent ce que Lorenz a appelé la « méthode de quantification double » ; cela signifie que l'on ne peut déterminer l'efficacité d'un déclencheur que si l'on connaît le niveau de la motivation interne, et réciproquement. Pour estimer quelle fraction de l'intensité de la réponse observée doit être attribuée à l'accumulation de l'énergie spécifique, Lorenz préconise d'utiliser un stimulus de force maximale immédiatement après le premier essai : la seconde réponse indiquera la quantité d'énergie restante.

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Louvain, membre de l'Académie royale des sciences et de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, membre correspondant du Muséum national d'histoire naturelle de Paris

Classification

Pour citer cet article

Georges THINÈS. INSTINCT [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Organisation du comportement selon Tinbergen - crédits : Encyclopædia Universalis France

Organisation du comportement selon Tinbergen

Autres références

  • BEHAVIORISME

    • Écrit par Jean-François LE NY
    • 4 682 mots
    • 2 médias
    ...tard par les éthologistes de l'école «  objectiviste », qui, dans un contexte théorique quelque peu différent, l'appliqueront avec succès à l'étude des comportements instinctifs chez l'animal et, avec plus de risque théorique, à l'enfant ou à l'homme. Toutefois, ni Watson ni les behavioristes qui...
  • CONSTRUCTIONS ANIMALES

    • Écrit par Rémy CHAUVIN
    • 7 164 mots
    • 7 médias
    ...profondeur. On peut donc conclure que les fourmis ont un sens très fin des surfaces planes et de la moindre dépression qui peut s'y produire. Mais leur «  instinct de comblement » des cavités peut les entraîner à des aberrations bizarres. Si par exemple on entoure le dôme de rubans verticaux et concentriques...
  • ÉTHOLOGIE

    • Écrit par Odile PETIT
    • 2 528 mots
    • 2 médias
    ...entre différents courants théoriques. L'éthologie s'est cristallisée autour de la querelle de l'inné et de l'acquis, qui a stimulé soit les recherches sur l'instinct (concept considéré comme trop étroit rétrospectivement), qui se rattachent à l'éthologie dite objectiviste, soit les études sur l'apprentissage,...
  • FONDEMENTS DE L'ÉTHOLOGIE

    • Écrit par Raymond CAMPAN
    • 251 mots

    C'est par un débat contradictoire autour du concept d'instinct que l'éthologie – étude comparative du comportement animal – s'est constituée en science autonome. Elle est fondée sur les travaux de l'Autrichien Konrad Lorenz (1903-1989) et du Néerlandais Nikolaas...

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Voir aussi