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INDONÉSIE L'Indonésie contemporaine

Nom officiel

République d'Indonésie (ID)

    Chef de l'État et du gouvernement

    Joko Widodo (depuis le 20 octobre 2014)

      Capitale

      Jakarta

        Langue officielle

        Indonésien

          L'« ordre nouveau »

          Le groupe d'officiers qui a pris le pouvoir autour de Suharto s'emploie à consolider progressivement sa position. L'armée, l'aviation et la marine sont épurées. Une réforme (1969) de l'organisation des forces armées renforce le pouvoir central du ministère de la Défense. L'armée de terre y joue un rôle prépondérant. Créé en octobre 1965, le redoutable Kopkamtib (Commandement pour la restauration de la sécurité et de l'ordre), aux pouvoirs quasi illimités, est l'instrument de la chasse aux sorcières, puis de la répression de toute opposition. Au sein de l'armée, les rivaux – dont Nasution – sont écartés peu à peu.

          Le régime militaire abandonne rapidement la voie de la révolution : c'est le développement économique qui devient son objectif prioritaire et sa justification. Une équipe d'économistes formés aux États-Unis est chargée de définir une stratégie fondée, cette fois, sur l'aide et les investissements étrangers. L'Indonésie vire de bord : elle rentre à l'ONU, met fin à la confrontation et restitue à leurs propriétaires anglais et américains les biens saisis en 1964-1965. En politique intérieure, il s'agit de corriger les « déviations » attribuées à Sukarno et de mettre en place un système qui inspire confiance à l'Occident en garantissant l'ordre et la stabilité, maîtres mots du nouveau régime. Conservant le cadre constitutionnel de la démocratie dirigée, les généraux entendent bien ne pas rendre aux partis le rôle plus important que ceux-ci espéraient retrouver. Le pouvoir militaire n'hésite pas à intervenir si nécessaire dans les affaires d'un parti pour le doter d'une direction compréhensive. Affichant un grand respect de la Constitution et de la démocratie, l'ordre nouveau a promis des élections. Il fait adopter une législation qui lui garantit des assemblées dociles : 100 des 460 parlementaires sont nommés par le pouvoir ainsi que près de deux tiers de l'Assemblée du peuple, organe suprême de l'État. De toute façon, le processus électoral sera étroitement contrôlé. Pour les représenter aux élections générales de 1971 (les premières depuis 1955), les militaires choisissent de réactiver le Golkar, organisation de « groupes fonctionnels » créée en 1964 comme machine anticommuniste. Le Golkar adopte pour devise « Développement oui ! Politique non ! » et se déclare pour la « modernisation accélérée » et la « double fonction » des forces armées, théorie qui légitime le rôle politique assumé par les militaires. La campagne électorale se déroule dans un véritable climat de terreur pour les électeurs susceptibles de « mal » voter. Lourdement appuyé par l'appareil militaire et administratif, paré du prestige du pouvoir et doté d'importants moyens, le Golkar remporte une victoire sans surprise : 62,8 % des voix contre 7 % au PNI et 19 p. 100 au NU.

          Bien que l'armée ait désormais un rôle prépondérant et investisse l'appareil d'État, le régime se défend d'être une dictature militaire, invoquant notamment la présence au gouvernement de ministres civils (des technocrates ne représentant aucune famille politique). Mais, renforcé par le succès du premier test électoral, Suharto poursuit la restructuration par le haut du système politique. En 1973, les neuf partis existants sont regroupés, malgré leurs réticences, en deux formations : le Parti unité développement (Partai Persatuan Pembangunan ou PPP) où sont amalgamés les quatre partis musulmans, dont le Nahdatul Ulama (NU) qui, en 1971, a montré sa pugnacité politique et la solidité de son audience rurale à Java, et le Parti démocrate d'Indonésie (PDI) associant au PNI, très affaibli, les quatre partis restants (dont le protestant et le catholique). Les organisations de masse sont, elles aussi, « simplifiées[...]

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          Écrit par

          • : directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, Paris
          • : chargée de recherche au Centre d'études et de recherches internationales de la Fondation nationale des sciences politiques
          • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

          Classification

          Pour citer cet article

          Romain BERTRAND, Françoise CAYRAC-BLANCHARD et Universalis. INDONÉSIE - L'Indonésie contemporaine [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

          Médias

          Guerre dans l'océan Indien, 1941 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

          Guerre dans l'océan Indien, 1941

          Prisonniers de guerre néerlandais - crédits : Keystone/ Getty Images

          Prisonniers de guerre néerlandais

          Sukarno, 1945 - crédits : Express Newspapers/ Hulton Archive/ Getty Images

          Sukarno, 1945

          Autres références

          • INDONÉSIE, chronologie contemporaine

            • Écrit par Universalis
          • ANANTA TOER PRAMOEDYA (1925-2006)

            • Écrit par Etienne NAVEAU
            • 847 mots

            Romancier, essayiste et biographe, auteur d'une œuvre largement diffusée et traduite, Pramoedya Ananta Toer (dit Pram) est sans conteste la figure la plus marquante de la littérature indonésienne du xxe siècle. Né en 1925 à Blora, ville située sur la côte nord de Java, Pram prit part...

          • ANDERSON BENEDICT (1936-2015)

            • Écrit par Universalis
            • 1 202 mots

            L’historien et politologue irlandais Benedict Anderson tient une place importante dans l’historiographie anglo-saxonne pour ses travaux sur les origines du nationalisme.

            Benedict Richard O’Gorman Anderson est né le 26 août 1936 à Kunming, dans le sud de la Chine, où son père occupe un poste au Bureau...

          • ASEAN (Association of South East Asian Nations) ou ANSEA (Association des nations du Sud-Est asiatique)

            • Écrit par Anne-Marie LE GLOANNEC
            • 226 mots

            Organisation internationale fondée en août 1967 par l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines, Singapour et la Thaïlande pour remplacer l'Association de l'Asie du Sud-Est (A.S.A.), l'Association des nations du Sud-Est asiatique vise à coordonner l'action de gouvernements hostiles...

          • ASIE (Structure et milieu) - Géologie

            • Écrit par Louis DUBERTRET, Universalis, Guy MENNESSIER
            • 7 933 mots
            La structure des orogènes de l'Indonésie reflète un modèle commun, à savoir une disposition arquée réalisée à partir d'un foyer orogénique, comprenant un arc interne volcanisé et un arc externe non volcanisé affecté d'anomalies négatives de la pesanteur. Celles-ci se localisent actuellement le long...
          • Afficher les 90 références

          Voir aussi