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INDO-EUROPÉENS (archéologie)

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La mythologie comparée

Émile Benveniste - crédits : AFP

Émile Benveniste

L'effondrement du IIIe Reich portera un sérieux discrédit à la théorie nordique et, pendant le quart de siècle suivant, les études indo-européennes délaisseront la recherche du berceau originel. En outre, la méthode structuraliste avait dans le même temps permis d'ouvrir, avec les travaux d'Émile Benveniste et de Georges Dumézil, de nouvelles pistes, en se limitant strictement à l'étude des textes anciens. Benveniste, par la série d'articles réunis dans son Vocabulaire des institutions indo-européennes (1969), s'attachait à montrer des similitudes entre des faits de civilisation empruntés respectivement aux textes indiens, persans, grecs ou latins, tels l'organisation du système de parenté, beaucoup plus riche pour désigner la belle-famille de l'épouse (donc vraisemblablement patrilocal), les relations entre concret et abstrait, le lien entre la fonction royale et le droit (rex, le roi en latin ; Recht, le droit en allemand), et enfin la nette distinction entre hommes libres et esclaves. Mais ces faits généraux de civilisation concernent des sociétés très différentes les unes des autres, espacées dans le temps, et des textes récents. C'est pourquoi Benveniste ne risque aucune hypothèse sur la reconstitution d'une éventuelle société indo-européenne originelle.

Georges Dumézil, de son côté, dégageait une série d'homologies dans la structure de plusieurs mythologies anciennes, essentiellement celles de l'Inde, de l'Iran, de Rome et du monde germanique. Il arguait en particulier que les divinités principales s'y organisaient selon trois fonctions, respectivement la souveraineté (avec ses deux versants, magico-religieux d'une part, juridique de l'autre), la guerre et la production (dans tous ses aspects : reproduction, plaisir, travail, etc.). Cette structure se retrouvait également, sous une forme laïcisée, dans l'histoire des origines de Rome. En outre, des thèmes mythologiques de structure comparable pouvaient se retrouver, à chaque fois avec des adaptations locales, dans des régions très variées du domaine indo-européen, du Caucase à l'Irlande ou de Rome à la Scandinavie. Toutefois, au-delà de ces homologies structurales, Dumézil se gardait bien, la plupart du temps, d'en inférer des hypothèses sur la société indo-européenne primitive, encore moins sur son lieu de naissance. De plus, ces homologies ne rendent qu'imparfaitement compte de certaines mythologies indo-européennes importantes (grecque, hittite), tandis qu'on peut les rencontrer hors du domaine indo-européen (mythologie japonaise).

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France

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Pour citer cet article

Jean-Paul DEMOULE. INDO-EUROPÉENS (archéologie) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Émile Benveniste - crédits : AFP

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