HERCULANUM
- Article mis en ligne le
- Écrit par Nicolas MONTEIX
Herculanum à la veille de l’éruption
La population des dernières années de la ville nous est relativement bien connue grâce à un album, initialement affiché sur un des murs de la basilicaNoniana. Cette liste rassemblait les noms – et donc le statut civique – de plus de 1 200 habitants, dont 450 sont conservés. Ces incolae (habitants recensés), auxquels il faudrait ajouter les femmes, les enfants et les esclaves, donnent un aperçu de la société d’Herculanum. Près de 45 p. 100 d’entre eux sont d’origine servile, et ont obtenu la citoyenneté romaine après leur affranchissement. Surtout, cette liste met en évidence qu’un nombre important de personnes domiciliées à Herculanum était originaire des cités voisines (Pompéi, Pouzzoles, Naples, Nola, Capoue, etc.). Les données issues de l’analyse architecturale montrent un développement du nombre d’appartements, associé à une fragmentation des maisons, ce que l’on peut interpréter comme une augmentation de la population. Ces données sont corroborées par l’étude de documents épigraphiques découverts à Herculanum, comme plusieurs archives constituées de tablettes en bois recouvertes de cire. Outre le détail d’affaires ou de démarches juridiques – comme le cas de Lucius Venidius Eunychus qui cherche à obtenir une citoyenneté complète, ou celui de Petronia Iusta qui cherche à établir qu’elle est née libre et non esclave –, ces tablettes proposent systématiquement une liste de témoins. Le relativement faible recoupement entre les personnes mentionnées sur l’album – daté des années 60-70 – et celles présentes sur les tablettes – qui remontent aux années 55-75 – ne peut s’expliquer pour l’heure que par un apport extérieur de population.
Si la démographie semble montrer une mobilité des personnes à l’échelle régionale, économiquement, aucun des cinquante-quatre ateliers et boutiques n’autorise une activité dépassant le cadre local. On ne retrouve en ville que des activités banales. Une dizaine de commerces alimentaires – cauponae – permet de ravitailler les habitants disposant d’une cuisine dans leur habitation ou bien d’offrir des repas simples dans les restaurants pourvus ou non d’une salle pour accueillir la clientèle. Deux boulangeries permettent de fournir la base de l’alimentation : les céréales, sous forme de pains. Les activités textiles, si importantes à Pompéi, sont réduites au minimum, non pas en termes de variété, mais en fonction des capacités de production. Trois ateliers de lavage des toisons sont en fonction. La remarquable conservation du bois a permis notamment d’observer un métier à tisser installé dans le péristyle d’une maison modeste. Une seule foulerie est connue, tandis que les installations associées à la production de feutre ont été reconnues. Ce qui est plus notable, un atelier de parfumeur a été identifié, bien que sous une forme beaucoup plus réduite qu’à Pompéi. La presse à vis en bois servant à extraire l’huile des olives est encore conservée.
Loin d’être une ville de villégiature, Herculanum se présente à la veille de sa destruction complète par le Vésuve comme une petite cité, intégrée dans un espace régional. Seules les habitations du front de mer et la villa des Papyrus pouvaient être détachées de la ville et fonctionner de manière autonome.
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Écrit par
- Nicolas MONTEIX : maître de conférences à l'université de Rouen, ancien élève de l'École française de Rome
Classification
Pour citer cet article
Nicolas MONTEIX. HERCULANUM [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )
Article mis en ligne le
Médias
Herculanum
G. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images
Plan d'Herculanum
Encyclopædia Universalis France
Maison à la cloison de bois, Herculanum
C. Goupi/ Age Fotostock
Autres références
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DÉCRYPTAGE DES PAPYRUS D'HERCULANUM
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