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LIGETI GYÖRGY (1923-2006)

Héritage et tradition : la quadrature du cercle

Partir de Bartók pour aller vers..., voilà une volonté constituant l'originalité majeure de la musique de Ligeti qui, avec son Premier Quatuor à cordes, intitulé Métamorphoses nocturnes (1953-1954), démontre qu'il est à la fois le garant d'une tradition bartokienne et le catalyseur d'une future modernité qu'il reste toutefois à trouver.

À trente ans, György Ligeti a déjà beaucoup composé pour de petites formations instrumentales et pour la voix, mais il reste profondément insatisfait, comme un créateur de génie qui n'a pas encore inventé le langage auquel il aspire. « Il y eut – dit-il – une opposition intérieure qui consistait à s'intéresser à Stravinski, à Alban Berg, à étudier quelques partitions de Schönberg qui existaient mais qu'on ne pouvait entendre... À la fin, j'en vins à me dire : tout cela ne vaut pas la peine. Pourquoi devrais-je maintenant, avec vingt ou trente années de retard, suivre un style qui existe déjà, et est accompli ? » Déjà se dessinent très nettement dans l'esprit de Ligeti les prémisses d'une pensée musicale spécifique et la volonté de se forger une écriture qui, ne répétant a priori aucune école, ne s'assujettit à aucune d'entre elles de manière absolue.

Après le soulèvement de 1956 et son échec, date sombre pour l'histoire de la Hongrie, György Ligeti quitte son pays et s'installe en Allemagne occidentale pour s'initier aux techniques de composition qu'il ignore encore, en particulier celles de la musique sérielle. On lui doit ainsi une remarquable analyse de la première des trois Structures pour deux pianos de Pierre Boulez. Il a trente-trois ans, il travaille en compagnie de Karlheinz Stockhausen au studio de musique électronique de la radio de Cologne. Ligeti y réalise trois œuvres : Glissandi (1957), Artikulation (1958), et Pièce électronique no 3 (entamée en 1957 mais qui ne sera réalisée qu'en 1996).

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Pour citer cet article

Danielle COHEN-LÉVINAS. LIGETI GYÖRGY (1923-2006) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

György Ligeti - crédits : Erich Auerbach

György Ligeti

Autres références

  • ATMOSPHÈRES (G. Ligeti)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 284 mots

    Le 22 octobre 1961, Atmosphères est créé au festival de Donaueschingen. Cette œuvre de György Ligeti constitue l'acte de naissance de la musique dite statique, qui marque une mutation profonde – mais non pas l'abolition – de l'essence même du sérialisme et du postsérialisme, la discontinuité...

  • Atmosphères, LIGETI (György)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 746 mots
    Autrichien d'origine hongroise, Ligeti enseigne à l'Académie Franz-Liszt de Budapest jusqu'à sa fuite de Hongrie en 1956. Il a alors déjà beaucoup composé mais son isolement a fait obstacle à l'épanouissement de ses idées musicales. À Cologne et à Vienne, il découvre l'avant-garde. Son style s'affirme...
  • CONTINUITÉ, musique

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 525 mots

    En musique, la notion de continuité s'appuie sur deux visions du temps qui peuvent apparaître contradictoires : dynamique dans la musique dite occidentale, statique en ce qui concerne les musiques orientales.

    Mais ce paradoxe n'est qu'apparent puisque la continuité est avant tout recherche d'...

  • MICROPOLYPHONIE

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 206 mots

    Le terme « micropolyphonie » est lié à une technique d'écriture inventée par György Ligeti et que celui-ci utilisa pour la première fois dans Apparitions, pour grand orchestre, composé en 1958-1959 et créé le 19 juin 1960 à Cologne. Il s'applique, comme son nom l'indique, à une ...

  • MUSIQUE CONTEMPORAINE - L'évolution de la musique depuis 1945

    • Écrit par Michel CHION, Juliette GARRIGUES
    • 5 041 mots
    • 17 médias
    ...avec ses gestes larges et vigoureux, ne compromet pas, chez Xenakis, une composition minutieuse, attentive au moindre détail. Un peu plus tard, en 1958, György Ligeti, avec Apparitions  – pour orchestre –, propose une musique de sonorité en action, d'évolution « dans la masse », que l'on ne peut analyser...

Voir aussi